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Quelle place et quelle issue pour les desiderata du duo Abbou-Chaouachi, héritiers du CPR?
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Quelles chances pour la filière soutenue par Naoufel Saïed ?
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Nadia Akacha, en disgrâce, n’est plus en course
Dans les milieux proches du Palais de Carthage, la discrétion est de mise à propos des véritables intentions du président de la République à propos de la procédure qu’il compte suivre et de la personnalité qu’il compte choisir pour être chargée de la formation du futur gouvernement.
Officiellement, il semble opter pour la même démarche consistant à choisir parmi les candidats proposés par les partis. Une démarche qui avait démontré ses limites et ses inconvénients surtout avec son choix du candidat le moins plébiscité et qui n’avait pas de chance d’être accepté. Et tout le monde sait qu’il avait obtenu la confiance de l’Assemblée des représentants du peuple (ARP) in-extremis parce qu’Ennahdha voulait, à l’époque, éviter, à tout prix la dissolution du Parlement et le recours à des élections législatives anticipées.
Et les conséquences ne se sont pas fait attendre dans le sens où le parti d’Ennahdha a manœuvré tout en attendant Fakhfakh au premier tournant pour le faire chuter avec grand fracas.
Un petit retour en arrière, d’abord. Des indiscrétions font état d’un choix de la personne « minoritaire » aurait été prémédité par Saïed pour, justement, qu’il soit réfuté par les députés avec un scénario de scrutin anticipé.
D’ailleurs, cela a failli être le cas puisque la veille du vote, Abdelkrim Harouni avait indiqué que le Conseil de la choura avait tranché à savoir : non à la confiance du gouvernement de Fakhfakh tout en affirmant que la décision était irrévocable avant de se rétracter lorsqu’il a compris qu’on le poussait dans cette direction.
Ainsi, le plan élaboré par Saïed avec la connivence de Youssef Chahed, à l’époque, était tombé à l’eau. Et les observateurs étaient persuadés que le parti de Rached Ghannouchi avait sa petite idée derrière la tête, ce qui est corroboré par les révélations faites, dernièrement par certains hauts responsables d’Ennahdha, laissant entendre qu’ils étaient au courant des irrégularités et du conflit d’intérêts qui pèsent sur le chef du gouvernement démissionnaire.
Pour cette fois-ci, on va attendre le choix de Kaïs Saïed pour être fixé sur ses véritables intentions.
Plusieurs scénarios sont sur les tables des uns et des autres avec des retombées différentes pour chacun des plans.
Il y a les desiderata du parti Attayar qui hérite de l’arrogance de Fakhfakh en continuant à se prendre pour le chantre de la lutte contre la corruption. Ainsi, Mohamed Abbou et Ghazi Chaouachi crient haut et fort que l’un d’eux ferait le meilleur patron à La Kasbah en faisant croire que le sauvetage du pays passe uniquement par l’éradication de la corruption.
Or, ce sont justement Ghazi Chaouachi et Mohamed Abbou qui ont le plus âprement défendu Fakhfakh. Samia Abbou, allant jusqu’à dire qu’elle croit dur comme fer en l’innocence de Fakhfakh, l’homme « le plus propre de la Tunisie ».
D’ailleurs, même après la démission de Fakhfakh et la parution du rapport accablant de l’instance de contrôle, Hichem Ajbouni, encore un « arrogant » qui parle, toujours, sur un ton dédaigneux, ose dire encore que son parti va évaluer ledit rapport incriminant Fakhfakh sans la moindre équivoque.
Attayar fait semblant d’ignorer que le sauvetage du pays exige une stratégie socioéconomique et des réformes profondes et de longue haleine tout en s’adressant au peuple dans un langage simple et sincère pour regagner sa confiance.
Les mêmes observateurs estiment que les responsables « seigneurs » d’Attayar ne font qu’attiser la méfiance du peuple qui n’admet point les mises à la retraite d’offices et les limogeages par un simple trait de stylo, une attitude chère aux Abbou et consorts sans daigner en fournir les raisons car pour eux le peuple reste « mineur » et ne mérite aucune explication.
