- Les modèles économiques changent et ne sont plus du tout les mêmes qu’il y a quelques années, même si on aura toujours besoin des banques.
- Il existe aujourd’hui une panoplie de mécanismes de financement pour répondre aux besoins de financement des startups et des PME.
- Le crowdfunding, un mécanisme financier que nous attendons depuis quelques années.
- L’entrepreneur peine aujourd’hui à trouver le chemin de la réussite et à créer de la richesse.
TUNIS – UNIVERSNEWS – Douja Gharbi, CEO de RedStart Tunisie et experte dans le domaine sociétal des organisations a accordée à Universnews une interview exclusive où elle a évoqué plusieurs points de grande importance pour la Tunisie. Interview.
- Universnews : RedStart Tunisie, pourquoi il est là ?
Douja Gharbi : RedStart Tunisie est né de notre volonté de soutenir des femmes et des jeunes entrepreneurs en Tunisie et dans les régions en particulier. Qu’elles/ils soient fondateurs de Startups ou de PME innovantes, nous sommes convaincus que ces preneurs d’initiatives et de risques, ont un réel besoin de conseils et d’accompagnement, vu la complexité de l’acte d’entreprendre et de la gestion d’une entreprise pour l’emmener à bon port.
RedStart Tunisie a toujours eu comme ambition depuis sa création, de contribuer au développement de l’écosystème entrepreneurial qui devient de plus en plus riche en Tunisie et d’offrir des services complémentaires à ceux existant, en travaillant en partenariat avec d’autres acteurs importants, ayant les mêmes valeur que notre accélérateur et qui souhaitent soutenir concrètement la création et le développement d’entreprises pérennes.
- Avez-vous vraiment aujourd’hui atteint les objectifs escomptés via Red Star ?
D’une certaine manière oui, nous avons confirmé le positionnement choisi et espéré pour RedStart Tunisie, nous avons pu valider notre business model malgré les contraintes de durabilité dans le secteur, nous avons atteint les objectifs préliminaires que nous avons mis en place au lancement de l’accélérateur, toutefois nous avons toujours beaucoup d’ambitions et nous mettons tout le temps et régulièrement de nouveaux objectifs à atteindre ensemble avec l’équipe et les partenaires, nous avons encore beaucoup à faire, nous avons aujourd’hui de nouveaux challenges et nous sommes tous engagés à avancer et à atteindre nos nouveaux objectifs. Il est à souligner qu’au cœur de ces objectifs, c’est le développement de services concrets et effectifs au profit des PME innovantes et des startups que nous accompagnons, ces services sont inspirés des demandes et des besoins de nos bénéficiaires et ambitionnent de répondre à leurs attentes
- Le financement bancaire pose beaucoup de problèmes pour ceux qui veulent se lancer dans l’entreprenariat ? Qu’est-ce que vous pensez ?
Les modèles économiques changent et ne sont plus, du tout, les mêmes qu’il y a quelques années, même si on aura toujours besoin des banques, mais le financement de démarrage ne peut plus être couvert par ces dernières, la startup et la PME en particulier celles qui opèrent dans les secteurs des services et des métiers innovants, ne devraient en aucun cas démarrer avec des dettes, elles devraient trouver d’autres sources de financement beaucoup moins chères, voire gratuites, au moins le temps de maitriser son produit/service et son marché et de réaliser ses premières ventes
- Vous parlez toujours du financement participatif comme alternatif aux crédits bancaires. Pouvez-vous nous expliquer davantage sur cette question ?
Heureusement pour nous, il existe aujourd’hui une panoplie de mécanismes de financement pour répondre aux besoins de financement des startups et des PME, même si la demande reste de loin supérieure à l’offre et que le meilleur gagne. En effet, une multitude d’opportunité de financement ont vu le jour en Tunisie et bien d’autres arrivent.
On peut citer, les subventions offertes par diverses structures d’appui ainsi que des partenaires techniques et financiers de la Tunisie, à l’instar des financements en pré-seed qu’offrent les OSS aux startups, et aux PME dans certains secteurs et dans les régions, à l’instar du financement WIDU offert par la GIZ avec la contribution de la diaspora Tunisienne, ou encore les prêts d’honneur offert par certains incubateurs et accélérateurs et qui ont été financés notamment par le projet Innov’i etc.
On peut également souligner le développement des financements via Business Angels ou le financement providentiel, il s’agit de personnes physiques qui souhaitent investir dans des projets qui ont un impact positif et un bon potentiel de développement et de croissance, on investit dans l’humain également, puisque ces investisseurs misent sur le potentiel des fondateurs des projets et leur capacité à emmener le projets vers la croissance de manière à ce que ces Business Angels ne perdent pas leurs investissements, mais plutôt ils les récupèrent avec une plus-value pour pouvoir investir dans d’autres projets et soutenir de nouveaux entrepreneurs. Il est à noter que, selon le rapport Startup Tunisia, 6,7 millions de dinars ont été investis par cette catégorie d’investisseurs jusqu’en 2021 avec plus de 22 investissements sur l’année, en progression de plus de 0,9 million de dinars par rapport à 2020.
Enfin, je ne peux pas ne pas souligner le potentiel du crowdfunding, un mécanisme financier que nous attendons depuis quelques années (la loi sur le financement participatif a été votée en 2020) et nous espérons le lancement de quelques plateformes de crowdfunding en Tunisie en début 2O24
Rappelons-le, le crowdfunding consiste en une levée de fonds à partir de la description et la promotion d’un projet précis au moyen d’une plateforme en ligne permettant de recueillir de nombreux apports de petits et moyens montants. Le financement peut prendre la forme d’un don ou don récompense, d’un prêt avec ou sans intérêts, ou encore d’un investissement en capital. Je pense que ce type de financement participatif à un potentiel en Tunisie et sera capable de combler une partie des besoins en financement des startups et des PME si les conditions de réussite sont réunies.
- Le climat des affaires en Tunisie est-il favorable aujourd’hui à l’entreprenariat ? Quelles sont les défaillances?
Il est difficile d’affirmer que le climat des affaires est favorable, l’entrepreneur peine aujourd’hui à trouver le chemin de la réussite et à créer de la richesse pour pouvoir se développer et emmener son entreprise vers la croissance.
Comme expliqué plus haut les entreprises rencontrent des difficultés à obtenir du financement, à maintenir leur trésorerie en raison de l’instabilité économique. En plus du fait que la demande pour les biens et services a diminué, ce qui a entraîné une baisse des revenus pour les entreprises, sans oublier l’augmentation des coûts de production, des matières premières, de la main-d’œuvre ou d’autres dépenses qui met une pression supplémentaire sur les entreprises, réduisant leurs marges bénéficiaires.
Tout cela touche également à la compétitivité de l’entreprise, dans un contexte mondial, ou elles sont confrontées à une concurrence accrue, rendant difficile la préservation de leur part de marché, et peut compliquer l’exportation, limitant ainsi les débouchés à l’étranger.
B.B.R.