EDITO
TUNIS – UNIVERSNEWS – Le comportement des financiers et des hommes d’affaires tunisiens est marqué par l’attentisme, l’incompréhension et l’expectative, dans l’espoir de jours meilleurs, ce qui constitue, pour eux, une position inconfortable, en cette période de crise suffocante accentuée par des conditions mondiales difficiles, en l’absence de politiques étatiques en matière d’investissement. A cela s’ajoute la prédominance d’un discours politique basé sur les accusations de trahison et de complotisme, en plus de leur mise dans le camp des responsables des crises du pays.
Un nombre important d’entre eux ont été obligés de fuir hors de leur patrie. Et l’affaire ne s’arrête pas là car les structures qualifiées, en théorie, pour encadrer les industriels et commerçants ne répondent pas à l’appel et se sont calfeutrées dans un attentisme criminel et suspect, mettant les promoteurs, les industriels, les commerçants et les hommes d’affaires dans l’embarras, ce qui fait obstacle à leur mission première qui est celle de servir l’économie et l’essor du pays.
L’Union tunisienne de l’industrie, du commerce et de l’artisanat (UTICA) est dans un état de léthargie et de passivité sans précédent, à la lumière du refus de son président Samir Majoul de jouer son rôle après avoir choisi la politique de l’autruche et tiré la sonnette d’alarme d’une manière qui en a fait la risée et la moquerie, jusqu’à ce jour.
Certes, Majoul n’est pas dans une situation confortable, pour pouvoir frapper du poing sur la table, comme dans le passé, avec son mandat qui a expiré et son entêtement à ne pas vouloir organiser le congrès électif de l’UTICA. Toutefois, il doit comprendre que le fait d’enfouir la tête dans le sable, ne peut conduire qu’à l’étouffement et la mort de cette organisation prestigieuse, alors que le pays a plus que jamais besoin d’elle.
La Confédération des entreprises citoyennes de Tunisie (CONECT), seconde organisation patronale, est placée à la même enseigne. Son président Tarek Chérif était tombé dans le giron du mouvement islamiste Ennahdha, afin de profiter de ses alliances avec la Turquie et, surtout, le Qatar… des « amis » qui ne veulent pas du bien pour la Tunisie !!!
Tarek Chérif ne s’est soucié que du secteur de la boulangerie –qui, soit dit en passant, est infesté par la pieuvre islamiste- et a créé un réseau avec ceux qui y sont associés et qui sont parmi les acteurs de l’aggravation de la crise du pain que certains veulent utiliser pour aggraver encore la situation sociale dans l’espoir que cela aura des répercussions sur la conjoncture politique.
Depuis le 14 janvier 2011, ce segment des « faiseurs de richesse » a commencé à être ciblé et diabolisé, parallèlement avec l’effondrement de la classe moyenne et l’émergence de la classe des contrebandiers « Knatria », devenus les maîtres de la société tunisienne et les « décideurs » qui choisissent les parlementaires et les ministres, et dirigent les partis politiques qu’ils financent, du temps d’Ennahdha.
Grâce aux importations, surtout de Turquie, ils avaient instauré leur diktat et mis en faillite de nombreuses entreprises dans diverses spécialités, du textile à l’alimentation, en passant par les confiseries, le bois, le fer et autres. Les artisans et propriétaires de petites et moyennes entreprises ont mis la clé sous la porte, ce qui a grandement contribué à l’effondrement de l’économie nationale et envoyé des milliers de personnes au chômage.
Et de là, la situation a empiré et est devenue plus compliquée aujourd’hui, en l’absence de toute structure de défense des droits de ceux qui sont considérés comme les poumons de l’économie nationale.
MUSTAPHA MACHAT