- Le 2ème personnage, arrêté et qualifié de « fanfaron », est de père irakien, mais séjourne en Tunisie
- Le matériel d’écoute saisi, «sophistiqué » pour les uns, « banal » pour les autres
L’affaire de l’expert onusien, le Tuniso-allemand, Moncef Kartas, continue à occuper l’actualité malgré le peu de communication de la part des autorités officielles judiciaires, et cela se comprend par le fait que l’enquête suit son cours encore au niveau du juge d’instruction après avoir émis un mandat de dépôt à son encontre, au milieu de la semaine dernière.
Toutefois, Univers News a appris des milieux de la défense du présumé accusé, que M. Kartas a été écroué à la prison d’El Mornaguia tout en émettant certaines réserves sur le déroulement des interrogatoires dans le sens où l’expert ne parle pas la langue arabe, ce qui exige un interprète dont « les traductions n’auraient pas été toujours fidèles à l’original des déclarations du présumé accusé », selon l’avis de la défense.
La même défense parle d’une plaidoirie « magistrale de Me Béchir Ferchichi devant le juge d’instruction tout en présentant les documents nécessaires prouvant la qualité d’expert près l’ONU de M. Kartas et son séjour en mission en Tunisie, billet d’avion payé par les soins de l’ONU à l’appui,
D’ailleurs, au moment où les responsables, au plus haut niveau, de l’ONU parlent de « détention illégale et insistent sur l’immunité internationale dont bénéficie Moncef Kartas », le ministère public continue à lui nier ladite immunité et évoque la souveraineté nationale pour traiter cette « affaire d’espionnage où l’accusé aurait usé de matériel sophistiqué d’écoute et de brouillage ».
La défense, quant à elle, tout en indiquant que la durée de l’enquête est à durée illimitée dans le temps, assure qu’il s’agit d’un appareil banal qui ne coûte pas plus de trente euros en Europe et qu’on peut se procurer librement sur le marché, même au « souk de Moncef Bey… ».
Ce qui est certain, c’est que de part et d’autre, on n’a pas encore dévoilé tous les tenants et aboutissants de l’affaire puisque certaines zones d’ombre enveloppent encore les péripéties de l’arrestation de Moncef Kartas et autres phases d’investigations.
Selon le communiqué officiel, on parle de filatures entamées depuis 2018 sans fournir la nature exacte des documents découverts, au même moment qu’on annonce furtivement, l’arrestation d’un « compagnon » de Kartas, de nationalité irakienne, qui aurait été placé dans la même cellule que Moncef Kartas.
Or, selon les mêmes sources proches de la défense, il s’agirait d’un homme d’origine irakienne mais qui vit régulièrement en Tunisie. Aysser Ben Aissa, puisqu’il s’agit de lui, serait, en effet, un personnage assez lugubre et bizarre et qu’on présente comme un fanfaron qui affirme, haut et fort, collaborer avec une ambassade d’un pays étranger et qu’il a « des introductions dans les hautes sphères de notre pays ». Sans oublier que selon la même source, la défense assure que « ses propos, lors des interrogatoires, sont marqués par des contradictions flagrantes… »
Ce personnage aurait été présenté, il y a un peu plus d’un an à Moncef Kartas, toujours selon les mêmes sources, et à qui on a conseillé de l’utiliser en tant que « fixeur » pour lui servir de chauffeur et d’interprète lors de ses séjours en Tunisie, sachant qu’il l’aurait même accompagné lors d’un voyage en Libye.
Mais la défense assure, selon les mêmes sources, que Moncef Kartas l’avait congédié depuis septembre-octobre 2018 et avait coupé les ponts avec lui.
En tout état de cause, les autorités judiciaires semblent déterminées à faire démêler ce dossier dans les meilleurs délais au vu de la sensibilité de l’affaire, suivie de près par les responsables de l’Organisation des Nations Unies qui ont déjà exprimé leurs vives inquiétudes. A ce sujet.
Et nous restons persuadés que notre justice, grâce à ses compétences et à son indépendance, saura faire toute la lumière sur cette affaire dans un sens comme dans l’autre dans la mesure où le présumé accusé peut être confondu et inculpé comme il peut être innocenté et acquitté. On l’a vu avec l’exemple tout récent de l’affaire impliquant Chokri El Ouaer qui, bien que traduit devant le Tribunal en état d’arrestation, il a pu, au vu des résultats de l’expertise technique, bénéficier d’un non lieu avant d’être libéré.
Alors, faisons confiance à notre justice qui n’a d’autre souci que celui défendre les intérêts de notre pays sans hésiter, également, à proclamer l’innocence des justiciables lorsque cela est prouvé.
Noureddine HLAOUI