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Ami de Pierre Mendès France, Michel Foucault et François Mitterrand, il avait un attachement indéfectible à Israël», mais considérait que les Palestiniens avaient droit à un Etat
«Le plus prestigieux journaliste français s’est éteint. Il fut à la fois un témoin, un acteur et une conscience de ce monde.» C’est en ces termes que l’Obs, a annoncé sur son site le décès, dans la soirée du mercredi 19 février 2020, à l’âge de 99 ans, de Jean Daniel, cofondateur de l’hebdomadaire en 1964, sous le nom de Nouvel Observateur. Il en a été le directeur de la publication jusqu’en 2008 et continuait d’y écrire en 2019.
Il a été l’ami de Pierre Mendès France, Michel Foucault, François Mitterrand, avec lequel il eut, comme tant d’autres, des relations compliquées, ou Albert Camus, en dépit de leur désaccord sur le dossier algérien.
Egalement écrivain et essayiste, il a signé une trentaine de livres, depuis l’Erreur, roman paru en 1952 salué par Camus, à Mitterrand l’insaisissable en 2016. Ses Œuvres autobiographiques (cinq ouvrages) ont été rassemblées en 2002 en un seul volume de 1 700 pages.
Né le 21 juillet 1920 à Blida, élevé dans une famille algérienne de confession juive, Jean Daniel Bensaïd, nom qu’il abandonne après-guerre pour écrire dans Combat sous le pseudonyme de Jean Daniel, est le dernier de onze enfants. Son père sera une figure adorée, s’émerveillant «chaque jour d’être Français».
En 1964, avec l’industriel Claude Perdriel, il reprend France Observateur qui devient le Nouvel Observateur pour en faire l’hebdomadaire de la «deuxième gauche». «Jamais, nous n’avions pensé que nous réussirions. La formule choisie était assez culturelle, assez intellectuelle pour ne pas dépasser les 40 000-60 000 exemplaires dans le meilleur des cas», dit-il à l’AFP en 2004. En 1974, il tire déjà à 400 000 exemplaires !
Participant à tous les grands débats de l’époque, comme l’a écrit le journal « Libération », le magazine défend l’anticolonialisme, publie en une le manifeste des «343 salopes» pour l’avortement, soutient Mendès-France, Rocard puis Mitterrand, polémique avec le Parti communiste.
Sur le Proche-Orient, malgré son «attachement indéfectible à Israël», Jean Daniel qui, selon lui, refusa trois fois un poste d’ambassadeur proposé par le président Mitterrand, considérait que «les Palestiniens avaient droit à un Etat».