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Le peuple veut savoir où va Kaïs Saïed ?
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Que va-t-il faire pour résoudre la crise socioéconomique et financière ?
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Jusqu’à quand va-t-il ignorer les « recommandations provenant de l’étranger, notamment celles des Sept Grands » ?
Le président Kaïs Saïed semble croire qu’en répétant l’idée de ne jamais retourner en arrière, que les choses sont devenues claires et qu’il peut continuer la gestion des affaires du pays via des chargés de direction de départements ministériels.
En tous les cas, il l’a dit publiquement, qu’il n’y a pas besoin d’un gouvernement dans le sens habituel du terme. C’est à croire qu’il veut faire durer le statu-quo né de l’action du 25 juillet 2021, surtout que ceci lui permet de gouverner, sans partage aucun, la Tunisie, un pouvoir qu’il se délecte d’avoir à travers les audiences qu’il accorde à ses hôtes au Palais de Carthage ou lors de ses « descentes » inopinées.
En effet, six semaines après le coup d’éclat du 25 juillet après des manifestations « synchronisées », Kaïs Saïed s’est emparé des pleins pouvoirs en « tordant le cou » à l’article 80 de la Constitution, selon des spécialistes en droit constitutionnel et autres juristes.
D’ailleurs, le président de la République, censé rassembler, unifier et représenter tous les Tunisiens, use systématiquement de la formule : « eux et moi » !…
Au départ, en disant, eux, tout le monde a applaudi parce qu’on croyait qu’il visait les « khouenjiya », mais au fil des temps, on a compris qu’il visait, pêle-mêle, les corrompus, les comploteurs, les spéculateurs, et autres hors-la-loi, sans jamais nommer quiconque, même s’il fait des insinuations qui ne font qu’augmenter les énigmes et le flou…!!!
Enigme et flou, sont, désormais, les deux mots-clés marquant ses actions depuis plus de quarante jours. Qu’on en juge : des descentes et des entrées, parfois « par effraction », dans des locaux privés et publics, des interdictions de voyages sans discernement et sans justification, des assignations à résidence surveillée sans décision judiciaire…
Des nominations, des limogeage, des audiences presque quotidiennes avec le même rituel consistant à faire le « maître-seigneur » infaillible face à ses vis-vis qui se prêtent curieusement à ce jeu humiliant dans la mesure où ils se contentent de hocher la tête sans prononcer le moindre mot comme s’ils étaient de simples « sujets » et non des citoyens à part entière…
En ces mêmes moments, Saïed n’accorde aucune importance aux appels répétés pour présenter au peuple son agenda pour l’avenir de la Tunisie : Le peuple veut du concret et des décisions ainsi que, du moins, une vision des grandes lignes à suivre pour sortir le pays de l’impasse.
Car, en définitive, le peuple veut savoir où il va et ne pas placer son devenir et son sort entre les mains d’une seule personne dont on ne sait rien encore sur les vraies capacités de gestion et sur le projet à mettre en œuvre.
Que va-t-il faire après le gel des activités du parlement, outragement dominé par les khouenjiya d’Ennahdha et d’al-karama et qui, en aucun, cas ne doit revoir le jour sous son ancienne forme suite aux multiples torts et préjudices qu’il a causés à la Tunisie et aux Tunisiens ?
Que va-t-il faire pour résoudre la crise socioéconomique et financière. Que va-t-il faire face aux instances financières internationales dont principalement le Fonds monétaire international ? Va-t-il nommer un chef de gouvernement compétent, même si selon ses convictions, il ne croit pas à l’importance des compétences ?
En tous les cas, on n’a enregistré aucune audience avec le moindre expert économique, à part celle accordée à Marouane El Abassi, Gouverneur de la Banque Centrale de Tunisie qu’il a traité comme n’importe quel autre hôte avec sa tirade monotone et monocorde.
Jusqu’à quand va durer ce provisoire qui s’installe ? Va-t-il opter pour la mise en place d’une nouvelle constitution ? Jusqu’à quand va-t-il gouverner par décrets ? Jusqu’à quand il va se comporter en tant que le seul qui comprend tout en tout alors « qu’eux ne comprennent rien » ?
Jusqu’à quand va-t-il ignorer les « recommandations provenant de l’étranger, notamment celles des Sept Grands » ?
Autant de questions et bien d’autres qui font persister le flou toal et prouvent que Kaïs Saïed constitue une énigme à élucider…
Noureddine HLAOUI