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Credo d’un Corona tunisien : En janvier, fais ce qui te plait !
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La preuve par le scanner, en attendant que le sang dise son mot…
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Le ministère de la Santé accepte la réalisation d’une étude pour vérifier la thèse du « pic de janvier ».
Les hommes par qui l’alerte arrive.
Ils sont très peu nombreux en Tunisie. Deux médecins ont osé nager à contre-courant dans les eaux infectées du coronavirus. Depuis Janvier, Docteur Mahmoud Saïdi d’El Hamma, n’a pas arrêté de le crier sur les murs et ailleurs : La Tunisie a vécu un pic d’épidémie en Janvier dernier. Mais Docteur Saïdi, qu’on devait interviewer hier, est aux abonnés absents. Heureusement que Docteur Friâa est là pour nous éclairer. Interview…
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Univers News : Docteur Friâa, qui êtes-vous ?
Ridha Friâa : A la base, je suis médecin généraliste. J’ai d’abord eu mon doctorat à la faculté de médecine de Tunis avant de me spécialiser, à Paris, en imagerie médicale. Cela fait 25 ans que je pratique ma spécialité au sein de mon centre d’imagerie médicale à Zarzis.
Et quelle découverte avez-vous faite en exerçant votre profession ?
R.F : Découverte ? C’est trop dire ! Disons que j’ai plutôt fait certaines constatations qui seraient lourdes de conséquences si elles venaient à être confortées par de plus amples recherches. J’avais remarqué que pendant les mois de janvier et février derniers, il y avait une grande affluence de malades souffrant de pathologies respiratoires inédites.
C’est du jamais vu : des patients arrivaient souffrant souvent d’une grande gêne respiratoire. Leurs scanners montraient des signes d’affection inhabituelles dont on ne pouvait rendre responsables des maladies, très familières pour moi, telles que la pneumonie, la bronchite ou la grippe H1N1.
Qu’est-ce qu’elles avaient de particulier ces scanners ?
R.F : Il y a eu plusieurs malades dont les deux poumons souffraient d’une inflammation aigue. Les tâches que révélaient les scanners sur les poumons étaient disparates et mal cernées contrairement aux autres maladies. Puis, la maladie traînait avec sa fièvre élevée, sa toux sèche… Je me rappelle qu’une malade avait mis deux mois pour en guérir. D’autres en sont carrément morts.
Ce sont donc ces signes qui vous ont conduit à revoir les dossiers de vos patients, trois mois après, pour vérifier si leurs symptômes, révélés par les scanners, correspondaient à ceux du coronavirus ?
R.F : Oui mais pas seulement cela. Ce qui m’a décidé aussi de le faire c’est le fait que, depuis mars, la courbe statistique de l’évolution de l’épidémie en Tunisie a toujours été fluctuante. On attend un pic [promis ?] qui ne vient pas et on a une évolution en dents de scie montrant une présence bénigne de la maladie en Tunisie.
Oui, mais le ministre de la Santé et beaucoup d’autres personnes affirment que ces bons résultats sont dus à la politique de confinement qui a été préconisée par l’Etat. Autrement, et c’est ce qu’on avait entendu dire, des centaines de milliers de personnes seraient peut-être mortes. Qu’en dites-vous ?
R.F : Je ne crois pas du tout. La France et l’Italie ont été plus disciplinées que nous en matière de confinement et voyez les monstrueux pics de mortalité qu’ils ont eus.
Et la Suède qui n’a pas du tout confiné en sort presque indemne !
R.F : Exactement ! Le fait que les scanners de certains de mes patients du mois de janvier et février montrent une similitude souvent parfaite avec les scanners effectuées sur des malades du Covid-19 actuels ; le fait que pendant cette période, on a remarqué, mes collègues de Djerba, Zarzis, Sfax, d’autres villes tunisiennes et moi, une grande affluence de patients et un débordement même des services de réanimation de loin supérieurs à ce que nous voyons maintenant, sont des facteurs qui devraient nous pousser à croire que le coronavirus était bien présent depuis plusieurs mois en Tunisie, que son pic était en janvier (mois de la plus grande affluence des patients) et qu’actuellement, les risques de contagion sont minimes puisque la majorité devrait être immunisée.
