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Premières heures favorables pour le chef du gouvernement chargé face à des députés, la « peur au ventre »
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Que font Imed Deghij, ex-LPR, et Zied Hachmi, adepte du signe de Rabâa, à Dar Dhiafa ?!
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Quelles justifications pour les audiences accordées à Jawher Ben Mbarek et Lobna Jeribi ?
Comme prévu et annoncé, le chef du gouvernement chargé, Elyès Fakhfakh, a entamé, hier jeudi 23 janvier 2020 au palais de Dar Dhiafa à Carthage, les tractations en vue de la formation du futur gouvernement qui ont été marquées par l’exclusion du parti de Qalb Tounès et le bloc de la Réforme nationale, alors que des petits partis faisant partie de cette même coalition, dont notamment Afek et Al Badil ont été conviés aux discussions.
Les premières remarques et réactions des différentes parties ont été, dans leur ensemble, positives en accordant un préjugé favorable à M. Fakhfakh, sachant qu’il s’agissait, d’près les premières données, juste de premiers contacts sans entrer encore dans les détails quant aux orientations générales de la gestion des affaires du pays ni au degré d’implication de chaque parti.
Il semble, par ailleurs, qu’il y ait un consensus quant à la nécessité d’un futur cabinet restreint, mais avec un cachet politique dans le sens où il doit compter sur une large « ceinture » composée par les partis.
Et aussi étrange que cela puisse paraître, l’on commence à parler déjà des chances de passage du gouvernement devant le Parlement par le biais de jeu de comptage du nombre des députés susceptibles de lui accorder leur confiance selon la couleur de leur parti et des intentions affichées de soutien ou de refus.
Et à moins d’accidents de parcours et d’une a de clivages, toujours possibles au fur et à mesure de l’avancement des pourparlers, ce « passage » paraît fort probable. En effet, en plus des quatre partis, Ennahdha, Le bloc démocratique (Attayar et Echaâb) et Tahya Tounès, El Karama semble acquis pour le futur gouvernement sans compter des voix ici et là dont celles de Nidaa, d’Al Badil et d’Afek.
L’autre hypothèse d’un possible revirement d’Ennahdha avec un bloc avec Qalb Tounès, n’est pas à écarter en soi, mais la hantise d’élections législatives anticipées serait déterminante pour dissuader le parti islamiste de choisir cette option.
C’est dire qu’à moins de divergences insurmontables lors des négociations, le cabinet Fakhfakh semble avancer sur la voie royale.
Certaines remarques s’imposent toutefois de cette première étape de tractations. On soulignera, d’abord l’avant-première que les observateurs qualifient de « ratée ». Tout monde s’interroge, en effet, de démarrage non annoncé des tractations, le mercredi 22 janvier avec trois principales entrevues avec Othman Jarandi, Lobna Jeribi « collègue » à Ettakattol, et l’inévitable Jawher Ben Mbarek toujours aussi bouillon.
En tout cas, selon Radio Shems Fm, réputée pour son sérieux et sa crédibilité, celui veut passer pour le coordonnateur du réseau dit « Doustourna », mais qui en réalité n’a plus aucune existence concrète, et pour être grand spécialiste de droit constitutionnel, aurait déclaré qu’il « va faire partie du prochain gouvernement et qu’il faudra se résigner à le voir fréquemment en ce palais de Dar Dhiafa ».
Et devant le tollé soulevé par ces propos dignes – s’ils étaient vrais- d’un « fanfaron ». D’où les démentis qu’il a dû y opposer. Un épisode dont Elyès Fakhfakh aurait pu s’en passer, car on ne voit vraiment pas l’utilité d’une telle audience avant même d’entrer dans le vif du sujet.
Quant à la rencontre avec Lobna Jeribi, elle est jugée comme malvenue puisqu’elle est interprétée, à juste titre comme étant du pur « copinage ». En tous les cas, aucune justification n’été donnée à ces rencontres.
L’autre point négatif, selon les analystes est cette façon de s’afficher en photos-souvenirs d’une manière aussi provocatrice avec les membres d’El Karama. Seifeddine Makhlouf est connu pour ses démêlées avec la justice, aussi bien pour des affaires de fisc que pour ses insultes envers les magistrats dont notamment le Procureur de la République près le Tribunal de première instance de Sidi Bouzid tout en défendant ce camp de Regueb.
Ensuite Zeid Hechmi, auteur de ce geste condamnable et réitéré, plusieurs fois, de Rabâa, à l’enceinte de l’Assemblée des représentants du peuple et sur les plateaux radiotélévisés alors qu’il n’était que simple instrumentiste dans des troupes célébrant le 7 novembre.
Enfin et surtout, ce Imed Deghij, ancien gardien d’un dépôt de vente d’alcool appartenant à Imed Trabelsi, neveu de Leïla Ben Ali. Sans oublier, également, que ce même Deghij, triste figure notoire des LPR dissoutes, s’était tristement illustré par ses menaces de mettre la patrie à feu et à sang si Nidaa et feu Béji Caïd Essebsi venaient à remporter les élections de 2014.
D’ailleurs, sa venue avec Seifeddine Makhlouf à Dar Dhiafa est inopportune et constitue une provocation de plus à tous les Tunisiens. Les analystes sont persuadés que M. Fakhfakh aurait pu dire « non » à son association aux élus d’El Karama.
Toutefois et pour rendre à César ce qui lui appartient, force est de reconnaître que M. Fakhfakh a un esprit ouvert avec des idées progressistes notamment concernant son « oui » à l’égalité successorale, son opposition à l’examen anal, son opposition à l’emprisonnement des jeunes fumeurs d’un joint et son opposition à l’exigence du certificat de mariage pour tout couple réserver dans un hôtel.
Il reste, tout de même, le ministre des Finances du temps de la Troïka qui avait signé en faveur des compensations pour les amnistiés islamistes après avoir été refusées par son prédécesseur, Houcine Dimassi
En tout état de cause, le gouvernement de Fakhfakh, a de fortes chances de passer parce qu’il dispose de l’atout majeur, comme précité, de cette peur des députés de perdre leur poste en cas de législatives anticipées, ce qui pourrait fausser tout jugement neutre et objectif de la valeur de la future équipe gouvernementale qui aura des défis quasi-impossibles à relever …
Noureddine HLAOUI