TUNIS – UNIVERSNEWS Ibrahim Debache, président-directeur général d’Ennakl Automobiles, revient sur l’impact de la guerre en Ukraine sur les importations des véhicules en 2022, ainsi que sur l’augmentation de prix des voitures en Tunisie. Interview.
Présentez-nous les chiffres clés enregistrés par Ennakl Automobiles au premier trimestre 2022.
De prime abord, je vais revenir sur 2021 qui a été une année qui nous a permis de retrouver notre niveau d’avant la crise Covid-19, celui de 2019. Cette année qui a connu une progression de plus de 60 000 immatriculations par rapport au recul continu du marché et au blocage des importations pendant la période de confinement.
Dans ce cadre, Ennakl a assuré la place de leader du marché des importateurs. Parce que nous sommes un concessionnaire multimarques, nous avons pu connaitre une progression de part du marché pour atteindre plus de 13% en 2021.
En ce qui concerne les premiers mois de l’année 2022, le marché se maintient par rapport à l’année précédente. Par contre, par rapport à Ennakl et en comparaison avec d’autres constructeurs européens, on constate un léger recul des importations allant de 10 à 15%, notamment, et ce, notamment pour les voitures populaires et certaines catégories premium, compte tenu du manque d’approvisionnement en voitures.
Vous êtes le 1er importateur des véhicules neufs en Tunisie. Y-a-t-il un impact de la guerre en Ukraine sur ce positionnement ?
En 2021, nous avons pu assurer notre place de leader sur le marché parce que, comme je l’ai déjà dit, nous sommes un concessionnaire multimarques. D’ailleurs, nous avons constaté qu’au-delà de leadership de Volkswagen, nous avons enregistré une forte de croissance du volume des ventes de la marque Seat avec plus de 3000 immatriculations en 2021, et de la marque Škoda avec plus de 1200 immatriculations.
En fait, le couronnement de ces efforts et l’avènement de ces marques sur le marché, nous a permis de maintenir notre place de leader.
Mais aujourd’hui la problématique n’est plus une problématique de demande mais plutôt d’offre, notamment, de l’approvisionnement. Cela a commencé avec les effets négatifs de la crise Covid-19 ayant entrainé des difficultés d’approvisionnement de certains composants automobiles. Il y a eu aussi une augmentation des prix de matières premières et des prix de transport et de la logistique, et par conséquent, une augmentation des prix d’importation qui est un phénomène international et ne concerne pas uniquement la Tunisie.
S’ajoute à cela la guerre entre l’Ukraine et la Russie. Sachant que ’Ukraine est un pays stratégique en termes d’approvisionnement en composants automobiles, et l’impact de cette guerre a provoqué des arrêts des sites et des reports de production.
Le confinement à Shangaï a aussi provoqué des arrêts des importations à l’entrée de son Port. Nous avons donc constaté que les constructeurs sont gravement impactés par ces différents phénomènes. Et nous espérons que cette situation va s’améliorer au cours du deuxième semestre de l’année 2022.
Donnez-nous un aperçu sur le programme général des importations pour 2022.
Notre premier souci est de pouvoir approvisionner le marché de la manière la plus régulière possible par rapport à la demande qui reste importante.
Aujourd’hui nous sommes 36 concessionnaires représentants de 56 marques. Cette année et pour la première fois, nous avons eu l’unanimité dans les décisions prises et les propositions émises par la Chambre syndicale des concessionnaires automobiles.
En ce qui concerne la répartition des quotas, nous avons proposé au ministère du Commerce de repartir sur le même volume des importations de 2021.
Nous avons également émis des propositions pour satisfaire les concessionnaires les plus performants. L’idée étant d’avoir une dynamique du marché qui répond à l’évolution de la demande. Et nous avons essayé, en effet, de proposer au ministère une re-répartition en interne des volumes non utilisés de certains concessionnaires vers d’autres qui sont plus performants.
En parallèle, nous avons essayé de dresser des propositions pour que la régulation du marché évolue en conséquence de l’évolution du marché. En ce sens, on parle de plus en plus de mobilité électrique. Donc il est important d’accompagner cet avènement de mobilité électrique qui devient incontournable. On sait d’ailleurs que certains constructeurs annoncent qu’à partir de 2030, il n’y aura plus de voitures à moteur thermique. Il faut donc être prêt parce que 2030 c’est demain.
A cet égard, nous étions très satisfaits que dans la loi des finances 2022, certaines décisions ont été prises pour contribuer au développement de ce segment du marché, à travers essentiellement la taxation sur les voitures électriques qui est passée à 0%. Également, au niveau des voitures hybrides il y a eu un abattement qui est passé de 30 à 50% des taxations sur les droits de consommation en vigueur.
S’ajoute à cela notre proposition relative aux voitures électriques pour qu’elles ne soient plus considérées dans les quotas dans le but d’encourager les concessionnaires à importer ce type de véhicules. A ce titre, on a eu l’approbation du ministère du Commerce. Il s’agit d’un bon signe démontrant la volonté de l’Etat d’opter pour ces véhicules moins polluants et qui constituent l’avenir de l’automobile dans les prochaines années.
Nous avons également émis d’autres propositions pour accompagner les assembleurs des voitures, qui connaissent des difficultés d’approvisionnement et du coût de transport, pour qu’ils puissent bénéficier d’importation de voitures construites pour garantir la pérennité de leurs usines et préserver les postes d’emploi.
Pour l’approbation de cette batterie de propositions, nous sommes aujourd’hui à l’attente de revoir la ministre du Commerce.
Quelles sont les raisons de l’augmentation de prix des voitures en Tunisie ?
D’après les informations qui nous a été transmises par les constructeurs avant la guerre en Ukraine, l’augmentation de prix des voitures va varier entre 3 et 7 %.
Mais cette guerre a rendu l’approvisionnement de certains composants automobiles de plus en plus compliqué, et a provoqué des reports de production, des révisions de tarifs et des augmentations de prix des matières premières.
Face à cette situation, on espère pouvoir maintenir les prix de voitures en Tunisie.
Ennakl – Volkswagen figure à la 3ème position du « Meilleur Service Après-Vente en Tunisie pour 2022 ». Quelle est votre démarche ?
Nous sommes une société de services. Donc nous mesurons la satisfaction client par des enquêtes de satisfaction systématiques à chaque transaction, soit lors d’une livraison des voitures neuves, soit lors d’un passage dans nos services après-vente. A partir de ces enquêtes, nous déployons des plans d’actions pour pouvoir améliorer, selon les demandes des clients, nos services. Et nous avons des équipes qui sont dédiées à travailler sur cette satisfaction client.
Il faut savoir que la clientèle tunisienne est exigeante, ce qui est normal. Le client a le droit d’voir un service à la hauteur de l’investissement réalisé pour l’achat de sa voiture. Pour nous, la satisfaction client est un élément majeur et prioritaire de notre stratégie.