Bien qu’elle ne soit pas publiquement annoncée, la nouvelle augmentation du prix de l’électricité et du gaz qui a suscité un tollé général chez les industriels et les agriculteurs, est programmée officiellement dans le cadre des ajustements des prix en Tunisie que le gouvernement tunisien s’est engagé à opérer en 2018 en application des directives du Fonds monétaire international (FMI).
L’ajustement vise à arriver à l’application de prix réels non subventionnés, c’est-à-dire en fonction des coûts de production et des taxes perçues. Dans les pays développés, les taxes peuvent représenter jusqu’à 70% des prix, ce qui a contribué au déclenchement du mouvement des gilets jaunes en France, ces derniers jours.
Cet engagement est pris dans la lettre d’intention adressée par le gouvernement tunisien au FMI le 14 septembre 2018 concernant l’état d’avancement des réformes économiques et financières convenues d’un commun accord. On y lit que « le prix de l’électricité et du gaz a connu des majorations en mai, août, et septembre et il est programmé des majorations similaires en octobre et novembre. »
Il y est stipulé également des hausses du prix des carburants en octobre et novembre, après celles de janvier, avril, juin et septembre.
Plusieurs experts tunisiens l’avaient déjà dévoilé.
Ces ajustements à la hausse des prix des produits subventionnés comme les carburants, l’électricité et le gaz, interpellent donc toute la politique publique du gouvernement tunisien et non pas celle la Société tunisienne d’électricité et du gaz (STEG) qui ne fait qu’exécuter les décisions gouvernementales, dans ce domaine. Ils n’ont pas non plus de rapports directs avec la question des factures impayées de la STEG dont le montant est, effectivement, énorme, avoisinant le milliard dinars.
Ainsi, en refusant ces nouveaux ajustements du prix de l’électricité et du gaz par la voie de leurs structures syndicales, l’UTICA et l’UTAP, les industriels et les agriculteurs rejoignent, en quelque sorte, les travailleurs, en particulier les fonctionnaires et les agents des entreprises publiques qui par la voie de l’UGTT, ont réclamé des augmentations salariales propres à compenser l’augmentation générale enregistrée par les prix en Tunisie.
Seulement, parallèlement à cette demande syndicale, l’UGTT réclame également l’indépendance de la décision nationale vis-à-vis du FMI et des autres bailleurs de fonds internationaux qui feignent d’ignorer que le SMIG dans les pays développés pratiquant la réalité des prix est dix fois supérieur au SMIG en Tunisie.
Salah Ben Hamadi