TUNIS – UNIVERSNEWS (SEF) – L’expert en économie, Moez Hadidane a déclaré dans son interview accordée à Universnews que la Tunisie n’a jamais failli à ses engagements par rapport au paiement de ses dettes sur le marché de l’extérieur : « La Tunisie n’a jamais fait défaut. Nous avons peut être vécu quelques pressions à l’approche de quelques échéances, mais la Tunisie a toujours honoré ses engagements », a martelé Hadidane, faisant toutefois remarquer qu’il est vrai que la Tunisie a connu des années difficiles comme celle de 2024, durant laquelle une importante échéance portant sur un Eurobond de 850 millions d’euros contracté en 2017 sur le marché financier international, a été déjà payé en février dernier, tandis qu’un autre prêt de garantie japonais d’une valeur de 50 milliards de yens devrait être aussi remboursé en octobre prochain.
D’énormes pressions financières en 2024
Et d’expliquer que durant cette période, l’Etat tunisien s’est retrouvée face à d’énormes pressions financières qui l’ont poussé à recourir à la Banque centrale de Tunisie (BCT) pour payer certaines échéances de crédit et que pour s’échapper à un défaut de paiement , un texte de loi autorisant la BCT à prêter, à titre exceptionnel, à l’État tunisien 7 milliards de dinars, soit 2 milliards d’euros, a été mis en place. Ces prêts sont remboursables sans intérêt sur une durée de 10 ans dont 3 ans de grâce.
Dans le même ordre d’idées, Hadidane a assuré que plus il ya des financements provenant de l’extérieur, plus la situation devienne confortable dans le pays. Mais, en cas de tarissement de financement extérieur, l’Etat tunisien payera certainement ses dettes en recourant à d’autres moyens, mais la situation financière se complique davantage. Selon lui, l’idéal est de trouver des financements sur le marché de l’extérieur.
Il a par ailleurs indiqué, citant la loi de finances 2024, que les besoins de financement de l’Etat tunisien s’élèvent à 28 Milliards de dinars dont 16,4 Milliards de dinars devraient provenir de l’extérieur. Selon l’exécution du budget 2024, la Tunisie a pu mobiliser sur le marché de l’extérieur, jusqu’à la fin du mois de mars dernier, que 2,5% de ce montant.
8 autres Milliards de dinars à mobiliser
Il a en outre souligné que si on considère que tous les prêts signés par la Tunisie avec les différents bailleurs de fonds étrangers sont encaissés, la Tunisie a mobilisé jusqu’à ce jour, 8,4 Milliards de dinars, or le montant inscrit au titre de la LF 2024 est de 16,4 Milliards de dinars, donc il nous faut encore 8 Milliards de dinars, soit près de la moitié, selon ses dires.
Hadidane a dans le même contexte, indiqué qu’il est encore possible à la Tunisie de mobiliser le reste de cette somme de 8 Milliards de dinars sur le reste de cette année.
Par rapport à la situation économique du pays, Hadidane a fait savoir que la situation est un peu compliquée, expliquant que d’une part, il y a une nette amélioration au niveau de la balance commerciale et de la balance de paiement et d’autre part, la croissance économique et l’investissement restent timides.
Il a déploré l’absence d’une compréhension globale de la situation économique dans le pays ayant mis le pays face à d’énormes difficultés auxquels fait face le pays depuis déjà plusieurs années.
Outre l’absence d’une compréhension globale, il a dénoncé ce grand retard à engager les réformes structurelles, faisant toutefois remarquer que certaines réformes dépendent malheureusement des orientations politiques du pays comme la privatisation de certaines entreprises publiques à l’instar du port de Radès, la subvention et la réforme des administrations publiques.
Le climat des affaires est défavorable à l’investissement
Il a en outre dénoncé le climat des affaires actuel, qui n’est pas du tout favorable à l’investissement: « L’administration tunisienne n’a pas fait sa révolution et nous n’avons rien fait par rapport à la lenteur et à la bureaucratie bien qu’il s’agit de deux éléments décisifs de tout acte d’investissement dans le pays non seulement pour les Tunisiens mais aussi pour les étrangers.
« Lorsque l’investisseur se sent exposé à un risque, il renonce à tout acte d’investissement en attendant que la vision devienne plus claire et que les choses s’améliorent davantage en termes de stabilité et d’avantages fiscaux. », a-t-il encore dit.
Pour changer la donne et améliorer la situation, l’expert en économie a recommandé d’engager les grandes réformes à l’instar de la subvention, le code du travail, la fonction publique et les entreprises publiques notamment celles qui travaillent dans les secteurs vitaux comme le transport.
Par la même occasion, Hadidane a appelé la Banque centrale à réviser à la baisse son taux d’intérêt directeur afin de relancer l’investissement et stimuler la croissance.