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Chahed a-t-il oublié ses déboires et les jeux d’écriture pour camoufler les situations financières dramatiques ?
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L’ex-chef du gouvernement a t-il oublié ses forcings pour s’approprier tout le pouvoir à Carthage et à La Kasbah
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Chahed peut-il révéler la réalité des coups tordus assenés aux Khaled Ben Kaddour, Lotfi Braham, Fadhel Abdelkefi ?
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Chahed est-il « complice » avec Saïed en proposant sa « feuille de route » pour l’avenir politique en Tunisie ?
Dans une vidéo enregistrée et diffusée sur sa page officielle Facebook, Youssef Chahed, ex-chef du gouvernement, s’est découvert une nouvelle mission, à savoir celle du « maître » donneur de leçons.
En prenant un air grave et arrogant, il n’a pas arrêté, plus de vingt minutes durant, de dire : « Il faut faire… Il faut éviter… Il faut opter pour… il faut adopter… il faut changer…. ».
Or tout ce qu’il a appelé à faire, est exactement le contraire de ce qu’il avait fait pendant plus de quatre ans lorsqu’il était à La Kasbah.
Chahed appelle à l’unité, au travail, à bannir les alter egos tout en proposant plein d’actions, notamment d’ordre politique.
Or, pour lui rafraîchir, un tant soit peu, la mémoire, on lui rappelle que la descente aux enfers au niveau socioéconomique a commencé sous son « règne » sans partage, ou plutôt avec la complicité d’Ennahdha.
Le pot-aux roses a été révélé par l’ex- ministre des Finances Nizar Yaïch, qui a parlé de situation financière et économique dramatique due aux « maquillages » des résultats, des budgets et des lois de finances grâce à un jeu d’écriture fallacieux.
On se rappelle aussi le témoignage d’un panel d’experts économiques et financiers qui, à l’issue d’une rencontre « of the record » avec Elyès Fakhfakh, se sont déclarés horrifiés de ce qu’ils ont découvert sans oser le dire publiquement. Ils ont déclaré, en effet, que « ce qu’ils entendu dépasse tout entendement !».
M. Chahed, qui se pose en donneur de leçons, oublie que quatre ans durant, il a délaissé sa mission de gérer les affaires du pays pour s’occuper de son propre avenir politique car il était obnubilé par la conquête du Palais de Carthage.
Après avoir fait miroiter une guerre sans merci contre la corruption, il n’a présenté personne à la justice. A part, Chafik Jerraya, maintenu en détention durant 3ans et 8 mois pour une n*banale histoire de falsification « d’écriture », tous les autres, présentés comme de « gros poissons », ont été libérés sans oublier l’injustice subie par deux des meilleurs cadres sécuritaires du pays, de l’avis général, en l’occurrence Saber Laâjili et Imed Achour.
Surnommé « l’homme des dossiers », non pas ceux administratifs, M. Chahed a fait le vide autour de lui, en mettant à l’écart toute personnalité susceptible de le remplacer à la tête du gouvernement. Sinon, peut-il révéler, aujourd’hui, les raisons du limogeage de Khaled Kaddour et de la suppression de son ministère de l’Energie ? Pourtant il était dans l’obligation de le faire…
Peut-il révéler les raisons du limogeage de Lotfi Braham du département de l’intérieur ? Peut-il révéler les raison de la mise à l’écart, d’une manière indirecte, de Fadhel Abdelkefi, en utilisant un « dossier bidon »
Peut-il révéler les dessous de sa proposition de Fakhfakh pour lui succéder à La Kasbah ? Peut-il révéler les dessous de ses dernières entrevues avec le nouveau président de la République qui obéissait à ses « volontés » ainsi qu’à celles de la nouvelle « recrue » à Carthage, Nadia Akacha, jusque-là une célèbre inconnue ?
Et la dernière victime de Chahed n’était autre que feu Béji Caïd Essebsi, son père spirituel et bienfaiteur. En effet, après l’avoir tiré du néant et fait de lui le premier personnage de l’exécutif, il a fini par le « piétiner moralement » en se liguant avec Ennahdha contre lui pour l’achever politiquement.
On n’oubliera pas qu’avec l’aide douteuse de Lotfi Ben Sassi et Iyad Dahmani, il a failli emporter le « jackpot » s’il avait réussi l’amendement « illégal » du code électoral. Mais BCE avait pu, dans un dernier sursaut rageur, s’y opposer en refusant de promulguer la nouvelle loi électorale obtenue dans les conditions qu’on connaît
Il faut dire que Chahed voulait tout ramasser : les législatives et la présidentielle. Mais finalement il a essuyé un camouflet humiliant pour Carthage et obtenu une bonne dernière et peu reluisante place en tant que parti et bloc à l’Assemblée des représentants du peuple.
Avec un bilan aussi sombre et des pratiques aussi lugubres, comment M. Chahed ose t-il se présenter en tant que donneur de leçons. Cela veut-il dire qu’il a encore des cartes cachées qu’il peut faire prévaloir le moment opportun ? Homme de « dossiers » comme il est, tout est possible avec lui.
Car comment expliquer cette assurance, voire arrogance avec lesquelles il donnait, ou presque, des ordres quant au code électoral à adopter, au système politique à mettre en place sans oublier qu’il épouse le vœu du chef de l’Etat quant à l’idée de tenir des législatives anticipées.
D’ailleurs, une telle initiative, dite et redite, par Chahed, ne peut être nullement le fruit du hasard et ne peut qu’être mûrement réfléchie entre l’actuel chef d’Etat et son ex-chef du gouvernement.
Et si Chahed jouait le jeu de Saïed ? Et même si cela reste une simple hypothèse, rien n’est impossible avec les « Go Djo » qui semblent se réveiller et reprendre de la voix pour l’applaudir et se féliciter des propositions qu’il a avancées.
Noureddine HLAOUI