La Tunisie après le 25 juillet 2021 est marquée par beaucoup d’espoir et de joie sur le plan social, mais beaucoup reste à faire pour la sortie du bout du tunnel sur le plan politico-économique. Une vraie relance économique s’impose au plus vite possible. Ce qui nécessite une stabilité et une vision claire. A ce sujet, Univers.news a donné la parole à Dr. Moez Joudi, économiste président de l’Institut Tunisien des Administrateurs (ITA). Interview.
Après les décisions prises par le président de la République Kais Saied, le 25 juillet dernier, quel est l’impact de la situation politique actuelle sur l’économie tunisienne ?
En gros, l’impact est jusqu’à l’heure actuelle négatif, parce qu’il n’y a ni visibilité ni programme clair mais il y a encore de l’instabilité. J’approuve les décisions prises par le président de la République le 25 juillet, mais en même temps on attend tous une feuille de route claire pour la période à venir. M. Saied se doit de préciser ses orientations futures : Quel serait le nouveau régime politique ? Quelles seraient les orientations économiques ?…
Ce que j’ai constaté qu’il est actuellement en train de recevoir des responsables pour leur demander des baisses des prix, mais les choses ne peuvent pas, à mon avis, se dérouler d’une façon pareille. Je tiens à citer, à titre d’exemple, le cas de la SONEDE, on ne peut pas demander à son PDG de baisser les prix sans résoudre ses problèmes de fonds d’une manière structurelle, parce que l’entreprise est actuellement déficitaire et affronte des problèmes financiers et de gouvernance…Pareil pour les autres secteurs d’activité.
De ce fait, il vaut mieux commencer par combattre le marché parallèle, lutter contre la corruption, prendre en considération les paramètres qui ont causé la hausse de l’inflation, du taux d’intérêt, la dépréciation du dinar…
D’ailleurs, le rôle du président ne consiste pas en la gestion de ce genre de détails, mais plutôt dans la nomination d’un chef du gouvernement, d’un vrai leadership qui doit, par la suite, former un gouvernement doté d’un plan de sauvetage et de relance économique. A partir de ce plan, on pourrait avancer sur une bonne voie.
Et si le président compte gérer, lui-même, le pouvoir exécutif et changer de régime politique, il doit préciser ses orientations futures.
En effet, l’impact n’est pas vraiment positif. Il est vrai qu’il y a eu de l’espoir par rapport au passé, mais maintenant le présent et le futur doivent être plus clairs.
La Tunisie est un pays menacé par les Clubs de Paris et de Londres. Quelle est, d’après vous, la recette d’une vraie relance ?
Pendant cette dernière décennie, le problème de la Tunisie consiste essentiellement en l’instabilité politique. Aujourd’hui, on a besoin d’une stabilité, d’une continuité dans la gestion des affaires de l’Etat, des compétences, d’un programme et d’une vision claire pour savoir où va la Tunisie.
On a besoin, également, de stratégies et de politiques, d’un plan d’actions avec des objectifs, des mesures et des hommes pour l’exécuter…
On a besoin de se lancer dans les réformes qui tardent toujours, à savoir la réforme fiscale, financière et bancaire, la réforme des caisses sociales, de la fonction et des entreprises publiques, et de la caisse de compensation,…
C’est à travers ces réformes et ces mesures que la Tunisie va atteindre la stabilité sociopolitique et va pouvoir, par conséquent, relancer l’économie tunisienne.
M.N.