C’est dire que le commun des citoyens n’a plus confiance en les Abbou et consorts qui ne sont autres que les héritiers du CPR de Marzouki, qui donnent une image de gens prônant la vengeance et la haine envers une frange majoritaire des Tunisiens sans oublier qu’ils étaient de grands « fanas » et soutiens des tristement célèbres LPR !
L’hypothèse d’un gouvernement présidé par le candidat qui réunit le plus d’avis favorables de la part des partis politiques semble anachronique dans le sens où elle va entraîner des clivages et mettre la pression sur le candidat choisi pour qu’il opte pour l’approche des quotas la répartition du « gâteau », ce qui nous ferait retomber dans les péchés mignons des anciennes démarches et des querelles partisanes.
Or, des informations récoltées dans les milieux proches de Carthage font état de la possibilité de choisir un candidat qui ne soit pas proposé par un des partis. Après l’émergence avec insistance du nom de Nadia Akacha dont l’étoile a scintillé de mille feux au cours des derniers mois, ce nom semble rentrer dans les rangs après les divergences apparues avec le patron de Carthage qui n’aurait pas hésité à lui dire que pour certains dossiers, elle l’a induit en erreur sans oublier qu’il se serait aperçu, que cette dame semble avoir pris la grosse tête et qu’elle commence à «s’établir à son propre compte ».
D’autres informations de sources concordantes laissent entendre qu’il y la filière dite du frère du Président, à savoir de Naoufel Saïed qui semble avoir ses poulains. On citera Lobna Jeribi qui aurait établi des liens avec, outre Naoufel Saïed, Ridha El Mekki Lénine qui continue à influer, par ses approches idéologiques, sur le chef de l’Etat.
Lobna Jeribi bénéficierait du soutien de la France et du lobbyiste américain George Soros grâce à son think tank, « Solidar », mais son appartenance à Ettakatol et sa proximité avec Fakhfakh jouerait en sa défaveur sans oublie qu’elle est nulle en communication et qu’elle n’a aucun charisme nécessaire pour un tel poste.
Reste maintenant la candidature d’Habib Kchaou qui serait le candidat potentiel de Naoufel Saïed.
Il a été certes, ministre sous Hamadi Jebali et Ali Laârayedh, mais il a pu approcher Kaïs Saïed et avoir avec lui de multiples rencontres aussi bien chez lui à M’nihla qu’au Palais de Carthage.
La grande énigme demeure s’il a encore des accointances avec Ennahdha ou non ? On sait que sa candidature avait été discutée au Conseil de la choura qui avait fini par choisir Habib Jemli.
Une pareille candidature pourrait être, très bien comprise comme étant une concession en faveur d’Ennahdha.
Reste, enfin, l’autre possibilité à savoir l’option pour un gouvernement de compétences nationales et indépendante tout en faisant convaincre les partis politique de faire confiance à une pareille équipe sans s’immiscer dans ses choix pour sauver la patrie. Une approche que notre journal a proposée avec force détails et en présentant une liste de noms à titre indicatif capable de constituer une équipe homogène.
D’autres voix se sont élevées pour pousser dans la même orientation. On citera Machrou Tounès, l’amiral Kamel Akrout et bien d’autres qui sont persuadés que l’approche partisane conduirait aux mêmes déboires alors qu’on s’accorde à dire que l’heure est excessivement grave et que le sauvetage de la patrie passe avant les partis et les alter egos des responsables politiques qui continuent à croire qu’il y a encore un gâteau qu’ils peuvent se partager.
En tout état de cause, et selon les dernières nouvelles, Kaïs Saïed commence à creuser du côté de cette vision soutenant l’option des technocrates, seule susceptible de faire sortir la Tunisie de l’impasse, son éventuelle rencontre, aujourd’hui, avec Lotfi Brahem entrerait dans ce cadre. L’heure est grave…excessivement grave !
Noureddine HLAOUI