- Et si cette guerre contre la corruption n’était qu’un moyen pour éliminer tous ses adversaires
- Les partisans de Kaïs Saïed, menés par les Ben Arfa et « tonton » Badida, et tels des hystériques, insultent de la manière la plus vulgaire l’UGTT et ses principaux dirigeants
- Depuis son avènement à Carthage, Saïed voulait parvenir au blocage et au danger imminent pour actionner l’article 80 et prendre tous les pouvoirs
- Objectif ultime : instaurer la démocratie par le bas et le régime des comités populaires
On savait que les rapports entre le président de la République et l’Union générale tunisienne du travail n’étaient jamais au beau fixe, mais on n’avait jamais pensé à ce qu’ils atteignent ce stade d’animosité, voire d’hostilité et d’agressivité, notamment de la part des partisans de Kaïs Saïed.
Après un climat de tiédeur frisant la froideur depuis le mois de novembre 2020, date à laquelle le chef de l’Etat avait ignoré la proposition de dialogue faite par le secrétaire général de la Centrale syndicale.
Puis, avec la déclaration de Kaïs Saïed qualifiant l’ancien dialogue de 2013 de « ni dialogue, ni patriotique », la tension est montée de plusieurs crans d’un seul coup. Mais avec les velléités montrées par le chef de l’Etat contre l’Islam politique, l’UGTT y a vu un signe voire un message pour une éventuelle entente entre les deux parties.
Toutefois, les choses ont pris une tournure après l’action du 25 juillet 2021 dans le sens où les dirigeants syndicaux ont réalisé que le vrai objectif de Saïed n’était nullement la mise à l’écart d’ Ennahdha, mais de tous les partis, de toutes les organisations nationales et de toutes les composantes civiles.
Ayant pris tous les pouvoirs en mains, le président de la République a fini par montrer son vrai visage à savoir une idée fixe à réaliser avec la mise en place de son projet qui part de la « base » avec des pseudo-élections dans les « imadas » avant de remonter aux délégations et aux gouvernorats pour arriver à l’Assemblée des représentants avec possibilité de retrait de la « procuration ».
Ainsi, le projet de Saïed est une sorte de retour vers les comités populaires créés par Gueddafi, il y a près de cinquante ans, ce que toute la classe politique a été unanime à rejeter, plus particulièrement l’UGTT et son secrétaire général, Noureddine Tabboubi, qui a clairement refusé cette approche en précisant que l’Union ne fournira jamais un chèque en blanc au chef de l’Etat.
Qu’à cela ne tienne ! Il n’en fallait pas plus pour que les partisans de Kaïs Saïed entrent en transes tels des hystériques pour insulter de la manière la plus vulgaire et grossière possible. Une campagne avec pour chefs de file, les BenArfa et « tonton » Badida qui s’en prennent nommément aux principaux dirigeants syndicaux dont Noureddine Tabboubi et Sami Tahri.
Dans cette cabale, tout y passe, les fakes news, les mensonges, les accusations gratuites et fabriquées sont, désormais, légion à travers les pages connues pour être « pro-Saïed ». Le tout alimenté par les interventions par le chef de l’Etat lançant des accusations et distillant des bribes de données qui ne font qu’attiser les supputations et les rumeurs.
Pour mettre en place ses idées chimériques, Saïed use, quotidiennement, de speeches soigneusement montées pour faire croire qu’il mène une guerre contre la corruption alors qu’en réalité, il s’agit juste de petites affaires de pacotille.
D’ailleurs, lors de l’émission de Midi Show sur Mosaïque Fm, l’animateur et les chroniqueurs se sont lancés, à juste titre, un défi de citer un seul vrai dossier de corruption digne de ce nom.
Par contre, les fois où Saïed « s’est planté » sont nombreuses dont notamment l’intox des 1 800 000 manifestants un certain 3 octobre, appuyé par un « machallah » de la part de la cheffe du gouvernement, Nejla Bouden, les un milliard cinq cent millions de dinars reçus par une seule personne, le stockage des barres de fer, et la dernière affaire de la vente d’une terre domaniale à un privé, etc.
Quelle riposte aura l’UGTT à cette campagne de dénigrement orchestrée par les fanatiques du chef de l’Etat ? On préfère ne pas y penser avec l’espoir d’une attitude pondérée de la part des syndicalistes afin d’éviter le pire car les groupes pro-Saïed semblent décidés à « casser » tous ceux qui se mettent au travers le chemin de leur boss.
