C’est la nouvelle pièce théâtrale « Rassael al horriya » (Messages de liberté) sur un texte d’Ezzeddine Madani et une mise en scène de Hafedh Khlifa qui a ouvert hier soir la 55è édition du festival international de Hammamet. Une évocation succulente de faits puisés de l’histoire de la Tunisie qui ne sont pas sans verser dans les réalités sociopolitiques de la Tunisie d’aujourd’hui.
Durant plus d’une heure et demie, les nombreux spectateurs qui avaient rempli les gradins du théâtre de plein air de Hammamet avaient vécu aux rythmes de bouleversements multiples que racontaient la pièce. Cette dernière est inspirée d’époques de l’histoire de la Tunisie particulièrement à l’ère du règne des Aghlabides.
Des tensions et des remous qui ont amené le peuple à se révolter pour acquérir sa liberté. Mais cette révolution s’avèrera superflue, étant donné que le « sauveur » fortement attendu, le « Mehdi Montadhar » montrera un visage de tyran sans merci contre ceux qui critiquent sa politique. La révolution est une partie perdue par le peuple.
Le passé semble ici éclairer le présent, car les sociétés arabo musulmanes n’ont pas une expérience suffisante en matière de démocratie. Et dans cette pièce, aussi bien son auteur Ezzeddine Madani reste fidèle au genre historique qui a caractérisé son œuvre théâtrale qui raconte en fait des faits d’aujourd’hui, que son metteur en scène Hafedh Khlifa continue d’explorer le théâtre épique.
Pour cela, il le fait savoir à travers sa conception de cette mise en scène qui exploite toute la scène et même son fond et ses deux côtés lointains. Cela pour ajouter plus de faste et donner plus d’allure aux événements racontés.
Le jeu devient ainsi plus captivant. Les costumes des comédiens et comédiennes retiennent l’attention avec cette fidélité aux caractéristiques des accoutrements d’époque. Les comédiens, avec leurs voix vives et fortes, ont bien servi le texte écrit en arabe littéraire. Nous étions plongés au coeur même des événements qui renvoyaient également à l’aujourd’hui et par entendement.
Les chants religieux où Lotfi Bouchnak y prête la voix y sont majestueux. Et tout au long de cette pièce, les événements d’hier semblaient coller à ceux d’aujourd’hui. La tyrannie n’avait plus de limites et les promesses étaient non tenues.
« Rassael al horriya » vient-elle titiller les esprits sur des phénomènes politiques vécus par la Tunisie à travers son histoire et qui viennent se prolonger, voire se renouveler de nos jours.
L.B.K.