TUNIS – UNIVERSNEWS – Le spécialiste en risques financiers, Mourad Hattab a expliqué que le ministère des Finances compte encore sur l’endettement, notamment la dette intérieure, en dépit des réalisations du pays en 2023, notamment en termes de réduction du déficit de la balance du commerce extérieur, lequel s’est réduit à 3,5 milliards de dinars, soit l’équivalent de 2,2 % du PIB, à fin septembre 2023, selon les données de la BCT.
«Même si le pouvoir politique à réussi à imposer un certain nombre d’options financières qui ont réduit le déficit des finances publiques et contribuer à combler le déficit budgétaire, le ministère de tutelle recourt encore à des mécanismes de financement qui épuisent les ressources budgétaires, dont l’emprunt obligataire national lancé en 2023, a-t-il ajouté.
Le ministère de Finances a ouvert, lundi, la souscription à la 4ème tranche de l’emprunt obligataire national au titre de l’année 2023, suivant ses objectifs pour mobiliser 700 millions de dinars. L’objectif est de fournir un financement au budget de l’État qui fait face à des difficultés pour accéder aux financements extérieurs de 2,8 milliards de dinars. Pour Hattab, cette situation aggrave l’endettement, dont le cout en cas de recours au système financier, s’élève à 10%.
Il a affirmé que le recours de l’État au système financier pour financer le budget, prive le secteur privé des financements nécessaires pour soutenir ses investissements, dans un contexte où le Chef de l’Etat, Kaïs Saïed, appelle à l’autonomie et au renouvellement des méthodes de financements, en soutenant le capital national et en encourageant les initiatives privées, notamment des jeunes.
Hattab a évoqué l’existence de facteurs qui permettent de combler définitivement le déficit budgétaire comme la réforme de la fiscalité, la rationalisation des avantages fiscaux, le recouvrement des créances fiscales constatées, en plus de l’intégration du secteur parallèle.
Il ajoute que le montant de 700 millions de dinars qui devrait être mobilisé grâce à la quatrième souscription, est consacré au financement du budget, ce qui signifie que cette ressource ne sera pas destinée au développement ou à l’investissement.
Hattab a souligné que le système financier a largement donné ses fruits, au détriment de l’État et de ses besoins en liquidité dans le cadre de la consécration d’un arsenal juridique, notamment la loi sur l’indépendance de la Banque centrale, qui a contribué dans une large mesure à ce que la dette intérieure actuelle atteigne 42 % du PIB à la fin de 2022.
Il a mis en garde contre l’épuisement continu des ressources budgétaires de l’État au cours de la prochaine année, conformément au projet de loi de finances 2024, en se basant sur de telles approches en intensifiant le recours aux emprunts.
Selon l’expert, les ressources d’emprunts intérieurs totaliseront, l’année prochaine, 11,7 milliards de dinars, dont 2,9 milliards de dinars au titre de l’emprunt obligataire national, ce qui coûtera aux contribuables 4,3 milliards de dinars en intérêts, soit une augmentation de 17,4 % par rapport à l’année en cours.
Et de conclure : »la situation difficile que traverse la Tunisie est essentiellement expliquée par le fait que les prêts contractés auprès du marché intérieur ne sont pas destinés à l’investissement ou l’infrastructure, malgré le besoin impérieux du pays dans ces domaines.