De quelque point de vue que l’on se place, on ne peut que saluer l’initiative du ministère des Affaires culturelles d’avoir traduit en une réalisation très réussie, de l’avis de l’écrasante majorité des gens, un rêve longtemps mijoté par les gens de la création, de l’industrie et du commerce du livre, surtout les éditeurs dont l’union se félicite de voir sa proposition accueillie avec enthousiasme et mobilisation pratique par le ministre des Affaires culturelles Mohamed Zinelabidine.
Par Mansour M’henni
La Foire Nationale du Livre Tunisien, comme son nom l’indique, est une foire nationale organisée par le ministère des Affaires Culturelles, à la Cité de la Culture de Tunis, en partenariat avec les deux principales unions sectorielles nationales, l’Union des éditeurs et l’Union des écrivains. Elle est un second rendez-vous annuel s’ajoutant à la Foire Internationale du Livre de Tunis. La première édition de cette foire Nationale a eu lieu du 19 au 28 octobre 2018. L’universitaire, écrivain, traducteur et homme des médias et des associations, Mansour M’henni, a été nommé à la direction générale de cette édition.
Pour le comité directeur de la foire, comme souligné par le directeur général à l’ouverture de la conférence de presse du 16 octobre, la Foire Nationale du Livre Tunisien répond à une attente de ceux qui s’intéressent à la culture en général et qui se soucient du sort du livre en particulier en tant que support fondamental de cette culture. Elle espère gagner l’intérêt de tous les Tunisiens. Son initiation s’inscrit dans la dynamique culturelle générale liée à l’inauguration de la Cité de la Culture, et dans le cadre de la célébration de 2018 Année Nationale du Livre. Son ambition est de jouer un rôle multidimensionnel : culturel, économique, social, touristique, etc.
L’espoir est donc de voir cette nouvelle Foire constituer une occasion favorable à l’action pour la patrie et à l’apport bénéfique pour le livre tunisien en sa qualité de rassembleur des Tunisiens dans l’amour de la patrie et l’engagement à la servir. Tel est l’esprit ayant présidé à la création de cette foire dont l’édition inaugurale a pour slogan : « Le Livre Tunisien nous réunit ».
Un espace d’un millier de m2 a été aménagé au premier étage et au rez-de-chaussée de la cité de la culture pour abriter 57 stands occupés par 75 exposants. Un riche programme culturel a permis à une centaine d’intellectuels du livre, de l’écriture et de la lecture de s’exprimer pour rendre compte de leurs expériences respectives et donner des propositions en vue d’améliorer l’impact du livre dans la société tunisienne. Dans ce cadre, la salle Sophie El Goulli a accueilli 9 colloques et 10 salons du livre, en plus d’un grand nombre de séances de dédicace parrainées par des éditeurs. Des activités parallèles ont été assurées par les pôles artistiques de la cité de la culture : marionnettes, musique, céramique, cinéma, etc. Force est de souligner ici le programme spécial élaboré par la Cinémathèque du Centre national du cinéma et de l’image (un colloque et quatre projections de films ayant trait au livre : 2 nationaux et 2 internationaux) et dédié à la mémoire de feu Tahar Chériaa, un homme du livre et du cinéma.
Certains acteurs du tissu associatif se sont mobilisés pour des actions complémentaires du programme de la foire et on n’oserait manquer d’évoquer ici l’organisation par l’Association pour la Culture et les Arts Méditerranéens (ACAM) de son 8° Symposium des expressions culturelles et artistiques de la méditerranéité (SECAM8), et l’organisation par l’association « Questions et Concepts d’Avenir » (QCA) d’une « Nuit de la Méditerranée » avec un documentaire « Retour à Tunis » et des lectures poétiques traduites dans 4 langues méditerranéennes (arabe, française, espagnole et italienne), en partenariat avec l’Institut de Traduction de Tunis, et avec le soutien et l’appui du ministère des Affaires culturelles.
La Foire nationale du livre tunisien a par ailleurs rendu, à l’ouverture, un vibrant hommage à quatre écrivains, en l’occurrence Mohamed Amar Chaabnia (Metlaoui), Faouzia Aloui (Kasserine), Abdelwahed Braham (Bizerte) et Messaouda Abou Bakr (Sfax). Elle a décerné aussi, lors d’une cérémonie spéciale le 27 octobre 2018, quatre prix ainsi répartis :
¤ Prix de la Foire Nationale du Livre Tunisien dans la catégorie « Livre pour enfant » : décernée à Samira Shimi pour ses travaux narratifs dans la série « Maktabati Al Moônissa » (Dar El Yamama, 2018)
¤ Prix de la Foire Nationale du Livre Tunisien dans la catégorie « Livre de pensée », un prix parrainé par l’Organisation Nationale des Droits d’auteur et des droits environnants, décerné à Hamadi Rdissi pour son livre L’Islam incertain (Cérès éditions, 208)
¤ Prix de la Foire Nationale du Livre Tunisien dans la catégorie « Livre tunisien traduit », décerné à Ammar Jlassi pour sa traduction arabe du livre d’Apulée L’Âne d’or (Arabesques, 2018)
¤ Prix de la Foire Nationale du Livre Tunisien dans la catégorie « Livre de création », attribué conjointement à deux candidats :
+ Mohamed Khaldi pour son livre Aouted (Meskeliani, 2018)
+ Atef Attia pour son livre Obscurs horizons (Pop Libris, 2018)
La foire a connu une affluence dépassant toutes les prévisions du comité directeur, les écoles, tous niveaux confondus, et même des établissements de l’enseignement supérieurs de l’intérieur ont organisé des excursions pour la visite de la foire, les scouts de Tunisie aussi. Sans parler des visites de responsables politiques et de figures célèbres des arts et de la culture, tous venus exprimer leur intérêt pour le livre tunisien et leur encouragement à sa foire.