Par Hamma HANACHI
Tunis, UNIVERSNEWS (Nécrologie) – C’était les années 80, la vie artistique regorgeait d’artistes talentueux, d’esprits inventifs, d’aspirants à la gloire et de critiques confirmés. Un quartier naissait, habitée par des citoyens à moyens avantageux : El Menzah VI.
Ridha Lâmouri (1947-2025) fut le premier à s’y installer en qualité de galeriste dans ce qui était une banlieue sans vie culturelle. C’est dans cette galerie qu’il a trouvé sa vocation, son ambition et sa « gloire » ; c’est là qu’il a trouvé ses ailes, il a pris son envol.
Les soirs de vernissage, sa galerie attirait un public nombreux, cultivé et curieux, des jeunes et des moins jeunes, des artistes reconnus. Son espace réunissait des grands noms de la peinture qu’il serait long de citer ; des débats fructueux et enrichissants s’y déroulaient.
Même s’il est venu sur le tard, Ridha fut un personnage de premier ordre dans le monde de la peinture, il faut croire que rien ne semblait plus l’intéresser en dehors d’elle ; il était habité par elle, principalement sous ses formes modernes, figuratives ou abstraites ; il fallait le voir, la veille d’un vernissage, à la bonne distance des œuvres, consacrer des heures pour ajuster une toile ou déplacer une autre ; dans cette atmosphère, il flottait comme un nuage dans le ciel, épanoui, il y trouvait son compte, sa ferveur, son agitation, mais pas sa quiétude.
L’espace ici est trop court pour citer les peintres reconnus ou moins connus, tunisiens et du monde arabe, qu’il a exposés ou qu’il a aidés à monter en grade, à être reconnus. Tous, parmi les vivants ou les disparus se souviennent de ses conseils, de son énergie à faire aboutir un projet. Son principal apport fut l’introduction d’artistes arabes à majorité irakienne dans le paysage tunisien. Si vous êtes amateur d’art, allez découvrir les œuvres de ces artistes dans les espaces de l’hôtel Hasdrubal Thalassa Hammamet.
La collection de cet hôtel prestigieux, a été, dénichée, choisie et échafaudée par lui, fortement encouragé, accompagné et appuyé par Si Mohamed Lâmouri, l’un des bâtisseurs du tourisme, esthète et collectionneur d’œuvres d’art. Cette panoplie d’œuvres comprend des toiles des peintres prestigieux, une aile est consacrée à Belkhodja, une autre à Sahli ou encore à Dhahak, ou aux merveilleux peintres irakiens, les Khuzaï, Alouane etc.
Sa galerie a fait son temps, les jeunes n’en n’ont même pas entendu parler, l’intérêt de Ridha a migré vers Hammamet où dans ce palace accueillant, il retrouvait les œuvres comme un enfant qui retrouve ses jouets, heureux. Des visiteurs de choix (ministres et autres éminences) sont venus déambuler dans les couloirs et dans le hall, découvrant les merveilles peintes, c’est dans ces moments de longues visites, quand sa mémoire s’éveillait au passé et ses yeux brillaient qu’on devine que Ridha n’aspirait qu’à une seule chose : l’intemporalité que l’art procure. Pendant ces enivrantes visites, devinez, qui fait le guide ? Pardon qui faisait le guide ? Paix à son âme.
H.H.
