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« Il me faut une autorisation spéciale mentionnant le caractère exceptionnel du financement d’une partie du déficit du budget de l’Etat… »
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« Il n’en demeure pas moins qu’un tel financement porterait un préjudice considérable l’image de la destination Tunisie aux yeux des institutions financières internationales, des agences de notation et des investisseurs en général… »
Dans une lettre adressée au président de l’Assemblée des représentants d peuple (ARP), en date du vendredi 20 novembre 2020, le Gouverneur de la Banque centrale de Tunisie (BCT), Marouane El Abassi, réitéré sa position concernant un éventuel financement du déficit du budget de l’Etat.
Dans cette lettre détaillée, M. El Abassi estime qu’en dépit des rectifications apportées au projet de loi de finances complémentaire, les allocations à mobiliser demeurent élevées et ne peuvent être injectées sans impacter les équilibres économiques.
Et étant donné l’ampleur des sommes dans le cadre d’un emprunt intérieur, le besoin d’une intervention de la BCT demeure entier, ce qui nécessite une justification légale à ladite intervention conformément aux formules et aux conditions qui prennent en considération la nature de la gestion de la politique monétaire.
Et tout en exprimant le soutien responsable aux efforts du gouvernement pour faire face aux retombées sans précédent de la pandémie due au Coronavirus sur l’économie nationale et sur les grands équilibres financiers, indique t-il, Marouane El Abassi ajoute que le financement de ce déficit par la BCT à travers l’achat de bons de trésor est contraire au cadre de la politique monétaire consistant uniquement en la réalisation des objectifs de ladite politique et des équilibres.
Or, précise encore le Gouverneur de la BCT dans sa lettre, le financement à long terme par l’achat des bons de trésor entraînera l’augmentation du montant dû à la BCT dans le cadre des opérations du marché ouvert à 6400 MD au lieu de 3609 MD, soit une hausse de 60% de l’ensemble des opérations monétaire et de 18% du budget de la Banque centrale de Tunisie. Ce qui toucherait à l’efficacité du rôle de la BCT.
Marouane EL Abassi, estime donc, que le financement du déficit du budget de la part de la BCT exige, dans tous les cas de figure, une autorisation « législative » spéciale de l’ARP.
Et même ladite autorisation, si elle a lieu, doit revêtir un caractère très exceptionnel dans la mesure où cela porterait un préjudice considérable l’image de la destination Tunisie aux yeux des institutions financières internationales, des agences de notation et des investisseurs en général.
Ce serait, en effet, une manière de dire que le gouvernement tunisien est dans l’incapacité de mettre un terme aux défaillances des équilibres financiers généraux et de maîtriser la dette publique tout en accentuant les difficultés à accéder aux marchés financiers internationaux.
Et à Marouane El Abassi de conclure en substance : « A mon avis, il faudrait inscrire l’autorisation réclamée dans la loi de finance complémentaire sans porter atteinte à la loi régissant le fonctionnement de la BCT et mettre l’accent sur le caractère très exceptionnel de ce financement dû à la crise actuelle tout en délimitant les contours et la forme de l’intervention de la BCT pour injecter les ressources nécessaires au profit du budget de l’Etat »
Noureddine HLAOUI