TUNIS – UNIVERSNEWS (Santé) – La Société Tunisienne de Médecine Générale et Médecine de Famille a organisé le 7ème Congrès national de la médecine générale et de la médecine de famille les 31 Octobre, 01 et 02 Novembre, au Centre de Congrès El Médina Yasmine Hammamet. Entre 300 et 400 médecins tunisiens et étrangers ont pris part à cet événement qui a été une occasion pour échanger les dernières nouveautés thérapeutiques pour la médecine de première ligne comme le souligne Dr Habib Jerbi, vice-Président de la société tunisienne de médecine générale et de médecine familiale et Président du congrès
- UNIVERSNEWS : Quel est le rôle du médecin de famille?
Dr Habib Jerbi : Le médecin de famille est une médecin de proximité qui peut résoudre 80% des pathologies des citoyens selon l’OMS d’où l’importance de cette formation au 7eme congrès national de la société tunisienne de médecine générale et de médecine de famille dans la mise à niveau des connaissances des médecins généralistes à travers la participation à des sessions thématiques, des conférences, des panels, des ateliers, des workshops de réflexion, des sessions d’algorithmes pratiques animés par des sociétés savantes.
- Quelles sont les qualités requises pour exercer ?
D’abord, savoir écouter les patients, c’est primordial. Il faut être apte à détecter le moindre symptôme qui peut nous aider à fournir un diagnostic. Il faut disposer de toutes les connaissances du domaine et surtout, savoir les mettre en pratique.
- Quelles ont été vos satisfactions durant cette longue carrière ?
J’ai toujours été passionné par la médecine, et j’ai pu mesurer les avancées considérables tout au long de mon parcours professionnel ; je suis attiré par les relations humaines, et très sensible au parcours de vie des gens pour comprendre leurs difficultés. J’ai tissé des liens très forts avec mes patients. Mon activité reste encore intense, partagée entre mon exercice libéral et celui de vice-Président de la société tunisienne de médecine générale et de médecine familiale
- Vous venez d’organiser le 7éme congrès national de médecine générale et de médecine de famille à Hammamet. Quel est son objectif ?
Ce 7éme congrès de la société tunisienne de médecine générale et médecine de famille avait pour thème principal «Une médecine plurielle pour un patient singulier». Cette manifestation a vu la participation de plus 1500 médecins qui ont suivi 36 conférences, 240 intervenants et 144 ateliers. 540 e-posters ont été présentés par les médecins et des résidents parmi 1000 e-posters envoyés. La faculté de médecine de Sousse a organisé à cette occasion 4 masterclass qui ont abordé les sujets de l’obésité, l’insuffisance respiratoire chronique, la sexologie et la nutrition 24 associations savantes tunisiennes de spécialités ont assuré des ateliers pratiques à nos médecins comme la petite chirurgie, violence le risque et la poursuite
- Peut-on intégrer la télémédecine en médecine générale ?
La télémédecine s’est imposée avec la pandémie de Covid-19. Face aux enjeux actuels de santé publique, la télémédecine est un outil précieux que le médecin généraliste doit maîtriser pour l’intégrer à sa pratique. Cela ne peut se faire qu’à condition de définir le cadre de son usage pour garantir la pratique d’une médecine de qualité et préserver une bonne relation médecin-malade. La télémédecine a été conçue comme une solution possible aux principaux problèmes qui se posent actuellement en matière de santé publique. Elle ne se substitue pas aux pratiques médicales traditionnelles, mais peut faciliter l’accès de la population à des soins de proximité, pallier le manque de personnel médical et renforcer les missions des établissements isolés notamment les petites villes et les zones rurales. Un généraliste qui dispose d’un échographe peut être connecté à un radiologue pour lui donner un diagnostic par exemple pour une appendicite. La téléconsultation constitue une consultation médicale réalisée à distance d’un patient par un médecin à l’aide de matériel vidéo numérique. Ce nouveau mode pour consulter un médecin permet de faciliter l’accès aux soins sur l’ensemble du territoire ainsi que d’éviter des déplacements inutiles pour le patient
- Que pensez-vous de l’exode des médecins à l’étranger ?
Cet exode concerne toutes les catégories, notamment les médecins spécialisés, les professeurs et les étudiants en médecine. De 2015 à 2020, environ 3300 médecins tunisiens ont quitté le pays. Ils étaient 1325 en 2023, à partir à l’étranger notamment en France. Certes, il s’agit d’un phénomène mondial, mais son effet se fait davantage ressentir dans les pays en voie de développement. Pour le cas de la Tunisie, la persistance de ce fléau creuse plus profondément une pénurie des compétences médicales déjà difficile à combler. Les raisons de départ sont nombreuses dont une rémunération adéquate que propose les pays du Nord, soit des salaires 5 fois plus comparés à ceux que reçoivent les médecins chez eux. En plus, les conditions de travail sont généralement meilleures sans oublier de perspectives de carrière élargies, ou encore d’un accès à des études spécialisées. Une maîtrise des flux demeure nécessaire. Cela passe d’abord par la multiplication des investissements dans le domaine de la santé. On doit aussi négocier ce départ avec les pays européens et établir un partenariat Win-Win comme le financement d’un laboratoire de recherche ou encore l’édification d’un hôpital en Tunisie par ces pays développés. (M.S)