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Sous d’autres cieux, la place d’un ministre de la Santé n’est pas devant les caméras et les micros
« Avant de parler de déconfinement, parlons d’abord de respect du confinement qu’il faut observer avec rigueur pendant six jours encore », dixit Abdellatif Mekki, ministre de la Santé. Des paroles logiques et sensées.
Mais il y a un proverbe qui dit : « Charité bien ordonnée commence par soi-même ». Je m’explique : lors de ses déplacements le ministre est, toujours, accompagné d’une armada de suiveurs et sui marchent en « rangs serrés » ! Lors des points de presse, il a, toujours, des dizaines de micros sous le visage et plusieurs dizaines de journalistes entassés et se bousculant les uns les autres.
Et pas plus tard que le week-end passé lors de ses réunions tenus dans le Sud du pays, M. Mekki, surnommé le super-ministre, les présents étaient assis collés les uns aux autres faisant fi des règles élémentaires et obligatoires de distanciation et sans la moindre précaution. Le tout sous l’œil passif, voire complice du ministre.
Un internaute, dont nous tairons l’identité, a commenté la photo illustrant, tristement, cette situation, comme suit : « Réunir autant de personnes dans une salle est une faute grave. Très grave. Je ne pense pas que ce soit de l’ignorance. Elle dénote d’un état d’esprit: La politique, l’image de soi, l’ego prend le dessus, peu importe le risque. C’est d’autant plus intolérable que réunir autant de monde ne présente aucun intérêt. C’est révoltant… »
Une autre femme de grande notoriété commente ainsi : « Grave pour les présents et leur entourage. Et grave pour l’exemple. Les gens ne comprennent plus ce qu’il faut faire … ».
Pour notre part, force est de dire que le ministre donne le mauvais exemple à moins que le souci de se faire voir ne prenne le dessus à la place de l’obligation de respecter les règles de distanciation, sachant que lorsqu’il a été critiqué sur ce point précis par un journaliste de la Radio nationale, M. Mekki s’est emporté en intervenant par téléphone sur antenne pour fustiger le « pauvre » journaliste. Ce qui lui a valu, fort heureusement, des critiques sévères de la part du Syndicat national des journalistes tunisiens (SNJT).
Il faut dire qu’à travers tous les médias, il n’y a plus qu’Abdellatif Mekki qui parle du Coronavirus. A un point tel que parfois, entre une intervention du super ministre, on assiste à une intervention du même super ministre. !
Non seulement, c’est trop, mais logiquement, il n’a même pas à intervenir sauf dans le cas où il est appelé à annoncer une mesure ou une décision politique. Pour tout ce qui a trait aux volets purement scientifiques, médicaux et techniques, les vraies compétences, spécialistes et experts en la matière, ne maquent et sont les mieux habilités à en parler.
Un ministre ne devrait pas avoir le temps pour expliquer un graphique, une diapo, une courbe et des détails pointus que seules des sommités sont capables de faire sans oublier que c’est leur « boulot ». En France, à titre d’exemple, et sous bien d’autres cieux par les temps qui courent de propagation du Coronavirus, on ne voit jamais le ministre de la Santé à travers les médias, mais plutôt, les virologues, les pneumologues, les biologistes, les chercheurs et autres épidémiologistes.
Monsieur le ministre, vous n’avez pas à sillonner le pays du Nord au Sud, de tenir des conférences de presse à caractère scientifique, d’aller à l’aéroport pour réceptionner la cargaison de simples masques ou bavettes et autres combinaisons, sans oublier les simples, mais ô combien nombreuses déclarations radiotélévisées.
Cela ne sert à rien sauf à vous permettre d’être vu à la télé et à vous permettre d’être cité nommément lors des bulletins d’infos. Mais sûrement pas la lutte proprement dite contre le Covid-19. Au contraire !…
Vous avez, sûrement, suffisamment d’autres tâches et prérogatives du ressort d’un réel ministre de la Santé pour remplir utilement votre temps. A moins que vous ayez pris goût, Monsieur le Ministre, au standing de la super star !…
Noureddine HLAOUI