TUNIS – UNIVERSNEWS (SEF – KRIMI Khemaïes) – Comme par enchantement, à la veille de l’élection présidentielle prévue pour le 6 octobre 2024, les équipementiers automobiles offshore implantés en Tunisie multiplient, ces derniers temps, les opérations de réinvestissement dans les extensions de leurs usines.
Ce sont les câbleurs japonais qui sont les plus entreprenants. Ainsi, le groupe Sumitomo Electric Bordnetze Tunisia, société offshore spécialisée dans la fabrication des faisceaux électriques pour l’industrie automobile allemande, vient d’acquérir 10 hectares de terres domaniales pour l’extension de son usine dans la zone industrielle Ertiyah 2 à Jendouba.
Les Japonais sont les plus entreprenants
Cette nouvelle unité, la plus grande unité du groupe en Tunisie d’après FIPA, va mobiliser un investissement de 91 millions de dinars, disposera d’une superficie couverte de 5 hectares et sera spécialisée dans la production de faisceaux de câbles pour les voitures électriques de marque Mercedes.
Il s’agit de la 2ème usine du groupe japonais à Jendouba et de la troisième en Tunisie. Cette dernière est localisée dans la zone industrielle d’el Feja (ouest de Tunis).
De son côté, la société offshore japonaise, Sumitomo Electric Wiring Systems Europe Tunisie, spécialisée dans les câblages électriques et composants électroniques destinés aux plus grands constructeurs automobiles vient d’informer l’Instance tunisienne de l’Investissement (TIA), de son projet d’accroitre ses investissements en Tunisie avec un objectif d’atteindre 5000 emplois d’ici 2027.
Le plan de la société, d’après TIA, est de procéder, dans une première phase à une extension de son premier site à la technopole de Monastir employant plus de 2400 personnes, et à la création de 500 nouveaux emplois.
Les Allemands se distinguent par la qualité de leur réinvestissement
Les équipementiers allemands viennent en seconde position. La société allemande offshore Kromberg & Schubert, implantée à Béja, a annoncé l’extension de son usine. La nouvelle unité devra créer selon les responsables de la société quelque 2500 nouveaux emplois.
Implantée depuis 2008 dans le gouvernorat de Béja, l’usine Kromberg & Schubert figure parmi les grandes entreprises étrangères dans la région où elle fournit actuellement 4 mille emplois.
C’est toutefois, l’équipementier Dräxlmaier, employeur de10 mille personnes dans cinq usines en Tunisie, qui se fait le plus remarquer en raison de la grande qualité des emplois qu’il va créer.
Le groupe vient de créer un centre de recherche et d’innovation dans le pôle technologique de Sousse, avec un investissement de 100 millions de dinars (MDT). Ce centre, qui devrait générer 1000 emplois pour des ingénieurs et des jeunes diplômés, est destiné à renforcer la compétitivité du secteur aux niveaux national et international.
Les Américains sont aussi de la partie
Les équipementiers américains, à leur tour, font confiance au site Tunisie et y réinvestissent. L’équipementier “VISTEON”, spécialisé dans la conception et la fabrication de systèmes de climatisation, d’éclairage et de composants électroniques pour automobiles ainsi que des solutions de connectivité intelligentes pour le cockpit numérique, a décidé d’agrandir son site de production en Tunisie et la création d’un nouveau TECH Centre spécialisé dans les technologies de design intérieur, la cybersécurité et les voitures connectées.
L’entreprise prévoit d’intégrer la technologie avancée d’injection de magnésium au sein de son site tunisien, avec un investissement supplémentaire de plus de 30 MDT à même de le transformer en un site intégré de référence.
Par ailleurs, “VISTEON” envisage la création d’un nouveau TECH Centre «dédié aux technologies de pointe pour le secteur automobile», ce qui permettra «de générer 350 emplois d’ingénieurs d’ici 2026″.
Ces extensions ne manquent pas d’enjeux
Abstraction faite de l’apport en devises que ces réinvestissements vont générer, ces extensions revêtent une importance stratégique majeure. Et pour cause. Ces extensions vont améliorer les qualifications des employés de l’offshore.
Est-il besoin de rappeler que dans un récent rapport, l’Organisation de coopération et de développement économique (OCDE) a fortement critiqué le rendement de l’offshore en Tunisie lequel aurait montré ses limites. Ces dernières sont perceptibles selon l’OCDE à travers deux paramètres : la faible valeur ajoutée de ses exportations qui sont pourtant importantes et l’incapacité du secteur de créer des emplois pour les jeunes hautement qualifiés.
Autre limite relevée par le rapport de l’OCDE, le peu de qualification de la main d’œuvre embauchée « la contribution des IDE à la création d’emplois est certes importante et l’une des plus élevées de la région Mena, mais elle se limite aux emplois peu qualifiés », relève le document d’évaluation de l’OCDE.
C’est pour dire que ces nouveaux réinvestissements répondent parfaitement aux nouveaux déterminants de l’IDE de nos jours. Au nombre de ceux-ci, figurent une main-d’œuvre à qualification numérisée, une production respectueuse de l’environnement et de la sécurisation des chaînes d’approvisionnement et la disponibilité de sites de production de proximité (nearshoring).