Les prix du pétrole ont atteint un nouveau record aujourd’hui en frôlant les 100 dollars le baril, et ce, suite à la série d’attaques russes lancée ce matin contre onze villes ukrainiennes situées à l’est du pays, faisant accentuer les craintes liées aux risques de la tendance haussière des cours pétroliers.
Le brut de Brent de la Mer du Nord a dépassé le seuil psychologique des 100 dollars le baril, une première depuis l’année 2014. Il a bondi de 5,5% pour atteindre 103.02 dollars le baril ce matin. Et la référence américaine, le West Intermediate Texas (WTI) a affiché une hausse de 6,29% pour se négocier à 103.43 dollars le baril.
Contacté par Univers News, Fethi Nouri, expert en énergie, a indiqué qu’à l’échelle internationale, « la Russie va continuer à approvisionner le monde en pétrole et gaz, parce que sa production est excédentaire, soit 10 millions de barils/jour. Et même s’il y a une guerre déclarée par les ambassadeurs de l’Otan, personne n’a intérêt aujourd’hui à ce que les installations pétrolières russes soient touchées ».
Néanmoins, il a affirmé que « l’Ukraine a subi de lourdes pertes enregistrant, ces derniers mois, un manque à gagner de 3 milliards de dollars du fait que la Russie n’utilise pas la construction du gazoduc qui passe par l’Ukraine, soit l’équivalent de 37 mille kilomètres de gazoduc non utilisés par la Russie. Des pertes qui seront probablement accentuées ».
Impact de la crise sur la Tunisie
A l’échelle nationale, M. Nouri a rappelé que « dans la loi de finances 2022, le gouvernement tunisien a tablé sur une hypothèse de 75 dollars le baril en moyenne. Ce prix moyen sur l’année s’avère très loin du prix observé sur le marché international, reflétant le manque d’efficacité et des moyens pour faire les bonnes prévisions en Tunisie, et ce, depuis une vingtaine d’année ».
Et de préciser que « l’écart entre les prévisions et le prix observé sur le marché a atteint même les 15 à 20 dollars en Tunisie. Ceci est expliqué essentiellement par le manque d’un vrai modèle de prévisions d’une part, et du manque de collaboration avec de vrais économistes et experts en la matière d’autre part ».
En effet, Fethi Nouri a annoncé qu’aujourd’hui, l’impact de cette flambée des cours pétroliers est beaucoup plus grave avec le déclenchement de la crise entre la Russie et l’Ukraine. « En économie il n’y pas que les finances publiques, il y a aussi la balance des paiements, la balance courante et la balance commerciale. C’est-à-dire, si notre facture énergétique est en hausse, soit entre 30% et 40% de la facture commerciale globale, ceci va impacter directement le déficit courant global et les réserves en devises. Sachant que sur les 10 dernières années, on a atteint les 55% du déficit courant énergétique par rapport au déficit courant global ».
Au niveau budgétaire, l’expert en énergie a estimé qu’« il faut évaluer le niveau des subventions à l’énergie. Est-ce qu’on va libérer les prix ? Ou est-ce qu’on va stabiliser les prix quelques soit les prix à l’échelle internationale ? Pour le cas de la Tunisie, on ne doit pas aujourd’hui appliquer la formule d’ajustement des prix des hydrocarbures, mais on doit plutôt garantir la stabilité des prix ».
Et de conclure que « cette solution va peser lourdement sur le budget de l’Etat. Mais la production des gisements (40 mille barils/par jour) pourrait générer des recettes fiscales et non fiscales, tel était le cas en 2021 avec un montant global de 1,2 milliard de dinars ».
Imen Zine