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Il était bâtisseur, réformateur et homme d’Etat et d’institutions
La Tunisie célèbre, aujourd’hui lundi 25 janvier 2021, la 28ème commémoration du décès de Hédi Nouira, militant et compagnon d’Habib Bourguiba dans le cadre du mouvement de libération contre le protectorat français.
Né le 5 avril 1911 à Monastir et décédé le 25 janvier 1993 à La Marsa, Hédi Nouira fut le 4ème Premier ministre tunisien
Issu d’une famille aisée de Monastir, il suit ses études secondaires à Sousse. Il résidera brièvement à Paris où il passe son baccalauréat en 1931.
En 1934, il assiste à la création de la première cellule du Néo-Destour en présence d’Habib Bourguiba, alors membre du comité exécutif. Il en devient un militant actif tout en suivant une ligne libérale.
Il se réinstalle ensuite en France, où il suit des études de droit. Il poursuit dans le même temps son parcours militant en créant le Comité de défense des libertés en Tunisie dont il devient le secrétaire général.
C’est à partir de 1949 qu’il consolide son statut à l’étranger en devenant l’interlocuteur privilégié de la plupart des membres du Parti socialiste français et du Mouvement républicain populaire.
En avril 1952, il est exilé dans le sud tunisien puis assigné à résidence en 1953, pour avoir refusé de prendre part au gouvernement de Slaheddine Baccouche, une affaire marque son parcours.
Il rédigera nombre d’articles pendant les quatre années suivantes, principalement dans « Mission », un hebdomadaire qu’il crée et dont il devient l’éditorialiste attitré.
Après sa libération, il deviendra ministre du Commerce dans le gouvernement de Tahar Ben Ammar en août 1954. Bourguiba lui confie ensuite le nouveau ministère des Finances, puis la mission de créer et structurer la Banque centrale de Tunisie qu’il dirige de sa fondation en 1958 à 1970. Il fait partie du comité exécutif du Néo-Destour durant cette période.
En 1970, Bourguiba juge que le gouvernement de Béhi Ladgham est statique et conciliant par rapport à la politique de collectivisation menée par le ministre Ahmed Ben Salah. Voulant donner un nouvel élan pour accélérer la mutation du pays et le sortir de la doctrine socialiste et panarabe de Ben Salah, Bourguiba nomme Hédi Nouira Premier ministre le 2 novembre 1970 et le charge de réformer l’économie nationale.
Dix ans durant, Nouira reste en poste, renforcé par l’embellie économique et le progrès social, bien que de grandes crises secouent la Tunisie : le congrès du Néo-Destour à Monastir en 1971, la crise au sein de l’université et les émeutes du 26 janvier 1978.
Des crises de pouvoir où l’Union générale tunisienne du travail et son leader Habib Achour, qui appuie dans un premier temps Nouira au sein du parti, jouent un rôle majeur.
Le 23 avril 1980, Nouira quitte définitivement la vie politique, officiellement pour raison de santé, après l’échec du projet d’union entre la Tunisie et la Libye et l’attaque d’un commando sur la ville de Gafsa.
Partisan d’une politique économique libérale encourageant l’initiative privée et l’économie de marché, Nouira est un réformateur qui privilégie l’idée de la liberté, plus qu’un gestionnaire.
Hédi Nouira s’est rendu « célèbre » avec la loi 72 qui offrait un cadre juridique aux entreprises de confection européennes pour leur permettre de s’implanter en Tunisie.
Nouira a mis en place le FOPRODI pour contourner le circuit bancaire lourd. Plus encore, pour assouplir les lourdeurs administratives, il a mis en place le guichet unique qui était une spécificité tunisienne
Hédi Nouira était connu pour sa rigueur dans la gestion des affaires financières de l’Etat tout en accordant aux travailleurs des avantages sociaux et en décrétant la globalisation de la retraite dans le secteur privé avec une augmentation du SMIG et du SMAG
En l’espace de trois ans seulement, les initiatives prises par Hédi Nouira ont permis de faire sortir la Tunisie d’une crise socioéconomique sans précédent. Lui, qui avait créé la Banque centrale, développé la politique monétaire tunisienne et valorisé le dinar tunisien en tant que gouverneur et ministre des Finances, a continué son œuvre de bâtisseur.
Il a encouragé l’initiative privée et ancré la culture du travail. Il a mis les premiers jalons pour l’industrialisation de la Tunisie, à l’époque, chasse gardée du secteur public. Hédi Nouira a aussi été à l’origine de l’implantation des maisons de jeunes et des maisons de culture sur le territoire national. De son temps, la Tunisie était un vrai modèle de développement et affichait une forte croissance
N.H