-
Kaïs Saïed qui a échoué à diriger et à préserver le staff de son cabinet présidentiel ?!
-
Rached Ghannouchi que veut s’approprier le pouvoir exécutif et continue à convoquer les ministres au Bardo ?!
-
Elyès Fakhfakh qui s’accroche aux basques du président de la République et lui doit sa nomination contre-nature ?!
Ce n’est peut-être pas le moment de critiquer les gouvernants en ces moments de crise sanitaire, mais quand les agissements touchent, justement, à la gestion de ladite crise, il devient impératif de ne pas se taire avec un esprit constructif de corriger et de voir les éventuels fautifs rectifier le tir.
Nos propos s’adressent au sommet de la magistrature, en l’occurrence le président de la République qui, selon les analystes, et depuis – même avant- qu’il se trouve au Palais de Carthage, multiplie les faux pas et laisse planer des doutes quant à ses aptitudes à assumer convenablement ses hautes fonctions de chef d’Etat.
Tout d’abord, il est passé maître dans l’art de ne rien dire de concret dans lors de ses apparitions publiques. Et quand il « parle », c’est pour dire des choses contraires à la Constitution et à son esprit.
Ainsi, il a passé une bonne première période à recevoir des citoyens, jeunes et moins jeunes, venus à pied des régions de l’intérieur du pays pour leur dire que la solution à leurs problèmes réside dans leur « volonté de vouloir » pour que tout finisse par s’arranger pour eux.
Ensuite, il y a eu le fameux discours à Sidi Bouzid à l’occasion du 17 décembre et au cours duquel il a parlé de « comploteurs et de chambres obscures et fermées », mais qu’il en donnerait les précisions le moment opportun venu, des paroles qu’un chef d’Etat n’aurait jamais dû prononcer comme le faisaient les députés pour se lancer des accusations…
A Ben Guerdane, Kaïs Saïed a affirmé que la vraie Constitution est celle écrite par les jeunes sur les murs et que chaque délégation était appelée à désigner une jeune pour la représenter et présenter leurs revendications et leur vision. En somme, encore une manière pour réitérer sa fameuse devise du «peule veut… ».
Il n’y a qu’un seul président
Et avant d’en venir à sa gestion de l’actuelle crise sanitaire, on rappellera qu’il a passé son temps et n’a raté aucune occasion pour clasher le président de l’Assemblée des représentants du peuple et son président et mettre à nu les tiraillements et les divergences régnant entre les trois présidences qui, pour lui n’existent pas. « Il n’ya qu’un seul président », s’exclame t-il en substance.
Le bouquet a été enregistré, ces derniers jours avec la crise due au Coronavirus. Il a eu beau multiplier les sorties pour faire des annonces à l’adresse du peuple, mais à chaque fois, il tombe dans la confusion en évoquant des mesures imprécises qui ont, à chaque fois, nécessité des explications de la part du chef du gouvernement.
Or, ce qui est plus inquiétant c’est que les gaffes sont allées crescendo. Il annonce le couvre-feu sans en donner la moindre modalité claire. Et en faisant réunir le Conseil de sécurité nationale, le chef de l’Etat s’est lancé, on ne sait trop pourquoi, dans une tirade relatant les péripéties de l’indépendance de la Tunisie.
Bourguiba ignoré lors de la célébration du 20 mars !
En effet, devant une pléiade de généraux de l’Armée nationale, le président de l’ARP, le chef du gouvernement et plusieurs ministres, M. Saïed a rappelé certains faits ayant accompagné l’obtention de l’indépendance et qui sont archi-connus puisqu’on les retrouve par un simple clic sur Wikipedia.
C’est que M. Saïed profite de cette occasion pour faire son cours d’histoire retrouvant sa posture d’enseignant, mais pour dénigrer Bourguiba dont il n’a pas prononcé le nom. Etait-ce le moment et le contexte pour évoquer ces souvenirs alors que la Tunisie célébrait la Fête de l’Indépendance et devait gérer la plus grave crise de son histoire ?
Le président de la République a parlé, d’une manière confuse, aussi, de la nécessité d’associer l’Organisation de Nations Unis pour aider la Tunisie, dont on attend encore l’annonce du contenu concret, des modalités, du comment et du quand.
Et apparemment, c’est dans ce cadre qu’il a eu des communications téléphoniques avec certains dirigeants de pays frères et amis. Or, si on comprend les communications avec les présidents d’Algérie, de la France et de l’Italie, nous restons perplexes quant à l’entretien téléphonique avec le président iranien, Hassan Rouhani, un pays mis au banc de la communauté internationale et, surtout, en réel conflit avec plusieurs pays arabes, ce qui fait remuer les doutes sur l’existence de rapports non avoués de Naoufel Saïed avec ce pays chiite…
Malgré le confinement, Saïed fait une sortie controversée pour « célébrer » son don
Et pas plus tard qu’hier lundi 23 mars, et juste après avoir annoncé le déploiement de l’armée pour faire respecter le couvre-feu et le confinement sanitaire, le chef de l’Etat a surpris tout le monde en se rendant à la Poste de la Cité Mahrajène à El Menzah pour effectuer un don, probablement, de la moitié de son salaire comme il l’avait promis.
