Une annonce vient d’être faite concernant un accord de principe en vue d’une fusion entre Nidaa Tounes, la faction majoritaire présidée par Selma Elloumi, et Machrou Tounes, présidé par Mohsen Marzouk.
D’autres bruits courent à propos d’une éventuelle réunification des différentes composantes de ce qu’on appelle le « Nidaa historique » afin de reformer un front électoral en vue des prochaines échéances de fin d’année 2019.
Or, que reste t-il du prétendu Nidaa historique ? En effet, ce parti, avait réussi en 2014, à fédérer une grande majorité de Tunisiennes et de Tunisiens autour d’un projet de société progressiste, moderniste faisant restaurer l’autorité et le prestige de l’Etat de droit et des institutions et bannissant toute alliance avec l’Islam politique avec les risques d’un retour aux pratiques moyenâgeuses.
Que reste t-il de ce parti, porté au pouvoir après avoir raflé la présidence de la République, la présidence de l’Assemblée des représentants du peuple (ARP) et le droit de former un gouvernement suite à une victoire relative aux législatives avec 17 sièges d’avance sur le mouvement islamiste d’Ennahdha ?
La réponse est cinglante et négative. Rien ! La faute incomberait, selon les analystes, principalement, au fondateur du parti qui, après s’être assuré de son entrée au Palais de Carthage, a voulu tirer les ficelles du jeu en commençant par une prétendue coexistence avec Ennahdha qui n’attendait que cela pour le submerger, petit à petit et finir par imposer sa loi et son diktat. Et d’un !
Béji Caïd Essebsi a tout fait pour miner Nidaa de l’intérieur en prenant parti en faveur de son fiston et en l’imposant à tous alors que de l’avis unanime, Hafedh Caïd Essebsi n’a ni l’étoffe ni la capacité d’être leader puisqu’il est incapable de tenir un débat, de prononcer une allocution ou encore de faire une simple déclaration cohérente. Et de deux !
Cet entêtement a valu à Nidaa une désertion totale de tous ses barons, sachant qu’à peine une dizaine de député se trouveraient encore collés à HCE. Mais malgré cette situation catastrophique et en dépit d’un isolement dramatique, BCE continue à soutenir, « mordicus », son fils
Or, il est étonnant que certains observateurs continuent à croire que BCE est capable de lancer une nouvelle initiative pour réunifier les composantes « du Nidaa historique », oubliant ou faisant semblant d’oublier que ces composantes n’accepteraient plus aucun rôle de Hafedh Caïd Essebsi à cause de tout le mal qu’il a fait à ce Nidaa historique.
Comment peut-on parler, aussi, du Nidaa historique alors que le plus grand nombre de dissidents se retrouvent au sein du nouveau parti de Youssef Chahed, chef du gouvernement, qui a toujours accusé HCE d’être à l’origine de « l’anéantissement de Nidaa » ?
D’autre part, des bruits persistants dans les coulisses évoquent des dissensions sérieuses au sein de Tahya Tounès, déjà divisé en trois tendances. De là à parler d’un parti « mort-né », il n’y a qu’un pas que certaines mauvaises langues n’ont pas hésité à franchir allègrement !
C’est dire qu’on bouge trop et on s’active à gauche et à droite pour se placer et se positionner, juste, en vue des prochaines échéances électorales faisant fi des programmes et des projets crédibles pour faire sortir le pays du marasme socioéconomique dans lequel il se débat depuis cinq ans et plus.
Les Tunisiens veulent un parti qui répond à leurs aspirations et à leurs attentes pour un avenir meilleur, un parti qui a un programme pour améliorer leur pouvoir d’achat et pour sauver la patrie, et non pas de simples pseudo-leaders qui ne cherchent que leurs intérêts personnels et étroits en vue d’occuper des postes de décision.
Les Tunisiennes et les Tunisiens veulent entendre un discours soucieux de leur procurer confiance et capacité en un avenir meilleur et en une vision claire, un discours qui leur dit la vérité en face et leur présente une véritable feuille de route sur la longue haleine quant au diagnostic actuel et aux solutions crédibles et réalistes susceptibles de les sortir de l’impasse, même si c’est sur le long terme.
L’essentiel, c’est de tenir aux Tunisiennes et Tunisiens un langage de vérité, de franchise, de sincérité et de transparence loin des annonces ponctuelles sans le moindre impact sur les réelles difficultés. La Tunisie n’a pas besoin d’un « oiseau rare » pour occuper le Palais de Carthage, mais d’un « oiseau rare » d’un autre genre, à savoir un projet lancé par des personnes patriotes qui ont pour unique souci, un avenir meilleur pour les Tunisiennes et les Tunisiens, qui défendent le drapeau de la Tunisie et non pas celui de simples « patentes » partisanes.
Noureddine HLAOUI