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Hausse de 13,7 % pour la présidence de la République, 35,4% pour l’ARP, 22% pour les Affaires religieuses… Et baisse de 8,7% pour l’Industrie !
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La Tunisie moderne, progressiste et civile a fait échouer une islamisation rampante de la société
L’Assemblée des représentants du peuple (ARP) a finalement adopté, mardi en fin de journée, soit quelques heures seulement avant l’expiration du délai constitutionnel, la loi de finances 2020, dans sa totalité, avec 127 voix pour, 50 voix contre et 4 abstentions.
Place, donc dans les prochains, aux débats budgétaires. Et même si nous n’avons pas encore la totalité des chiffres, des fuites nous sont parvenues à propos de certains départements dont notamment les suivants :
Le budget de l’État pour 2020 prévoit, selon ces données, une augmentation de l’enveloppe allouée à la présidence de la République de 13,7%, un plus de 35,4% pour l’Assemblée des représentants du peuple, une hausse de l’ordre de 22% pour le département des Affaires religieuses… Par contre, une baisse de 8,7% serait imposée au ministère de l’Industrie !
Première remarque de taille à faire est cette hausse étonnante du budget de la présidence de la République dans le sens où Kaïs Saïed a toujours crié, haut et fort, son penchant pour la simplicité et les dépenses minimales, en témoignent les moins de deux mille dinars alloués, comme il se plaît à le répéter, pour sa campagne électorale à la présidentielle !!!
Plus encore, les membres de la garde rapprochée du chef de l’Etat ainsi que le chef du gouvernement sortant, Youssef Chahed ont parlé d’une action de contrôle des finances de la présidence de la République sous feu Béji Caïd Essebsi qui va être effectuée, ainsi que pour le département des Affaires étrangères.
Or si la hausse du budget de la présidence de la République est confirmée, cela prouve que Kaïs Saïed et son staff estiment que l’ancienne allocation est insuffisante. Et l’on se demande alors pourquoi ces suspicions si l’équipe actuelle en veut plus ?
Quant à l’augmentation qui serait décidée pour l’ARP, elle susciterait, certainement, des grincements de dents chez le commun des citoyens qui regarde avec grande colère le rendement et les scandales quotidiens sous la coupole du Palais du Bardo. Faut-il, en effet, augmenter les salaires des députés dont un bon nombre donne une image piteuse, sans oublier les absences et les retards.
Quant au plus de 22% accordé au ministère des Affaires religieuses, il est malvenu d’autant plus que l’existence même d’un tel département est anticonstitutionnelle, puis la Tunisie est un Etat civil et non religieux d’où la mise en place d’une simple direction serait largement suffisante pour gérer les affaires des mosquées et des imams.
D’ailleurs, dans les pays démocratiques, on n’y trouve pas ce type de ministère, mais avec le retour en force d’Ennahdha, une place accrue est e aux phénomènes islamistes avec un retour curieux et toléré des tentes de prédication, comme cela se passait en 2012 et 2013 lorsque le pouvoir était entre les mains de la Troïka, outrageusement dominée par Ennahdha.
Des analystes estiment, à juste titre, que la proposition soutenue par le parti d’Ennahdha de la création du fonds de la Zakat entre dans ce cadre d’une islamisation rampante de la société tunisienne, puisque la Zakat constitue un des cinq piliers de l’Islam.
Mais les Rached Ghannouchi, Noureddine Bhiri et Seifeddine Makhlouf en ont eu pour leur frais malgré le forcing affiché pour y parvenir, puisqu’une forte majorité des élus ont prouvé qu’ils tiennent à leur Tunisie moderne, progressiste et civile.
Et tant qu’on y est, on se félicite de l’opposition farouche contre la création du fonds El Karama pour payer des compensations, un principe cher aux islamistes d’Ennahdha et à leurs disciples d’El Karama qui se chargent d’accomplir les tâches « agressives et musclées ».
En tout état de cause, les progressistes et les démocrates ont réussi à marquer des points et éviter à la patrie un retour à des pratiques moyenâgeuses, mais la vigilance demeure de mise pour que la Tunisie demeure un phare et un modèle pour le maintien du processus démocratique et respectueux pour les libertés et le respect des droits de l’Homme.
Noureddine HLAOUI