La célèbre maxime : « On s’endette pour s’enrichir » n’est plus vérifiée en Tunisie puisque l’endettement excessif de l’Etat est en train de ruiner le pays et de tenir en otages les générations futures !
De 40% du PIB en 2010, on passe à 71.6% en 2018 et, pour l’année 2019, les besoins d’endettement de l’Etat s’élèvent à 10.14 milliards de dinars entre 7,79 milliards de dinars de dettes extérieures et 2,35 milliards de dinars de dettes intérieures!!
A noter que les services de la dette pour l’exercice budgétaire 2019 s’élèvent à 9,31 milliards de dinars dont 3.140 milliards de dinars d’intérêts à verser !! Une situation de plus en plus intenable qui se traduit par un risque réel sur la soutenabilité de la dette tunisienne, notamment la dette extérieure.
Mais le plus dangereux dans cette lecture des chiffres et des risques encourus, c’est que l’ensemble de la dette contractée depuis 2010 a servi et sert encore essentiellement à financer l’inflation des dépenses courantes et le cumul des différents déficits publics! Cette situation est d’autant plus alarmante que les besoins en trésorerie s’accentuent pour l’Etat et le défaut de paiement ou de remboursement devient un risque réel !
Hier, 26 mars 2019, nous avons, par exemple, enregistré un record d’endettement pour la Tunisie: En une seule journée, l’ARP a ratifié un prêt saoudien de 318 millions de Rial saoudien et le soir même le Ministre des Finances a réunit un pool bancaire de la place pour leur emprunter la bagatelle de…356 millions d’euros !!
L’Etat et après avoir asséché les liquidités des banques tunisiennes, risque là d’assécher leurs avoirs en devises !? Tout ça pour financer le budget de l’Etat et rembourser des échéances de dettes extérieures !? Où sont les réformes ?! Où sont les politiques budgétaires et les politiques économiques des gouvernements ?! Comment se gèrent les finances publiques en Tunisie ?! Y-a-t-il un suivi de l’endettement public ?! Y-a-t-il une vision et une gouvernance dans ce pays ?!!
La situation est vraiment préoccupante et sans aucune exagération, le scénario grec n’est plus une vague supputation ou un scénario noir sans fondements ni réalisme. Les temps sont durs, il est urgent et indispensable de penser au sauvetage économique et financier de la Tunisie qui doit se faire nonobstant les considérations politiques et électorales du pays !
Dr Moez JOUDI
Président de l’Association Tunisienne de Gouvernance (ATG)