Mme Hayet Guettat Guermazi vient d’être nommée Ministre des Affaires Culturelles dans la composition du gouvernement de Najet Bouden.
Certains artistes et hommes de culture ont témoigné à Universnews leurs premières impressions.
En voici quelques unes:
Hassouna Mosbahi (écrivain)
La nouvelle ministre de la culture a une grande expérience au sein du Ministère des Affaires Culturelles, puisqu’elle a été cheffe de cabinet à l’époque du ministre Ben Achour. Elle avait aussi une responsabilité dans le secteur du patrimoine et de l’archéologie. La tâche n’est certainement pas facile, étant donné que pendant des années, la culture a été exclue du paysage de la politique. Les intellectuels de toutes les tendances ont été écartés du débat politique et culturel, ils ont souffert de cette absence et de cette marginalisation. J’attends de la nouvelle ministre qu’elle nous redonne de l’espoir et qu’elle nous réintègre pour participer à la reconstruction du pays.
Jamel Sassi (comédien et metteur en scène)
Il y aurait certainement des dossiers lourds à ouvrir et à régler, entre autres le projet de loi sur le statut de l’artiste qu’elle devrait revoir parce que, ce qui a été proposé au Parlement était louche ! L’important est que cette ministre a une connaissance quant aux rouages du Ministère, donc elle ne va pas gâcher du temps dans la compréhension, les tentatives et les démarches incertaines ; au contraire, elle pourrait se précipiter et être ferme dans ses prises de décision. Oui ! J’ai de l’espoir, et ce depuis les vents du changement du 25 juillet ! Nous étions absents, marginalisés, nous voudrions participer dans les prochaines stratégies, être présents dans de vrais projets culturels.
Fetha Mahdoui (comédienne)
Tout d’abord, pour que Mme la ministre puisse travailler, elle doit commencer par assainir le Ministère des personnes qui ont été imposées par le parti Ennahdha et qui sont plantées partout sur les têtes de certains départements, et même à la cité de la culture. Ensuite, elle devrait s’occuper de l’aspect social des artistes. Nombreux sont ceux qui vivent dans des conditions lamentables, comme par exemple certains des troupes régionales.
Concernant les manifestations culturelles qui sont nombreuses, il faut savoir les gérer, prendre en considération les spécificités régionales pour qu’il y ait de la diversification, de la variété, de l’apport… La même chose pour les Centres d’Arts Dramatiques régionaux qui sont créés dans 24 gouvernorats sans une réelle stratégie, sans de vrais fonds pour les faire travailler.
Mahdi Chakroun (musicien-compositeur)
Je voudrais que la nouvelle ministre rétablisse les comités culturels qui ont été éliminés en 2013 par l’ex ministre Mahdi Mabrouk. Il faudrait les réintégrer dans une nouvelle approche. Franchement, les artistes en ont marre de la bureaucratie. Personnellement, en tant que musicien je ne veux plus signer un contrat et rester plus que 6 mois entre va-et-vient pour être payé !
Et puis, il faudrait en finir avec cette mentalité de mercantilisme qui s’est installée même au sein du ministère. Au départ c’était le privé qui travaillait sur la quantité et la rentrée d’argent, aujourd’hui on le perçoit au sein même du Ministère de la culture, qui est sensée travailler sur la qualité des projets culturels ! Même quand il subventionne un projet, il ne fait plus le suivi, comme-ci, l’aide était juste conçue pour faire taire les gens et jeter de la poudre aux yeux!
Par Faiza Messaoudi