Par Khélil LAJIMI
Ancien ministre
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Les chiffres n’augurent aucune reprise de la production industrielle qui n’a pas repris son dynamisme pour tirer la croissance
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Les industriels ont besoin de confiance et d’une stabilité de la fiscalité.
TUNIS – UNIVERSNEWS L’Institut National de la Statistique (INS) vient de publier les chiffres du commerce extérieur à fin mai. Les chiffres sont bons : des exportations qui progressent légèrement de + 3,3%, des importations qui reculent de 2,5% et un taux de couverture qui s’améliore de plus de 4 points à 80,7%. D’ailleurs ces résultats sont confirmés par les réserves en devises de Banque Centrale de Tunisie (BCT) qui se maintiennent à 108 jours d’importation. Ces mêmes réserves vont s’améliorer, avec le début de la saison touristique et les transferts des Tunisiens résidants à l’étranger (TRE), compte-tenu du dynamisme enregistré par ces deux postes depuis le début de l’année 2024.
Que disent les chiffres de l’INS ?
L’augmentation observée au niveau des exportations concerne essentiellement les exportations d’huiles d’olives de + 102% (2977,1 MD contre 1470,7 MD). La progression des exportations du secteur des industries mécaniques et électriques reste timide (+1,3%). Elle ne couvre même pas l’inflation ce qui veut dire que ces exportations baissent en volume. En revanche les exportations du secteur de mines, phosphates et dérivés ont baissé de (-31,1%) et celles des textiles, habillement et cuirs de (8,6%).
Du côté des importations la baisse (-2,5%) provient essentiellement, d’une part, de la baisse observée au niveau des importations des matières premières et demi-produits (-6,6%) (34% du total des importations) et, d’autre part, de la baisse aussi des importations des biens d’équipement (-0,2%).
Ces chiffres n’augurent aucune reprise de la production industrielle. On se rappelle de la croissance atone de 0,2% du premier trimestre 2024. Cette croissance a été tirée par la bonne récolte des olives (agriculture +1,6%) et les services (+1,9%). En revanche, l’industrie a reculé de 5% et la construction de 6,5%. En analysant de près les chiffres du commerce extérieur des cinq premiers mois de l’année 2024 on remarque que l’industrie n’a pas repris son dynamisme pour tirer la croissance.
On doit s’attendre encore à une croissance molle. L’agriculture, avec la relative bonne récolte céréalière, et le tourisme, avec les perspectives d’une bonne saison, apporteront certainement une contribution positive à la croissance.
Mais l’essentiel pour une vraie reprise d’une croissance solide, génératrice d’emplois durables, est le retour du dynamisme de l’outil industriel. Or, avec les chiffres des importations des biens d’équipements et des matières premières cela n’est pas encore le cas. Les industriels ont besoin de confiance et d’une stabilité de la fiscalité.