- Comprendre les enjeux et se préparer à être en conformité aux exigences internationales est donc un must, et non plus un choix, ni un luxe, pour les TPME
- Il est aussi important d’intégrer la transition écologique dans la stratégie d’entreprise, et veiller à évaluer son empreinte écologique
- L’innovation, élément indispensable pour réinventer les entreprises et s’adapter à ces changements cruciaux, en investissant dans des solutions technologiques innovantes
- L’écosystème entrepreneurial en Tunisie a connu des évolutions positives ces dernières années, mais il reste des défis structurels à surmonter
- Nous avons encore besoin de renforcer l’Écosystème Entrepreneurial afin de rendre des services efficaces et adéquats pour le développement des PME et des startups
TUNIS – UNIVERSNEWS (SEF) – Douja Gharbi, CEO de RedStart Tunisie et experte dans le domaine de la responsabilité sociale des organisations a accordé une interview à Universnews où elle a évoqué plusieurs points. A cette occasion, elle a appelé les TPME et les Startups à être en conformité avec les exigences internationales, notamment en termes de normes et de certifications. La clé réside dans une intégration progressive et stratégique de ces dimensions au cœur de leurs activités. Interview.
- UNIVERSNEWS : Les startups, les PME et TPE et le défis de la transition écologique et de la RSE ? Comment peut-on aujourd’hui gérer cette dimension ?
Mme Douja Gharbi : La transition écologique et l’intégration de la responsabilité sociétale des entreprises (RSE) représentent aujourd’hui des opportunités et des défis majeurs pour les startups, PME et TPE, surtout celles qui envisagent une expansion internationale. Comprendre ces enjeux et se préparer à être en conformité des exigences internationales devient donc un must, ce n’est plus ni un choix, ni un luxe. Les TPME et les startups doivent toujours être en veille par rapport aux normes applicables dans les marchés ciblés (ISO 14001, normes européennes sur la durabilité, etc.), et œuvrer à obtenir des certifications reconnues à l’international pour valoriser l’engagement écologique et RSE auprès de leurs partenaires et clients.
Il est aussi important d’intégrer la transition écologique dans leur stratégie d’entreprise, et veiller à évaluer l’empreinte écologique de l’entreprise, repenser leurs produits ou services pour réduire leur impact environnemental (matériaux durables, circularité, réduction des émissions) et optimiser les chaînes d’approvisionnement pour réduire leur empreinte écologique et privilégier des fournisseurs responsables.
- De par votre expérience dans ce domaine, quelle démarche à mettre en place par ces entreprises pour pouvoir réussir l’intégration de cette dimension ?
Ces entreprises doivent également impliquer leurs parties prenantes dans ce processus, en communiquant sur leurs efforts RSE (en évitant le green washing bien évidemment), et sensibiliser les clients à l’impact de leurs choix, elles doivent également sensibiliser et former leurs équipes aux enjeux de la transition écologique et la RSE pour qu’elles deviennent des relais internes du changement et travailler en étroite collaboration avec les acteurs locaux pour ancrer l’entreprise dans un écosystème économique et environnemental durable.
Tout cela doit se faire tout en misant sur l’innovation, élément indispensable pour réinventer leurs entreprises et s’adapter à ces changements cruciaux, ils gagneraient beaucoup en investissant dans des solutions technologiques innovantes pour réduire leurs impacts et en introduisant des pratiques comme l’économie circulaire, le recyclage ou les services de location pour réduire les déchets et maximiser la valeur.
En gérant efficacement ces transitions, les entreprises peuvent non seulement améliorer leur compétitivité, mais également attirer des partenaires et clients qui valorisent des pratiques responsables. La clé réside dans une intégration progressive et stratégique de ces dimensions au cœur de leurs activités, d’ailleurs ce sont les sujets qui vont être débattus le 29 novembre prochain, lors de la conférence annuelle de RedStart Tunisie qui se tient cette année sous le thème de « La Transition ».
- L’écosystème entrepreneurial en Tunisie est-il aujourd’hui vraiment favorable ?
L’écosystème entrepreneurial en Tunisie a connu des évolutions positives ces dernières années, notamment avec le développement d’initiatives publiques et privées pour soutenir les startups, les TPME ainsi que dans l’orientation vers la promotion d’une économie plus durable. Cependant, il reste des défis structurels à surmonter pour rendre cet environnement pleinement favorable.
Pour citer quelques atouts, je prends l’exemple concret du cadre réglementaire du Startup Act qui offre des incitations fiscales, un cadre juridique clair, et un soutien à l’innovation. En même temps, la Tunisie dispose d’une main-d’œuvre qualifiée, notamment dans les domaines technologiques et scientifiques, des initiatives d’incubation qui se démultiplient permettent un accès plus équitable aux ressources et la proximité géographique et culturelle avec l’Europe et l’Afrique permet aux entreprises tunisiennes de s’exporter lorsqu’elles sont bien préparées.
Toutefois, les Startups et TPME rencontrent des défis sérieux tels que : la complexité des démarches administratives et l’accès aux fonds publics, la rareté des financements adaptés à leurs tailles et la nature de leurs activités, et font également face à un climat économique incertain et des défis macroéconomiques impactent la confiance des investisseurs et des entrepreneurs.
- Quelles sont vos recommandations dans ce sens pour améliorer la donne ?
Nous avons encore besoin de renforcer l’Écosystème Entrepreneurial afin de rendre des services efficaces et adéquats pour le développement des PME et des startups et afin qu’elles puissent également contribuer aux transitions indispensables au développement durable de la Tunisie. On gagnerait tous par exemple si les procédures pour la création d’entreprise et l’obtention des financements sont simplifiées, si on aide les entreprises à se connecter avec des marchés étrangers via des accords bilatéraux et des événements internationaux, si des incitations pour les entreprises exportatrices, notamment dans des secteurs stratégiques comme les TIC, l’agroalimentaire, et les énergies renouvelables sont mises en place. Enfin, un engagement collaboratif entre les secteurs public et privé est essentiel pour surmonter les obstacles actuels.