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Seule la BPCE est responsable des pertes, de la dégradation de la valeur et de la crise sociale qui en découle.
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Quelles réactions pour les deux gouvernements tunisien et koweitien… !!??
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Avec une valeur de 500 milliards en 2008, la BTK aurait en 2020 une valeur de mille milliards !!!
Dans une récente réponse au secrétaire général FSPBA-CGT France, le Président du groupe BPCE, s’est contenté d’accuser l’Etat Tunisien d’être à l’origine du blocage à la BTK,… ajoutant que le groupe « se réserve le droit de rechercher un repreneur si l’Etat ne bouge pas…».
Cette réponse est très révélatrice du comportement des dirigeants de PBCE, pourtant seuls responsables de cette faillite… préméditée de la BTK à laquelle ils ont causé, en l’espace de 13 ans de gestion directe et opérationnelle, des pertes cumulées de 160 MTND entre 2016 et 2019. En plus de la perte prévue de l’ordre de 40 MTND pour 2020.
Le groupe CNCE (Caisse Nationale des Caisses d’Épargne) avait acheté fin 2007 : 60% du capital de la BTK pour un montant de 300 millions de dinars, ce qui valorisait la totalité de l’entreprise alors à 500 millions de dinars. Les deux actionnaires historiques (État tunisien et État koweïtien) conservaient chacun 20% du capital.
En 2009 et suite à la crise financière, les deux groupes bancaires français des Caisses d’Epargne et des Banques Populaires fusionnaient pour donner lieu à BPCE. La BTK devenait alors filiale de BPCE. Le changement opéré à la tête du groupe fusionné s’accompagnait d’un changement de stratégie du nouvel actionnaire vis à vis de la Tunisie. Les nouveaux dirigeants de BPCE considéraient que le prix payé pour l’acquisition des 60% de BTK était beaucoup trop élevé, que la Tunisie était un petit marché et que la priorité devait être donnée aux grands marchés : européen, asiatique et américain.
Une exception toutefois, le Maroc: BPCE était actionnaire de la Banque Centrale Populaire à hauteur de moins de 5% du capital. Le président du directoire de BPCE (François Perol) y siégeait en tant qu’administrateur et se rendait à ce titre au moins 4 fois par an au Maroc. En près de 10 ans de présidence de BPCE, il s’est rendu une seule fois en Tunisie, là où son groupe détenait 60% du capital d’une banque locale, autant dire le peu d’intérêt clairement affiché pour la Tunisie.
En tant qu’actionnaire majoritaire, responsable vis-à-vis de la BCT, le groupe BPCE a toujours assumé les fonctions essentielles de la gestion (présidence du conseil ou direction générale depuis 2016, direction des risques, direction commerciale et même secrétariat général et DRH)
Les décisions d’octroi des crédits au-delà de montants peu significatifs ou de radiation de mauvaises créances remontaient systématiquement à Paris pour être traitées par des cadres juniors sans connaissance aucune du marché tunisien…!!!
Cette anomalie a amené un administrateur indépendant (M. Chekib Nouira) à claquer la porte en plein conseil en septembre 2016. Pour les mêmes raisons, le président du Conseil (Radhi Meddeb) a présenté sa démission en décembre 2018, après avoir été l’artisan d’une augmentation de capital de 100 millions de dinars en 2017. Mais le groupe BPCE s’était alors opposé à la mise en place d’une nouvelle stratégie de développement de la banque. Le groupe était englué dans son opération de désengagement de l’ensemble de son réseau en Afrique et Océan-Pacifique, hors Maroc où il entendait renforcer sa présence.
En 13 ans de gestion de fait, le groupe BPCE a détruit la valeur de la banque, allant jusqu’à offrir sa participation pour rien à l’État tunisien, histoire de s’en débarrasser. La gestion calamiteuse de BPCE devait aboutir à une dégradation des ratios prudentiels et exiger une nouvelle augmentation de capital que BPCE n’aurait pas pu éviter. Il était donc urgent pour ses dirigeants de se débarrasser de la BTK. Il fallait trouver un preneur. L’État Tunisien s’est précipité ne voyant que l’avantage de reprendre pour rien la participation de 60% de BPCE dans BTk mais ne voyant pas les obligations qui allaient en découler et les risques qui y étaient attachés.
Comble de l’ironie, le ministère des Technologies de l’information voyait là l’occasion de doter enfin la Poste tunisienne d’une banque, métier qu’elle n’a jamais exercé. Ce montage, s’il n’avait pas capoté, aurait mis en difficulté la commission d’agrément bancaire présidée par le gouverneur de la BCT qui aurait été contrainte de rejeter la demande d’agrément présentée par deux membres du gouvernement : ministre de Finances et ministre des Technologies de l’information !!!
D’ailleurs de sérieux soupçons pèsent sur cette précipitation et le rôle joué par le trio Chahed- Maârouf-Ben Sassi… !!!
Autre curiosité du dossier : le gouvernement, à son plus haut niveau, sous la pression de BPCE et pour faire vite, a oublié toutes les procédures d’usage en matière de fusions-acquisitions en se passant des services de conseils juridiques et financiers extérieurs et se limitant à « l’expertise » des fonctionnaires.
Sous d’autres cieux, BPCE aurait été tenue pour responsable de sa gestion de la BTK pendant 13 ans. Les actionnaires minoritaires auraient été en droit d’exiger que leur part de 20% chacun leur soit rachetée à la valeur convenue en 2008, soit 100 millions de dinars chacun actualisée au coût des emprunts d’Etat sur l’ensemble de la période, soit 270 millions de dinars pour chacun des deux minoritaires. Une histoire de BFT à l’envers. Mais chacun n’a pas le même souci de ces deniers…!!!
Quelles seraient les réactions des deux États tunisiens et koweitiens face à toutes ces pertes… !!??