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Péripéties lugubres ont entouré l’absence de Noureddine Erray à l’audience présidentielle avec son homologue marocain !
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Nouveau dossier de divergences : le prochain mouvement du corps diplomatique et consulaire
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«Des interventions et des remarques, la cheffe de cabinet présidentiel, serait passé au stade des directives… »
Généralement, sauf en de rares exceptions, la politique internationale du pays, autrement dit le ministère des Affaires étrangères, on en parle trop peu. Mais depuis quelque temps, la diplomatie tunisienne fait la Une de l’actualité en Tunisie
En effet, après les buzz créés à l’Assemblée des représentants du peuple (ARP) avec la présentation de deux motions, à propos des ingérences dans les affaires intérieures de la Libye et de la demande des excuses de la France pour tout ce qui a été commis lors de la période coloniale, c’est le ministre des Affaires étrangères, Noureddine Erray, en personne, qui se trouve au centre d’une grosse polémique.
Lors de son passage, hier jeudi 11 juin 2020 devant la commission des droits, des libertés et des relations extérieures à l’Assemblée des représentants du peuple, le ministre a « invité les députés à se mettre à l’écart des surenchères populistes et à ne pas s’ingérer dans les affaires des autres institutions ».
Allant plus loin, Noureddine Erray a dénoncé l’absence d’une stratégie nationale relative au dossier la communauté tunisienne établie à l’étranger. « Dans tous les domaines, l’Etat fonctionne sans plans et stratégies claires », s’est-il indigné.
Enfonçant, davantage, le clou, la députée d’Ennahdha de France Nord, Saïda Lounissi, a indiqué que le ministre des Affaires étrangères, Noureddine Erray a dit, en substance : «Je suis le ministre des Affaires étrangères, je ne suis pas le ministre de Tunisiens de l’étranger».
Il n’en fallait pas plus pour que les rumeurs les plus fantaisistes soient répandues dont notamment celle évoquant son « limogeage », ce qui a poussé les services de communication du département des Affaires étrangères à publier des démentis et les précisions.
Or, en creusant un peu plus, il s’avère qu’un véritable malaise s’instaure entre le ministre et certains membres du staff du cabinet présidentiel. On apprend, en effet, de l’entourage du ministre des Affaires étrangères qu’il se plaignait des « interventions et des remarques de la cheffe de cabinet présidentiel, Nadia Akacha, qui se seraient transformées, au fil du temps, en des directives… »
Exacerbé par cette attitude, M. Erray aurait demandé au président de la République à ce qu’elle n’assiste plus à ses audiences dans le sens où ses rencontres peuvent toucher à des questions confidentielles.
Toutefois, deux « gouttes auraient fait déborder le vase. La première a trait à son audience avec le chef de l’Etat qui aurait duré près de deux heures avec pour résultat, un communiqué rendu public consacré presqu’uniquement au dossier des tarifs consulaires, jugés élevés, accompagné d’une photo-vidéo montrant Noureddine Erray dans la posture d’un « élève » face à son « maître ».
La deuxième « goutte » est ce que certains appellent la « mise à l’écart du chef de la diplomatie tunisienne lors de l’entretien entre Kaïs Saïed et Nasser Bourita, ministre marocain des Affaires étrangères, de la Coopération africaine et des Marocains à l’étranger, envoyé spécial du Roi Mohamed VI.
En effet, il semble que Noureddine Erray s’est contenté d’accueillir son homologue marocain à l’aéroport de Tunis-Carthage, de l’accompagner au Palais de Carthage et….c’est tout. Car il a été absent à l’audience où on voit (photo à l’appui) Nadia Akacha et Othman Jarandi, mais point de Noureddine Erray !…
Et maintenant, place à un autre dossier diplomatique aux grands enjeux, en l’occurrence le prochain mouvement des chefs de postes au sein des missions dans les ambassades et les consulats à l’étranger. A ce propos, nous apprenons que Noureddine Erray aurait été prié de présenter des listes de trois candidats pour chaque poste concerné avant d’être soumises par la cheffe de cabinet et le premier conseiller près du président de la République chargé des Affaires diplomatiques, Othman Jarandi, au chef de l’Etat pour les entériner.
Les mêmes sources estiment que le recours à une pareille procédure est destiné à garantir un tri final au niveau du cabinet présidentiel afin que le président de République ait, une liste bien ficelée pour la valider. Certains sont allés jusqu’à dire qu’il s’agirait d’un moyen afin de barrer la route à d’éventuelles nominations des membres de l’ancienne garde rapprochée de Kaïs Saïed et qui formait l’ossature de son cabinet.
En tout état de cause, l’ambiance est loin d’être au beau fixe au sein du cabinet présidentiel et les rapports entre son chef avec le ministre des Affaires étrangères rappellent, étrangement, ceux régnant, il y a quelques mois, avec le responsable de la sécurité nationale, le général Mohamed Salah Hamdi qui avait dénoncé cette ambiance délétère qui l’avait poussé, selon ses propres dires, à présenter sa démission.
Noureddine HLAOUI