TUNIS – UNIVERSNEWS – L’agence internationale de Notation, Fitch Ratings vient de publier une note intitulée : «L’excédent budgétaire de la Tunisie au premier semestre 2023 surestime la consolidation budgétaire».
Par rapport au plan de financement du gouvernement, Fitch Rating prévoit environ 5,5 milliards de dollars (environ 10 % du PIB) de financement extérieur en 2023, faisant toutefois remarquer que sur ce montant, la Tunisie n’avait mobilisé qu’environ 865 millions de dollars en juin. Et de souligner qu’une grande partie du reste dépendra de l’obtention par le pays d’un programme du FMI, dont les progrès sont au point mort, depuis que les réformes des subventions ont été rejetées. «Nous continuons de supposer qu’un programme du FMI sera approuvé d’ici la fin de l’année, débloquant davantage de financements extérieurs et facilitant le règlement des retards de paiement aux entreprises publiques. Néanmoins, les risques liés à cette issue sont élevés».
Mais, si le financement du FMI n’est pas assuré, Fitch s’attend à ce que des financements extérieurs supplémentaires soient débloqués, notamment 500 millions de dollars de l’Arabie saoudite, 150 millions d’euros de subventions de l’UE, le deuxième décaissement de 500 millions de dollars au titre de l’engagement d’AfreximBank pour 2023 et 550 millions de dollars de l’Algérie.
Du mal à combler le déficit du financement
Dans un tel scénario, l’Agence prévoit que le secteur financier national aurait du mal à combler l’important déficit de financement public. Cela pourrait pousser le gouvernement à rechercher un financement direct auprès de la Banque centrale de Tunisie (BCT), ce qui pourrait nuire à l’indépendance et à la crédibilité de la Banque.
Fitch Rating a en outre annoncé qu’elle s’attend à ce que le déficit budgétaire de la Tunisie se réduise à 5,8 % du PIB en 2023, l’excédent enregistré au premier semestre 2023 étant peu susceptible d’être durable: «Nous pensons que certains coûts liés aux subventions et aux transferts au cours de la période n’ont pas encore été pris en compte dans les chiffres budgétaires», a expliqué l’Agence.
La Tunisie a en effet enregistré un excédent budgétaire de 58,8 millions TND (environ 0,4% du PIB) au premier semestre, influencé par des dépenses inférieures aux prévisions qui n’ont atteint que 38% du niveau budgétisé pour l’année entière. Les subventions et les dépenses de transfert au 1S23 ne représentaient que 27 % du montant annuel budgétisé.
Aucun ajustement des prix des carburants
Fitch Rating prévoit en outre que les coûts des subventions énergétiques et alimentaires chuteront à environ 6 % du PIB en 2023, contre 8 % l’année dernière, soutenus par la baisse des prix internationaux et les ajustements des prix nationaux du carburant et de l’électricité en 2022. Néanmoins, le système de subventions n’a pas été réformé davantage et il n’y a eu aucun ajustement des prix des carburants depuis novembre 2022, ce qui rend improbable une baisse plus importante. Les importations de produits énergétiques et agricoles au 1S23 étaient globalement similaires à celles du premier semestre 2022, en monnaie locale, ce qui suggère que les importations de produits subventionnés n’ont pas fortement chuté.
L’Agence a tenu en outre à rappeler que l’accord conclu en août 2022 avec l’UGTT pour contrôler la croissance de la masse salariale continue de tenir et a permis au gouvernement de maintenir les dépenses salariales en ligne avec le budget au premier semestre 2023. L’accord est pris en compte dans les prévisions de Fitch selon lesquelles le déficit budgétaire tombera à 5,8 % en 2023, contre 6,9 % en 2022, et était au cœur de l’accord de niveau du personnel (SLA) que le gouvernement tunisien a conclu avec le FMI en septembre 2022.
Et d’expliquer que cette situation a également été facilitée par l’engagement des autorités en faveur de réformes fiscales, comprenant des révisions des taux et des mesures visant à réduire la fraude fiscale et à améliorer la collecte et l’administration des impôts.
Ces mesures, adoptées fin 2022, ont, selon Fitch Rating, soutenu les recettes publiques à des niveaux proches du budget au premier semestre 2023, contribuant ainsi à l’excédent.
B.B.R.