L’économiste Ezzedine Saidane a affirmé, hier le 20 août 2021 sur des ondes radiophoniques, que l’économie tunisienne fait face à des difficultés en matière de finances publiques. Il a précisé que l’Etat a besoin d’ici la fin de l’année, des dépenses énormes, soit de l’ordre de 20 milliards de dinars dont 8,5 milliards de dinars pour les salaires de la fonction publique, 5 milliards de dinars pour la dette publique et 2.5 milliards de dinars pour des dépenses ordinaires et la caisse de compensation.
Pour faire face à cette situation, M. Saidane a affirmé, à maintes reprises, que la Banque Centrale de Tunisie (BCT) a enchainé la planche à billets. Ce qui est, selon ses dires, contre la loi. Cette loi qui interdit la BCT de prêter directement à l’État ou à souscrire directement des BTC ou des BTA émis par l’État. « S’agit-il là d’un contournement ou peut-être même d’un détournement de la loi. Il s’agit sûrement d’un désastre monétaire porteur de déséquilibres graves », dixit l’économiste.
Et d’ajouter qu’en clair « ceci veut dire que la BCT a fini par ouvrir la vanne, contourner la loi, accepter de faire prendre au système bancaire et financier des risques excessifs et très loin d’être le champion de la rigueur monétaire. C’est un vrai désastre monétaire, un vrai gâchis. Ils ont mis le feu de l’inflation à mon pays », conclut-il.
Contrairement à ce qui a été dit et redit par Ezzedine Saidane, qui est connu par sa haine déclarée à l’égard du gouverneur de la BCT Marouane El Abassi ainsi que sa mauvaise gestion de la banque ABC Tunisie lors de son mandat en tant que PDG entre 1999 et 2003, l’économiste et président du Cercle des financiers tunisiens Abdelkader Boudrigua a annoncé, récemment sur des ondes radiophoniques, que cette intervention de la BCT pour rembourser des prêts n’a aucun effet sur l’inflation.
Il a expliqué que le remboursement des dettes se fait à travers l’endettement extérieur ou intérieur. Et puisque l’Etat ne peut pas recourir aux bailleurs de fonds étrangers en raison des négociations entamées avec le Fond monétaire international ( FMI), il a été obligé de s’appuyer sur le marché intérieur pour rembourser ses crédits. En ce sens, la BCT a racheté aux banques tunisiennes, les bons de trésor à court terme, soit 90 jours. « Il reste que ces sommes accordées par la BCT à l’Etat n’ont pas été injectées dans le circuit économique. Elles ont été dédiées au remboursement des crédits en devise. Et ce genre d’intervention n’aura pas une quelconque influence sur l’inflation », a-t-il indiqué.
Et de conclure que n’empêche qu’une hausse du taux d’inflation sera enregistrée dans les prochains mois, mais la BCT gère la crise monétaire avec beaucoup de sagesse depuis 2018 et continuera de le faire.
M.N.