Par Mohamed Ben Khalifa
“-L’État devrait acheter au plus tôt des tests du coronavirus sûrs, coûtant moins de 13dt, et délivrant les résultats en moins de 15mn. Il aurait reçu des offres répondant à ces critères.
-Il devrait tester, d’abord, la population à risque puis, le maximum de personnes parce que 75% des personnes infectées ne présentent aucun symptôme et pourraient contaminer le reste de la population.
-Testés à temps, la majorité des malades pourraient se soigner chez eux au Plaquenil et zitromax sur ordonnance. Certains se remettront en seulement 5 jours !
– Penser à faire participer le maximum d’acteurs afin que cette opération générale de tests soit possible. Peut-être inclure les laboratoires privés.
– Cette démarche a été utilisée par la Corée du Sud qui n’a pas confiné sa population (très disciplinée !) et s’en sort avec un taux de mortalité inférieur à 1%. L’Allemagne suit le même chemin avec 500.000 tests par semaine.
-Nous avons les moyens de cette démarche : Les banques tunisiennes ont offert à l’État plus de 110 millions de dinars et l’Union Européenne vient, hier, de décider un don anti-corona de 250 millions d’euros. Un million de tests coûteraient moins de 4millions d’euros !
-Encadrer et aider la société civile afin que les aides qu’elle consent se fassent dans les meilleurs délais.”
Question bizarrement optimiste par les temps qui courent, n’est-ce pas ?
Certains posent d’autres questions :
Est-il vrai qu’on va rester, encore, confinés des mois durant ?
Combien d’entre nous vont mourir ? Les pessimistes parlent de dizaines de milliers. Ils se disent réalistes !
Rester à la maison et laisser s’écrouler l’économie, mourir par milliers…Est-ce une fatalité?
Loin de là ! Tout peut se remettre assez rapidement. Cela dépend de ce que vont faire l’État et la société civile.
Explications :
Tout d’abord, Il faut être modeste et reconnaître qu’il est toujours hasardeux de faire des prévisions en prétendant qu’ elles sont hautement fiables quand la situation est aussi compliquée. Mais faisons de notre mieux en donnant la parole aux connaisseurs et aux experts. J’ai cité le Professeur Raoult de Marseille et les chercheurs chinois et coréens qui l’ont inspiré car ce sont, d’abord, eux les instigateurs de la possible victoire contre le coronavirus. Rendons aux Asiatiques ce qui appartient aux Asiatiques.
Confiner : un moindre mal
Voyons, d’abord, ce que l’État tunisien a fait. L’État a confiné à outrance. Il a essayé, dans un premier temps, de ne pas paralyser le pays en exigeant la distanciation sociale uniquement. Mais, on le sait, cela n’a pas marché : les cérémonies de mariage, les mosquées, les cafés…ont fait fi de toutes les consignes de l’État et la pandémie s’est aggravée.
L’État a alors fermé les frontières et décidé le confinement. C’est le moindre mal, parce que mal il y a. Il est énorme le mal. La paralysie quasi-totale de l’économie avec un coût astronomique : perte d’emplois, faillites d’entreprises, aggravation de la misère…sont très envisageables.
Le mal touche aussi la santé : en confinant pêle-mêle, on augmente la promiscuité entre contaminés asymptomatiques et éléments sains dans une même famille. Si dans une famille on a un seul membre contaminé asymptomatique au début du confinement, à la fin de cette période, toute la famille pourrait être testée positive.
En l’absence de tests et de prise en charge précoce des malades, c’est toujours le moindre mal par rapport au non-confinement où 30.000 spectateurs d’un match pourraient être contaminés, par exemple.
Tester : endiguer le mal
Dans la vie, mieux vaut ne pas se mettre dans une position où l’on a le choix entre le mal et le moindre mal. Le mieux c’est d’avoir une solution qui éradique le mal. C’est ce vers quoi tend le cas de la Corée du Sud. Elle a testé à outrance et séparé les contaminés des personnes saines qui ont continué à vivre et travailler presque normalement. On a donné de la chloroquine et des antibiotiques aux malades et ils se sont mis à se rétablir.