En effet, ces partisans sont enhardis par les faits accomplis qu’est en train d’imposer le président de la République, rassuré par la présence de l’armée à ses côtés. D’ailleurs, il ne cesse d’user d’un langage militaire de guerre en utilisant des termes tels : « les rampes de lancement, les tirs de missiles, la riposte par une pluie de tirs, les fusées anti-missiles…
Sans oublier ses veines en saillie et ses yeux perçants chaque fois qu’il prononce cette phrase : « les forces militaires et sécuritaires armées ».
D’autre part, les observateurs sont convaincus que Kaïs Saïed avait en tête la mise en place de son projet dès son arrivée au Palais de Carthage. Et si on regarde la stratégie suivie depuis 2019, on s’aperçoit qu’il a tout fait pour parvenir à cette situation, aidé en cela par la classe politique, plus précisément les khouenjiya et leur pare-à-choc, al-karama qui ont eu un comportement de « rapaces » saignant les citoyens à fond.
Ainsi, par des petites touches entamées lors de son discours à Sidi Bouzid en 2019, Kaïs Saïed a maintenu un rythme infernal avec ses tirades allant crescendo en matière de populisme profitant de ces 2 700 000 voix obtenues lors du second tour du scrutin présidentiel alors que le nombre de votes potentiels en sa faveur était d’un peu plus de cinq cents mille !
Et à voir de plus près la démarche suivie depuis qu’il est à Carthage, on déduit qu’il a tout fait pour empêcher toute stabilité dans le pays alors qu’il ne s’est jamais intéressé à la situation socioéconomique et financière de la Tunisie. Qu’on en juge !
Après la chute du gouvernement formé Habib Jemli, Kaïs Saïed a choisi le candidat le moins apte à réussir la formation et la gestion d’un gouvernement. Et lorsque ses proches collaborateurs, à l’époque lui en avaient la remarque, il aurait répondu que c’était voulu de sa part parce qu’il voulait que le cabinet, à former par Fakhfakh, ne passe pas afin de pouvoir dissoudre l’ARP.
Et il aurait fallu de très peu pour que son scénario aboutisse n’eut été le revirement, à la toute dernière minute, des députés d’Ennahdha en votant la confiance à l’équipe de Fakhfakh.
Ensuite, Saïed a nommé Hichem Mechichi, inconnu dans les sphères politiques. Et au moment où tout le monde croyait qu’il allait réussir, le chef de l’Etat et Nadia Akacha ont tout fait pour placer leurs hommes. Comme pour envenimer la situation, il a créé le scénario du ministre de la Culture, écarté par Mechichi, mais reçu en audience une heure après par le chef de l’Etat qui l’a imposé dans un geste d’humiliation à son chef du gouvernement.
Et depuis, ce fut la rupture voire carrément la guerre entre les deux hommes. Et le tort de Mechichi a été de se jeter dans les bras des khouenjiya alors que l’attitude sensée consistait à partir avec les honneurs avant de se mouiller avec l’un des deux clans.
Misant sur le pourrissement de la situation au gouvernement dû au blocage qu’il a imposé par son refus du remaniement ministériel et au parlement au sein duquel Ennahdha, Qalb Tounès et Al Karama faisaient la loi par la violence, Kaïs Saïed fini par « créer » ce qu’il appel le danger imminent, voire le danger régnant déjà.
Résultat de la course : activation de l ‘article 80 de la Constitution avec des mesures exceptionnelles avant d’imposer, de facto, une nouvelle organisation provisoire des pouvoirs qui lui permet de régner par de simples décrets présidentiels.
Et comme cela a été mentionné par Midi Show, Saïed aurait-il osé accaparer tous les pouvoirs entre ses mains s’il n’avait pas le soutien des forces armées ? Sûrement pas…
Reste à savoir maintenant qui peut faire le contrepoids à Saïed ? Apparemment, à part l’UGTT, aucune composante n’est en mesure de s’opposer à lui. Alors, le laissera-t-elle gérer les affaires du pays à sa guise malgré sa réputation d’homme propre ?
Franchement, les craintes de dérives sont bien réelles surtout si l’on en croit plusieurs personnalités qui l’ont approché à un moment ou à un autre et qui le qualifient de têtu. « Il n’écoute personne et il est capable de tout raser sur son passage pour concrétiser ses convictions et ses projets.
Et si cette guerre contre la corruption n’était qu’un moyen pour éliminer tous ses adversaires éventuels y compris ceux qui lui étaient tout acquis ?!
On en voit déjà les premiers symptômes même si on préfère se tromper tellement les perspectives, dans ce cas, paraissent terrifiantes voire dévastatrices…
Noureddine HLAOUI