- Elizabeth Borne accompagnée de… 16 ministres dans la visite à Alger!!!
TUNIS – UNIVERSNEWS – C’est la moitié du gouvernement français qui a débarqué, cet après-midi du dimanche à Alger sous la houlette de la Première ministre, avec pas moins de seize ministres (17 avec Borne), parmi lesquels les « poids lourds » Le Maire (Économie), Darmanin (Intérieur), Dupond-Moretti (Justice), ainsi que la ministre des Affaires étrangères, Catherine Colonna, ou son collègue de l’Éducation, Pap Ndiaye, selon le journal français Le Parisien.
Tous retrouveront jusqu’à lundi leurs homologues algériens pour un Comité intergouvernemental de haut niveau (CIHN). Une Algérie décidément courtisée puisque ce déplacement officiel survient moins de deux mois après la visite fin août d’Emmanuel Macron. Le chef de l’État, au terme d’un voyage de trois jours marqué par un bain de foule mouvementé à Oran, avait alors signé avec le président Abdelmadjid Tebboune une déclaration pour un « partenariat renouvelé » entre les deux pays à la relation si heurtée et compliquée, marquée par le passé colonial.
Pourquoi la France chouchoute-t-elle soudain l’Algérie ? « Parce qu’elle n’a plus le choix dans cette région, tranche Luis Martinez, chercheur à Sciences-po. Elle a perdu pied en Libye, a été chassée du Mali… et le partenariat économique avec l’Algérie est en train de s’effondrer ! Nos échanges commerciaux ont chuté de 20 %, nos investissements sont proches de zéro, dans les infrastructures, la France est supplantée par les Chinois et par les Russes dans l’armement. Même les contrats du métro d’Alger, signés sous Hollande, n’ont pas été renouvelés. »
Les livraisons de gaz « pas à l’ordre du jour », selon Matignon
Le débarquement en nombre de ministres, mais aussi de patrons de PME comme de grands groupes qui vont par[1]ticiper à un forum d’affaires dans la capitale, vise à prouver que Paris tient Alger en haute considération. Le passif est lourd. En 2021, des propos polémiques de Macron sur la colonisation avaient chauffé les oreilles du régime, qui n’aime rien tant que de redorer sa légitimité toujours fragile, contestée naguère par le mouvement « Hirak », en bataillant (verbalement) avec l’ancienne puissance coloniale. L’an dernier encore, Jean Castex avait été contraint de renoncer à la dernière minute à sa visite à Alger. Motif : la taille réduite de la délégation avait ulcéré ses hôtes.
Symboliquement, Elizabeth Borne ira, dès son arrivée, déposer une gerbe de fleurs, au monument aux martyrs, haut-lieu de la mémoire de la Guerre d’indépendance algérienne.
Des livraisons de gaz algérien, dans un contexte de pénurie liée à la guerre d’Ukraine, sont-elles un enjeu du voyage ? « Ce n’est pas à l’ordre du jour », explique Matignon, rappelant que la France est moins dépendante de cette énergie que ses voisins. « L’Italie a déjà tout pris dans un contrat faramineux », assène Luis Martinez.
L’immigration au cœur de la visite
Matignon fait cependant miroiter des contrats de coopération économique. « L’Algérie a d’énormes besoins, sur les mines, la transition énergétique, le solaire, etc., reprend le spécialiste. Les Russes ont proposé des centrales nucléaires civiles. S’ils veulent retrouver leur rang, les Français doivent montrer, avec ambition et modestie, leurs champs de compétences. » Autre sujet sensible, l’immigration, avec le dossier des visas dont Paris a réduit le nombre depuis 2021. L’idée est d’assouplir le régime d’octroi, en échange d’une coopération accrue d’Alger dans la réadmission des étrangers en situation irrégulière. « Les discussions n’ont pas encore abouti », admet Matignon. Gérald Darmanin les poursuivra sur place avec son homologue algérien. Mais l’esprit du nouveau partenariat, insiste Paris, est de prendre en compte « la dimension humaine, le besoin de mobilité ». « Un aspect important, car la France doit reprendre contact avec les sociétés civiles, elle est de plus en plus rejetée dans la région », souligne Luis Martinez.