La solution à tant de malheurs tient en ces deux phrases. La newsletter de l’Agence Tunis Afrique Presse d’aujourd’hui, nous rapporte que le taux de guérison en Corée du Sud du coronavirus est de plus de 50%.
“La Corée du Sud compte désormais plus de patients guéris que de personnes sous traitement pour la première fois depuis l’apparition du coronavirus dans ce pays.” précise la T.A.P. Donc, ça marche ; surtout quand on sait que le rétablissement du reste des malades devrait être une question de temps.
Pourquoi n’a-t-on pas évité le pire comme la Corée ?
“Le coût de l’analyse par personne pour détecter le virus corona dépasse les 700dt”. C’est ce que disait le ministre de la Santé au micro de Jawhara Fm le 9 mars. Dans cette période, l’hôpital Charles Nicole effectuait 60 analyses par jour ! C’est seulement il y a 48 heures qu’on lui joint l’Institut Pasteur et l’Hôpital militaire de Tunis. Ainsi, 3 laboratoires, seulement, sont habilités à le faire.
Sommes-nous tentés de croire que c’est à cause d’un problème de moyens que nous sommes confinés ? Est-ce que c’est parce que l’État n’avait pas de quoi dépenser quelques millions de dinars en tests qu’il va devoir payer quelques milliards de dinars en confinement ? Simples questions. Mais voyons plutôt l’avenir, notre sort. La Tunisie ne compte pas uniquement de jeunes ingénieurs géniaux ou des ouvrières courageuses. Il y a aussi de braves commerçants qui ne demandent qu’à aider leur pays, pourvu que leur pays se laisse aider.
Les tests, la chloroquine et l’argent sont là !
Tous les intervenants qu’on a contactés dans le cadre de ce travail d’enquête sont unanimes pour dire que les cadres du ministère de la Santé sont sur le pied de guerre et qu’ils travailleraient jour et nuit même. Mais voilà, peut-être qu’il faut quand même faire plus, ou autrement, parce que chaque jour qui passe, chaque heure ou minute (bientôt ? ) il y aura plus de morts.
Parce que, jusqu’à maintenant, des médecins et des infirmiers ne sont pas assez protégés pendant leur travail et tombent malades. Mais, il faut dire aussi que nous sommes dans une meilleure situation, et de loin, que nos amis italiens et espagnols. Certainement que les cadres du ministère de la Santé y sont pour quelque chose.
Tests : Pour quelques zestes de dollars
Encore une très belle nouvelle donc : deux commerçants tunisiens ont pu dénicher des tests fiables (certifiés par des instances internationales crédibles), rapides (résultat en 15 mn) et très bon marché. Une nouvelle et bonne information, peut-être pour nous les novices dans Le domaine de l’approvisionnement dans ce domaine. Pour le Ministère de la Santé, elle ne devrait pas l’être. Imaginez si l’on voulait vendre à un boulanger une baguette à 10dt, est-ce qu’il l’achèterait à 50 fois son prix ? Certainement pas ! Les boulangers font bien leur métier et connaissent le prix du pain !
Mais revenons à nos commerçants :
Le premier commerçant, M. Ryadh Zayen, qu’on a interviewé le 26 mars, propose un test français certifié par un organisme suisse. Son prix devrait être autour de 13d000. M. Zayen chercherait même des donateurs pour que ce produit vital ne coûte rien à son pays !
Le deuxième commerçant, M. Walid Ben Omrane, compte, quant à lui, proposer un test chinois qui serait certifié aussi par des instances internationales reconnues, à un prix avoisinant celui de son “concurrent”. M. Walid est prêt à donner les coordonnées de son fournisseur à l’Etat tunisien pour qu’il traite avec lui directement. “Je ne veux pas faire de bénéfices sur cette transaction. Je veux sauver des vies !” affirme-t-il. On est très loin des 700 dinars que ce test coûtait à l’État avant l’intervention de ces commerçants !
