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Personnage le plus « haï », selon les sondages, Ghannouchi veut aller à Carthage !
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Très en colère, le « cheikh » « punit » ceux qui veulent respecter les règlements du parti
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Les « jeunes loups » d’Ennahdha rejettent, catégoriquement, toute « mounachada »
Ils ont beau parler d’esprit immuable d’unité au sein du parti islamiste d’Ennahdha, mais les derniers développements laissent entrevoir le contraire. Plus même, les observateurs s’attendent à une véritable désobéissance de la part des « grands », comme les ont appelés Samir Dilou et Zoubeir Chehoudi, qui en ont marre de baisser la tête et les yeux chaque fois que le « cheikh » parle… Ils veulent prendre le flambeau et faire prévaloir leur vision et leur approche.
En apparence, cela a commencé, il y a, à peine un mois, avec la fameuse lettre dite des « 100 », fuitée d’une manière voulue, suscitant, trois jours après, une réaction foudroyante de la part du même cheikh qui a comparé cette démarche à un putsch, et ce par une lettre non signée, mais également et sciemment fuitée. On apprendra, par la suite, qu’elle a été envoyée à partir du portable du…cheikh !
On apprendra, par la suite que la première lettre a nécessité des tractations et des concertations de plus de quatre mois pour aboutir à la version finale adressée au cheikh par le groupe des « Grands » du mouvement dont ceux parmi les fondateurs.
Après un premier briefing fait par Samir Dilou, Zoubeir Chehoudi, un des jeunes loups du mouvement ayant grimpé rapidement les échelons pour devenir le directeur du bureau du cheikh, donc un des personnages les plus proches et un homme de confiance auprès du cheikh, a enfoncé le clou.
C’est dire l’ampleur du choc subi par le cheikh qui se croyait intouchable. Les « gosses » ont osé porter atteinte au statut de personnage «sacré et vénéré » et veulent le balayer » du devant de la scène du parti. Sacrilège !!!
Ainsi, la riposte du cheikh n’a pas plu à ses « subordonnés » qui ont grandi. Ils ne peuvent plus attendre et tiennent à prendre la relève maintenant et pas demain du moment que le règlement intérieur les y autorise. Plus, ils n’acceptent plus aucune dérogation. Surtout pas cette rengaine voulant que le congrès soit souverain, une démarche que le « cheikh » veut faire imposer aux travaux du prochain congrès, ce qui serait synonyme d’une nouvelle candidature du « cheikh » à la présidence d’Ennahdha. Il a même annoncé son intention de se présenter à l’élection présidentielle en 2024, soit dans 4 ans.
Pour les « 100 », une telle procédure revient à une « mounachada » inacceptable sous aucun prétexte, tout en fustigeant le comportement du cheikh qui traite ses pairs en maître et seigneur avec les élèves. « Si Ghannouchi veut se présenter à la présidentielle, qu’il le fasse en tant que membre d’Ennahdha, mais après avoir été plébiscité par les institutions du parti, ou alors qu’il le fasse en tant qu’indépendant », disent en substance ses opposants.
C’est ce qui a été, aujourd’hui même, par M. Chehoudi qui a parlé sans ambages du cheikh come étant un personnage ordinaire qui doit respecter les règlements du mouvement sans la moindre faveur. Tout en accusant la direction du parti de réactions incompréhensibles, Zoubeir Chehoudi a déploré que le cheikh compare ses enfants et cadres du mouvement de militaires et de putschistes qui n’ont pas le droit de toucher à son leadership.
« Certains signataires de la lettre des 100 ont été exemptés de la présence aux réunions du Bureau exécutif avant de se rétracter sans oublier les pressions exercées à leur encontre, le harcèlement envers certains secrétaires généraux et autres agissements indignes du statut du président du mouvement qui a fait montre de colère et d’accusations déplacées tout en faisant fi du principe de l’alternance si cher à toute gestion démocratique.
Le hic, c’est qu’après la publication de la deuxième lettre des 100, le cheikh a réitéré que tout débat sur la question de la succession est prématuré et qu’en tout état de cause « le congrès est souverain… ». Autrement dit, le clivage demeure entier et les prochains jours s’annoncent décisifs, voire dramatiques pour l’avenir de ce parti.
Même si on n’en est pas encore là, les analystes se posent la question sur ce qu’adviendrait d’Ennahdha et de tout le paysage partisan et politique en cas d’explosion du parti islamiste. Ce serait un vrai séisme dont personne ne peut prévoir les retombées. Ce qui a amené les observateurs à se demander pourquoi le « cheikh » prend-il le risque de tout faire éclabousser ?
Les plus avertis estiment que le cheikh, qui a 79 ans, veut tenter sa chance de conquérir le Palais de Carthage. Ses proches assurent qu’il a été toujours jaloux de feu Béji Caïd Essebsi qui avait réussi à se faire élire à la magistrature suprême malgré ses 90 ans sachant que le cheikh s’est toujours soumis au charisme de BCE.
Il pense qu’avec la configuration actuelle de la majorité parlementaire, ses chances devraient être sérieuses et réelles même si tous les sondages actuels le présentent comme étant le personnage le moins populaire voire, carrément, le plus haï par les Tunisiens et, surtout, les Tunisiennes !!
En tout état de cause, les deux clans semblent camper, chacun et jusqu’à présent, sur leurs positions. Alors qui fera le premier pas ? Qui finira par faire des concessions et abandonner ses exigences ? Le bras de fer étant engagé, qui remportera le défi ? Autant de questions auxquelles il est difficile voire impossible de répondre…
Noureddine HLAOUI