Vous n’êtes pas très affirmatif dans vos propos. Est-ce que cela voudrait dire que les scanners ne sont pas aussi fiables que les tests sanguins rapides (sérologiques) pour révéler la contamination la présence du Covid-19 ?
R.F : Non, l’échographie est fiable à 98% pour déceler le Covid-19. C’est un pourcentage plus important que la majorité des tests utilisés pour diagnostiquer cette maladie.
Qu’est-ce que vous attendez alors pour donner l’alerte, chaque jour de confinement coûte aux personnes et à la Nation des pertes et des souffrances énormes, sans parler des risques de faillite générale de l’économie ? On sait que cela fait plusieurs jours que vous avez fait part de votre découverte au pays par le biais de la presse, on sait aussi que, bien avant vous et depuis le mois de Janvier, un certain Docteur Mahmoud Saïdi, médecin généraliste à El Hamma n’a pas arrêté de soutenir la même thèse. Si vos affirmations sont valables, cela voudra dire qu’il y a de fortes chances que la majorité de la population tunisienne soit immunisée au COVID-19 et qu’on n’aurait jamais dû décider le confinement. Vous en pensez quoi ?
R.F : Oui, c’est ce que je pense. Mais, pour être encore plus sûr, j’aurais aimé disposer de tests sérologiques pour tester le sang de mes patients dont le scanner avait révélé des signes de contamination par le COVID-19. Or, ces tests sont la propriété exclusive de l’Etat. Pourtant, c’est le seul moyen irréfutable qui pourrait montrer le bien-fondé de mes dires. Si ces tests venaient à montrer la présence d’anticorps au coronavirus, cela veut dire que ce virus était bel et bien passé par là en Janvier.
A propos d’Etat, on remarque que le ministère de la Santé continue à se comporter comme si elle n’existait pas cette hypothèse, fort probable, qui dit que la population tunisienne est immunisée. Il y a toujours ce discours alarmiste qui accompagne le déconfinement partiel et qui devrait être, probablement, général et immédiat avec le port de masque en public par mesure de sécurité. Pourtant, ce que vous dites ne peut passer inaperçu surtout pour les gens qui ont la responsabilité des choses publiques. L’Etat, vous a-t-il contacté ?
R.F : Je viens d’être contacté par la chef du Service de l’hôpital de Bab Saâdoun. Elle m’a révélé que le ministère de la Santé était pour la réalisation d’une étude qui devra vérifier l’hypothèse du « pic de janvier ». Même que les autorités ne verraient aucun inconvénient à nous procurer les tests sérologiques qui devraient confirmer ou infirmer cela. Les radiologues de la médecine privée et des hôpitaux devraient donc collaborer ensemble afin d’élucider tout cela.
Et cela prendra combien de temps, sachant que chaque jour nous coûte des milliards de millimes de pertes, des centaines de nouveaux chômeurs, des divorces…
R.F : Il va falloir sélectionner les médecins qui trieront les scanners de leurs patients des mois de Janvier et février. Les patients, dont les scanners montrent des signes identiques à ceux du coronavirus, devraient être convoqués et testés aux tests sérologiques. Si un nombre important de patients, repartis sur toute la République, montre l’existence d’anticorps au coronavirus, alors on peut très bien concevoir que la population est peut-être dans sa majorité immunisée au COVID-19 et prendre les décisions qui en découlent.
Et cela devrait prendre combien de temps ?
R.F : Trois semaines. »
Enorme ! L’Etat, avec les moyens qu’il a, pourrait peut-être arriver à ces résultats beaucoup plus rapidement en mobilisant médias, médecins hospitaliers, police s’il le faut et autorités locales. Il y va de la survie d’une Nation. Encore un test pour l’efficience de l’Etat. Espérons qu’il n’échouera pas…encore !
Mohamed BEN KHALIFA