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Un pas vers l’internationalisation du dossier des assassinats des deux martyrs Belaïd et Brahmi
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3 chaînes TV tunisiennes, dont Al Wataniya 1, ont refusé de diffuser le documentaire
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Les documents « top secret » ont toujours la forme telle que présentée par le Comité de défense
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Lotfi Ben Jeddou avait promis de faire toute la lumière sur le document disparu des Américains avant l’assassinat de Mohamed Brahmi
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Et si Mehdi Jomâa disait toute la vérité sur le maintien de Ben Jeddou dans son gouvernement de technocrates après une formidable pression d’Ennahdha et de Ghannouchi
A coups de bandes annonces et de spots des internautes sur Facebook, les Tunisiens étaient très nombreux, hier, pour regarder la chaîne saoudienne, basée aux Emirats Arabes Unies, Al Arabiya, qui a diffusé le fameux documentaire sur l’appareil sécuritaire secret d’Ennahdha.
Le reportage était bien fait aussi bien au niveau de la présentation que de celle mise en scène et, surtout, concernant la profusion de données et de révélations sur les tenants et les aboutissants de cet appareil.
Tout y passait : l’implication des bandits des Ligues dites de protection de la révolution, le laxisme observé vis-à-vis des extrémistes intégristes doublés de terroristes avec pour chefs de file, Abou Iyadh, Abou Bakr El Hakim qui multipliaient les attentats et les assassinats politiques sans oublier le triste épisode de l’attaque contre l’ambassade américaine aux Berges du lac de Tunis.
Et dire qu’Abou Iyadh a été « autorisé » à prendre la fuite par Ali Laârayedh, alors ministre de l’Intérieur, qui avoue ce fait arguant que cela était l’avis, également, des directeurs du ministère, ce qu’avait démenti en direct sur antenne, à l’époque, Taoufik Dimassi, alors directeur général des services communs au département de l’Intérieur.
Après avoir bien expliqué l’atmosphère dans laquelle ont été perpétrés les deux assassinats des deux martyrs, Chokri Belaïd et Mohamed Brahmi, le reportage-documentaire passe à l’épisode de la « Chambre noire », dont le ministère de l’Intérieur a caché et nié l’existence, quatre ans durant.
Ensuite ; place a été cédée aux documents compromettants laissant apparaître le rôle de Mustapha Khedher, de Barouni et, surtout, de Abdelaziz Daghzeni, gendre du frère de Rached Ghannouchi, et apparemment, le vrai chef de l’appareil, sachant que le Comité de défense « va jusqu’à accuser Rached Ghannouchi d’en être le chef réel de l’appareil ».
Le documentaire fait ressortir les différents documents prouvant que « le ministère public fait tout pour entraver l’avancement des différentes enquêtes, d’où les plaintes déposées contre lui par le Comité de défense depuis qu’il était juge d’instruction du Bureau 13 chargé du dossier des deux assassinats.
Ce documentaire, même s’il ne divulgue pas de nouvelles données pour les Tunisiens avertis, a eu le mérite d’en permettre une connaissance auprès du large public à l’intérieur du pays et dans les différents pays arabes, ce qui constitue un premier pas vers « l’internationalisation de l’affaire de l’appareil sécuritaire secret » promise par le Comité de défense des deux martyrs.
Si on y ajoute la diffusion de nouveaux documents hautement compromettants, on comprend mieux la détermination des membres du Comité de défense d’aller jusqu’au bout de leurs intentions de tout dévoiler grâce à ce qu’il appelle « une enquête populaire ».
C’est dans ce contexte que le Comité de défense des deux martyrs a rendu public sur Internet, un document sous forme de correspondance, en date du 7 mars 2015, adressée par le chef de zone du Bardo au directeur général de la Sûreté nationale l’informant de l’existence de données quant à l’imminence d’une attaque terroriste contre le siège de l’ARP ou le musée du Bardo.
Le Comité ajoute « qu’il va continuer à publier d’autres documents jusqu’à ce que le ministère public se décide d’ouvrir une enquête ou de classer l’affaire concernant l’appareil sécuritaire secret d’Ennahdha».
Bien entendu, le ministère a démenti, ce matin du samedi 28 septembre 2019, l’authenticité de cette correspondance. Mais tout le monde sait qu’on ne peut authentifier un document confidentiel « top secret » et les experts sont unanimes à attester que les correspondances « top secret » sont présentés sous cette forme. C’est dire qu’au lieu de démentir, il aurait mieux valu annoncer l’ouverture d’une enquête sur ledit document.
Et tout le monde sait aussi qu’avant l’assassinat de Mohamed Brahmi, une correspondance « américaine » au ministère de l’Intérieur l’avait averti de la menace d’un pareil attentat, mais la correspondance avait été camouflée.
Et l’on se rappelle bien que le ministre de l’Intérieur, à l’époque, Lotfi Ben Jeddou avait reconnu l’existence d’un tel document (il ne pouvait faire autrement puisque ce sont les Américains qui l’avaient révélé) et avait même promis « une enquête sérieuse et que tout responsable qui serait mis en cause, serait sanctionné, y compris lui-même… ».
En tout état de cause, avec cette évolution, rien ne sera plus comme avant dans le sens l’espoir est permis de voir la prochaine équipe gouvernementale d’après les élections en cours prendre les choses sérieusement en main afin de classer les affaires « vides » et de faire déférer les dossiers étayés.
Et l’on ne rappellera jamais assez que le mouvement islamiste d’Ennahdha et son chef, Rached Ghannouchi, en personne, avaient mis une grosse pression sur Mehdi Jomâa pour garder Lotfi Ben Jeddou au poste de ministre de l’Intérieur. Ce qui fur fait. Pourquoi ? Normalement, M. Jomâa est obligé de dire aux Tunisiennes et Tunisiens toute la vérité sur les raisons du maintien de M. Ben Jeddou, sachant que tout le gouvernement de technocrates était menacé de ne pas voir le jour si l’exigence d’Ennahdha n’était pas satisfaite !…
On ne peut terminer sans regretter le refus par trois chaînes de télévision tunisiennes, dont celle d’Al Wataniya 1, de diffuser le documentaire en question. D’où le recours, en dernier lieu, à une chaîne étrangère qui a profité de l’aubaine offerte sur in plateau.
Noureddine HLAOUI