TUNIS – UNIVERSNEWS – Dans son interview accordée, ce mercredi 8 novembre 2023 à Universnews, l’ancien ministre des Finances, Hassine Dimassi a déclaré que l’élaboration d’une loi de finances complémentaire ou rectificative devient la règle en Tunisie, avant de souligner qu’avant la Révolution, on faisait appel à une loi de finances rectificative (LFR) chaque 10 ou 20 ans et il traduit généralement une nouvelle orientation de la politique économique et budgétaire contrairement à aujourd’hui où il devient « une mauvaise habitude », selon ses dires.
«Elaborer une loi de finances entachée de déséquilibre puis rectifier le tir dans une LFR devient la règle et la procédure auquel on recourra automatiquement pour à corriger des anomalies, contradictions ou erreurs», a-t-il dit.
Dimassi a en outre indiqué que le PLF 2024, récemment soumis à l’ARP, ne diffère en rien par rapport aux anciens et ne changera rien en 2024. Selon lui, ce PLF a été élaboré à partir des hypothèses non logiques, injustifiables et loin de la réalité, citant comme exemple le taux de croissance fixé à 2,1% alors que dans la LFR de l’année 2023, il est à seulement 0,9% : « Comment la question sur le fait que ce taux passera au double en 2024 ? « Qu’est-ce qui va changer en 2024 pour que la croissance atteigne le double surtout que les estimations du projet de budget pour 2024 sont basées sur les résultats attendus de l’année 2023?»
Dimassi a également exprimé son étonnement de ne voir aucune explication sur la manière qui sera utilisée pour atteindre ce taux dans un pays où les principaux indicateurs économiques clignotent au rouge, citant le secteur de l’agriculture dont la production a fortement chuté par rapport aux années précédentes, outre la croissance, l’ancien ministre des Finances n’a pas caché sa colère quant à l’hypothèse qui prévoit des prêts extérieurs à hauteur de 14 Milliards de dinars au titre de l’année 2024 : « Comment va-t-on lever ces montants et sur la base de quels accords? », s’est-il interrogé Dimassi.
Hassine Dimassi a dénoncé aussi le fait d’élaborer le PLF 2024 sur la base d’une hypothèse d’un prix de pétrole de 81 dollars le baril : «Il est largement loin même des prévisions des organisations internationales qui prévoient environ 87 Dollars le baril», a-t-il assuré, avant d’estimer qu’une différence d’un seul point coûtera à l’Etat une perte de 130 MDT. Imaginez alors une différence de 5 ou 6 points ? Cela va couter très cher à l’Etat. Des estimations non logiques et loin de la réalité ne peuvent qu’aggraver le déséquilibre des finances publiques», a-t-il estimé.
B.B.R.