L’argent coule à flots
L’argent est lui aussi au rendez-vous. Les banques, pour ne parler que d’elles, ont donné à l’État plus de 110 millions de dinars. Un million de tests coûteraient moins de 13 millions de dinars ! L’État compte en importer 400.000. Il a finalement lancé, hier, une consultation. Espérons que le passage à l’acte, les commandes, seront vite passées. Le monde entier est demandeur, la rupture des stocks est à craindre. Cela serait bien de varier les fournisseurs pour assurer l’approvisionnement.
Contactés séparément, M. Zayen et M. Ben Omrane sont même contents de savoir qu’il y a d’autres fournisseurs qu’eux sur “le coup”. Ils ne se sentent plus concurrents : Tous partenaires pour sauver le pays. Pour se sauver. Un cocktail d’instinct de survie et de fibre nationaliste.
Société civile : Le cocktail amer-exquis
Instinct de survie, fibre nationaliste, dur labeur et génie…le voilà le cocktail concocté par la société civile, la potion magique qui sauverait du grand mal…et des maux à venir, peut-être ! De jeunes ingénieurs fabriquent des respirateurs pour une poignée de dinars et beaucoup de débrouillardise, d’autres passent des nuits blanches à fabriquer des dizaines de masques de protection pour le corps médical. D’autres encore tirent des imprimantes 3D des choses de survie, des dizaines d’ouvrières se confinent dans leur usine nuits et jours, délaissant familles et enfants, pour coudre les tenues qui protègeront le corps médical de la mort.
La Tunisie a été créative, productrice et exportatrice depuis les jarres d’huile d’olive d’avant le Christ, et les chéchias d’il y a plus d’un siècle en passant par les usines des bâtisseurs de la loi 72.
Il a suffi de quelques années de règne de la classe politique de l’après 14 janvier 2011 pour que tout ce monde se confine, part à la faillite, harassé par l’importation sauvage, l’économie parallèle, les grèves paralysantes, les impôts et charges sociales accablants, la lourdeur administrative. Quelque chose d’économiquement barbare a déferlé sur le pays !
Les revoilà…
Quelques jours d’autarcie, l’État qui desserre son étau et un appel au secours de leur Tunisie. Et les voilà de nouveau les bras volontaires, les têtes pensantes, les esprits créatifs ! En attendant que soient distribués les 100.000 bavettes certifiées, les 741.000 tenues étanches, les 1111 masques professionnels homologués que viennent de recevoir les dépôts du ministère de la Santé (Mosaïque Fm, info de 7h d’aujourd’hui ) comme cadeaux de la Chine, cela fait trois jours qu’un atelier de couture de Boumhel ne réussit toujours pas à récupérer 400m de tissu de Sousse d’un commerçant qui les offre gracieusement, afin que soit livré gratuitement, en blouses et autres, à un hôpital de Tunis où médecins et infirmiers font souvent face à la maladie le visage découvert et les mains nus. Les ouvrières savent coudre, les patrons savent donner mais ne savent pas comment faire pour avoir une autorisation afin de circuler par ces temps de confinement.
L’argent, la bonne volonté populaire, le savoir-faire et l’élan nationaliste sont là. Le Plaquenil : la petite boîte qui guérit est aussi disponible. Ne reste qu’une seule chose : l’État, juste l’État, ne doit rien laisser pour demain tout en aidant ceux qui veulent l’aider.
Ces bras qui donnent, ces esprits inventifs, cette autre production assurée par des ingénieurs qui ont apprivoisé le numérique, tout ce beau monde est à encadrer, structurer, financer. On voit peut-être jaillir les piliers de la nouvelle Tunisie de l’après-confinement. Pour peu que le monde change, afin d’obliger nos gouvernants à changer. Peut-être.
Mohamed Ben Khalifa