Kaïs Saïd Saïed était-il conscient des risques pris en retirant de l’argent de sa banque et le maniement de billets de banque, d’effectuer une transaction en liquide alors qu’elle dépasse le plafond autorisé de 5 mille dinars ? Etait-il conscient des risques pris en de s’asseoir de bureau, de les toucher, de s’approcher de l’agent à la caisse de la Poste ?
Et puis, pourquoi cette sortie, avec tout le « tra-la-la » exigé pour la circonstance, en cette journée où les risques de contamination sont trop sérieux ? Est-ce pour la galerie et pour dire qu’il a fait don alors qu’il s’est illustré, jusque-là, par sa discrétion ?
N’oublions pas cette contradiction dans les concepts qu’il n’a cessé de défendre en prônant l’organisation des pouvoirs allant du local et le régional vers le central, alors qu’il vient de crier, haut et fort, que l’Etat central doit rester fort et qu’aucune autorité locale ou régionale ne doit prendre la moindre décision sans en référer au pouvoir central qui doit rester Un et entre les mains d’une seule partie…
C’en est vraiment trop avec autant d’imprécisions, d’erreurs d’appréciations, de pédalages tout en faisant savoir clairement qu’il reste la seule autorité de référence.
Pourtant, de plus en plus de voix s’élèvent pour dire que l’élection de Kaïs Saïed a été, en fin de compte, une erreur d’appréciation de ceux qui l’ont plébiscité, trompés par un concours de circonstances inédit et extraordinaire, avec un rival détenu en prison, quarante jours durant suite à « une erreur judiciaire » reconnue par la Cour de Cassation.
Un homme, seulement, intègre et droit peut-il faire un bon président ?
C’est seulement, maintenant que les Tunisiens se rendent compte – mais après quoi !- qu’un homme droit et intègre ne fait pas forcément un bon chef d’Etat. Loin de là. Et je pense que le meilleur jugement, neutre et argumenté est celui étayé par le tandem crédible, Zied Krichène et Haythem Mekki qui, jusqu’à hier, ont démontré que Kaïs Saïed « n’a jamais dit une phrase utile et compréhensible ».
D’ailleurs, on en est au point de se demander qui a conseillé à M. Saïed de se présenter à la magistrature suprême ?
, un élément, à la fois curieux et révélateur, confirme tous les points d’interrogations quant aux « capacités » du président de la République à gérer les affaires du pays.
En effet, comment espérer diriger tout un pays si on est incapable de diriger un simple cabinet de quelques personnes, censés, pourtant, être parmi ses proches ? Faut-il rappeler, à ce propos, qu’à part la responsable de la communication, qui n’a pas de relations directes avec les médias, tous les autres membres du staff du cabinet ont démissionné dont le dernier en date et non des moindres, est le général Mohamed Salah Hamdi, conseiller principal pour la sécurité nationale auprès du président de la République sans oublier que cette même présidence ne dispose pas de porte-parole officiel. Ce qui constitue une lacune de taille.
La gestion des affaires du pays tangue au gré des 3 présidences !
En tout état de cause, la gestion des affaires du pays semble tanguer entre trois présidences : celle d’un chef d’Etat qui ne semble disposer d’aucun repère à par celui du « peuple veut » et qu’il vient de démolir, lui-même, un président de parlement qui ne veut pas admettre qu’il ne doit pas s’immiscer dans l’exécutif et qu’il doit cesser de convoquer les ministre dans son bureau au Bardo ou dans son « Quartier général » à Montplaisir, et un chef du gouvernement qui est loin d’avoir une forte personnalité puisqu’il continue à tirer sa légitimité de celle de Kaïs Saïed et de Youssef Chahed, le seul à l’avoir proposé pour former le gouvernement.
Imaginons un seul instant que Tahya Tounès et son chef ne l’aient pas proposé ! D’ailleurs, le fait qu’il ait été désigné, malgré sa proposition par un seul parti, le dernier des sept suffisamment représentés à l’ARP, prouve bien que le coup était concerté à l’avance !…
Nous disons tout ceci, car l’heure est gravissime et on pourrait s’acheminer vers le pire, et c’est ce qui nous pousser à mettre à nu les éventuelles défaillances des uns et des autres car notre pays, qui s’achemine probablement, vers le pire, a besoin d’une direction sage, avertie, loin de tout amateurisme et de tiraillements et, surtout d’un chef d’Etat en pleine possession de ses capacités pour être le garant d’une gestion saine et efficace des affaires de la patrie, surtout que, désormais, c’est de la vie des Tunisiennes et des Tunisiens qu’il faut préserver et protéger !…
Noureddine HLAOUI