- La région du centre-ouest enregistre le taux le plus faible d’enfants de 3 à 4 ans préscolarisés (37,7%) suivie par la région du nord-est (43,3%)
- Il faudrait que l’intérêt se traduise par des mesures concrètes visant à assurer l’accès à un enseignement préscolaire de qualité à tous
- Les enseignants préscolaires doivent être formés pour comprendre le développement des jeunes enfants
- Une nouvelle politique doit être mise en place comprenant les conditions, les objectifs et les normes de développement de l’éducation préscolaire
TUNIS – UNIVERSNEWS (NAT) – Le préscolaire a toujours été le parent pauvre du système éducatif tunisien et relève davantage d’un luxe que d’une nécessité. Tandis que les crèches, jardins d’enfants et autres établissements préscolaires fleurissent dans les grandes villes, poussés par un secteur privé qui comble le vide laissé par l’enseignement public, on note que le préscolaire public demeure un terrain en friche. Plus de la moitié des enfants tunisiens n’ont pas accès aux programmes d’éducation préscolaire.
Les taux de scolarisation des 4-5 ans restent relativement faibles : 47% en Tunisie contre 58% en Algérie, 63% au Maroc et 62% en Asie, 73% en Amérique Latine et 77% en Europe. En Tunisie, l’enseignement préscolaire public reste très limité avec une prédominance du privé. De plus, en l’absence d’un encadrement adéquat, la qualité des services de crèches et jardins d’enfants privés est variable et souvent en-deçà des normes internationales. En général, ce sont les enfants des zones urbaines et des familles économiquement et socialement favorisés qui ont le maximum de chances d’être préscolarisés.
Les pédagogues et décideurs sont unanimes à reconnaître l’influence cruciale des premières années de la vie de l’enfant sur son épanouissement ultérieur et par-delà sur son avenir scolaire. Il ressort notamment du rapport de l’enquête par grappes à indicateurs multiples (Mics), menée sur «La situation de la mère et de l’enfant en Tunisie – 2023», publié le 12 février courant que «la fréquentation du préscolaire en Tunisie a connu une légère diminution entre 2023 par rapport à 2018. Seulement 47,2% des enfants âgés de 3 à 4 ans bénéficient des programmes d’éducation préscolaire (50,6% en 2018) ce qui signifie que plus de la moitié des enfants en Tunisie n’ont pas accès à ces services. La région du centre-ouest enregistre le taux le plus faible d’enfants de 3 à 4 ans qui bénéficient de ces services (37,7%) suivie par la région du nord-est (43,3%).
Un défi : Assurer l’accès à une éducation de qualité
L’enseignement préscolaire est un véritable défi pour les décideurs politiques afin de garantir une éducation équitable et de qualité. C’est une étape cruciale dans le développement de l’enfant, car il leur permet de développer des compétences essentielles, telles que la pensée critique, la créativité, la résolution des problèmes et la communication. Les enfants qui fréquentent l’enseignement préscolaire ont tendance à avoir des résultats scolaires supérieurs, à s’adapter plus facilement à la vie en société et à poursuivre des études supérieures.
Cependant, en Tunisie, il y a encore beaucoup à faire pour garantir à tous les enfants l’accès à une éducation préscolaire de qualité. Le système préscolaire doit faire face à des défis, tels qu’un manque de financement, de personnel et d’infrastructures adéquates pour soutenir une augmentation de la demande. Il est donc essentiel que des efforts supplémentaires soient déployés pour renforcer la qualité et l’accessibilité de l’éducation préscolaire pour tous les enfants.
La Tunisie commence à prendre conscience de l’importance du préscolaire. Il faudrait que cet intérêt se traduise par des mesures concrètes visant à assurer l’accès à un enseignement préscolaire de qualité à tous. L’expérience internationale montre que cela demande l’application de normes strictes en termes d’installations, de personnels et de programmes ainsi que l’allocation de ressources et subventions publiques particulièrement en faveur des familles modestes et démunies. Il ne s’agit pas d’un luxe mais d’une nécessité. C’est pourquoi il est important d’investir dans des programmes de formation spécifiques pour les enseignants et les encadrants chargés de s’occuper des enfants dans ces établissements. Les enseignants préscolaires doivent être formés pour comprendre le développement des jeunes enfants, afin de leur fournir des soins appropriés et offrir des activités éducatives qui favorisent leur croissance et leur développement.
Des enfants mieux préparés à apprendre sont plus à même d’acquérir les savoirs, savoir-faire et savoir-être qui leur permettront de progresser dans leurs études et, plus tard, de réussir dans la vie. Une nouvelle politique doit être mise en place comprenant les conditions, les objectifs et les normes de développement de l’éducation préscolaire : standards de qualité, programmes, équipements et services, qualification des éducateurs/éducatrices, etc., les incitations et l’appui de l’État aux secteurs publics, privés et associatifs pour investir dans ce segment de l’éducation et offrir des services de qualité (lignes de crédit dédiées, aide sociale conditionnée pour les enfants des familles démunies, assistance au montage de projets par des jeunes formés, etc.) ainsi que la mise en place d’un programme public de formation diplômante pour éducateurs et éducatrices de la petite enfance.
M.S.