Par Fethi Houidi
Notre journal s’est permis de reprendre le texte rendu public par notre ami, ancien ministre et homme de média, Fethi Houidi sur sa page Facebook et dans lequel il a rendu un vibrant homme à Hamadi Agrebi :
« J’ai connu et admiré Hamadi Agrebi, comme des millions de fans et suivi nombre de ses prestations (je devrais dire de ses récitals s’agissant d’un virtuose).
En football comme en d’autres domaines, il y a les artisans, les artistes et, beaucoup plus rares, les génies, ceux qui ont le don de vous surprendre. Parce qu’ils sont les créateurs de l’inattendu et du sublime… dans l’instantané et le fugace. À mes yeux, Agrebi est de ceux-là.
Je me suis toujours demandé ce qu’aurait été le parcours de ce surdoué au sein d’une équipe de club comme le Réal ou le Barça ou d’une équipe nationale comme le Brésil ou l’Argentine.
Placé dès le départ dans l’environnement de vie et les conditions drastiques de préparation de ces formations prestigieuses, nul doute qu’il aurait rivalisé (c’est mon avis et je l’assume) avec un Zico (gratifié, à l’époque, du titre de Pelé blanc) un Zidane ou un Ronaldinho.
Mais cet enfant de la balle, ce pur diamant à la face d’ange n’aura pas trouvé, dès sa plus tendre jeunesse, le cadre idéal, technique, culturel et social, susceptible de ciseler son talent pour en obtenir le mélange détonnant de force, d’endurance, de vision circulaire et de créativité fulgurante qui a favorisé l’éclosion de certains des plus grands footballeurs de ces quarante dernières années. En somme il avait l’inné et n’a pu, malgré lui, que très peu l’enrichir par un acquis qui l’aurait propulsé vers une autre dimension à la mesure de son énorme et extravagant potentiel.
Un jour, répondant à la question de savoir ce qu’il pensait du jeu de Agrebi qu’il a eu maintes fois l’occasion de rencontrer sur un terrain, Othman Jenayeh, ancien capitaine puis président de l’Etoile Sportive du Sahel me confia : » Quand il s’emparait du ballon, on s’arrêtait d’un coup pour découvrir ce qu’il allait en faire, quel geste magique il allait encore nous sortir. » Témoignage autorisé et admiratif d’un grand connaisseur !
Et puis il y avait l’homme, peu séparable du footballeur, d’une grande générosité mais aussi réservé, introverti, taiseux, quelque peu dilettante, dont la pudeur, la timidité, la sensibilité, la retenue et la discrétion se sont toujours abritées derrière une affabilité et un sourire immuables.
Peu de sportifs Tunisiens ont fait l’unanimité et suscité le respect général autant que Hammadi Agrebi, tant au plan footballistique qu’au plan humain. Peu de sportifs ont disparu en provoquant autant de regret et d’émotion. Hamadi Agrebi a gagné assurément qu’un hommage digne et mérité soit rendu à cette personnalité si attachante pour son exemplarité.
Qu’Allah Tout-Puissant l’accueille en Son infinie Miséricorde. »