TUNIS – UNIVERSNEWS (SEF – MS) – Les vacanciers tunisiens sont à la recherche des plus belles opportunités pour séjourner au meilleur moment, au meilleur prix. Comme chaque année, le scénario estival se répète. Les Tunisiens se plaignent des prix exorbitants de certains hôtels par rapport à leurs prestations Toutes les villes sont concernées mais la palme de la cherté revient à Hammamet, Sousse et Djerba qui détiennent les trois places du podium des prix exorbitants des nuitées, parfois dans des hôtels qui n’ont dès 4 ou 5 étoiles que le nom. Dans l’hôtellerie, les prix évoluent de jour en jour. Il existe trois tarifs : un bas, un intermédiaire, et un élevé. Le client pense toujours que le prix le plus juste est au plus bas, mais l’hôtelier pense que c’est le prix intermédiaire. En revanche, il pratique un tarif élevé, car il y a une forte demande sur la période, et le professionnel devrait l’expliquer au client pour que ce soit mieux compris. L’augmentation moyenne devrait être dans une fourchette assez large entre 10 et 20%. Par la suite, cela dépend de la catégorie de l’hôtel: s’il est dans une zone à forte fréquentation touristique ou business, s’il comprend de la restauration ou pas. Ces prix, qui poussent la plupart des familles à revenu limité, de ne même pas envisager un week-end, surtout pas durant les deux mois de juillet et août. Cet été, il faut débourser en moyenne 200 dinars pour une nuit d’hôtel à Hammamet ou à Djerba. Des vacances dans des hôtels ? Pour Héla , c’est « non cet été» Elle a fait le compte : le séjour lui revient en moyenne à 5000 dinars pour une famille de quatre personnes.
Trésorerie et coûts d’exploitation
Le problème de l’offre touristique et de la hausse des prix en Tunisie revient à plusieurs facteurs selon un directeur d’hôtel à Hammamet « Il y a d’abord l’afflux des touristes pendant les mois de juillet-août, en particulier les Tunisiens résidents à l’étranger. Ce qui fait qu’il y a une concentration de touristes, si l’on rajoute le tourisme local et international », ajoute l’expert. Il est vrai que l’offre touristique est trop faible en Tunisie. On n’a pas beaucoup d’hôtels comparé à d’autres destinations. Les chiffres officiels du ministère du Tourisme parlent de 242.000 lits que compte l’hôtellerie tunisienne, 184.000 seulement ont été mis en exploitation, soit 76% ; ce qui représente les trois quarts de la capacité totale. Ce qui fait qu’on a une forte demande et une faible offre touristique, ce qui donne suite automatiquement à une hausse des prix ». Cette hausse des prix des nuits d’hôtel a permis aux hôteliers de compenser la hausse des charges d’exploitation en 2023, comme les prix de l’énergie, le coût de la main-d’œuvre… Ainsi, les niveaux de rentabilité ont progressé de 1 à 5 points selon les catégories, par rapport à 2019.
Le président de la Fédération Interprofessionnelle du Tourisme Tunisien (Fi2T), Houssam Ben Azouz, a souligné que les prix sont très élevés pour le pouvoir d’achat des Tunisiens. Il s’agit d’une tendance internationale notamment après la reprise du tourisme suite à deux années marquées par la crise pandémique. Lors de l’ouverture des réservations, qui a commencé très tôt, il y avait alors des tarifs très abordables grâce notamment à des ventes flash et des promotions alléchantes. Malheureusement, il relève que les Tunisiens s’y prennent pour la plupart à la dernière minute. Cela s’explique également que lors de l’ouverture des réservations et des prix abordables, il y avait la période de Ramadan et l’Aïd qui ne permettaient pas à ce moment-là de se projeter sur un projet de vacances », nous dit-il, tout en rappelant que les charges pour les hôteliers ont largement augmenté notamment en ce qui concerne la main d’œuvre, la consommation d’électricité, les produits alimentaires, les poussant à augmenter leurs tarifs. Mais ce créneau est à consolider car les Tunisiens ont été les vérifiables sauveteurs du tourisme national pendant les deux dernières années notamment. Ce marché domestique représente 89% par rapport aux différentes destinations. Cependant, la Tunisie est loin d’atteindre ce taux puisqu’il se situe entre 15% et 20%. 4 millions de nuitées sont réalisées par des Tunisiens. Cependant, ce chiffre doit être lu de manière relative car il n’inclut pas les touristes tunisiens qui séjournent dans les maisons d’hôtes, campings et autres hébergements alternatifs. Ce tourisme alternatif est un bon segment à développer ».
Ahmed Bettaïeb, Président de la Fédération Tunisienne des agences de voyages estime que « Le tunisien n’a pas cette tradition de réserver tôt car plus il prend le risque de retarder sa réservation pour l’été, plus le prix qu’il paiera sera élevé. Pourtant cette année, plusieurs agences ont fait beaucoup de promotion et d’early booking avec des tarifs moins chers. Il n’y a pas de distinction entre tunisien ou étranger. Par ailleurs, la plupart des étrangers passent par les agences de voyage qui proposent des packs plutôt intéressants, puisqu’il s’agit de tour-opérateurs qui louent des blocs de chambre », citant comme exemple une agence de voyages qui loue pour toute une année un hôtel de 200 chambres, et peut donc se permettre de baisser ses prix. Mais en Tunisie, on n’a pas cette culture de recourir aux agences de voyages. Pour nous c’est un intermédiaire qui va nous surfacturer pour le service, alors que ce n’est pas le cas la plupart du temps. Les prix affichés par certaines agences sont moins chers que dans les hôtels. Il faut avouer que les prix n’ont pas augmenté d’une façon excessive .10 0 20% en moyenne », dit-il
Le coût d’exploitation des hôtels a fortement augmenté et s’est répercuté sur les tarifs. Pour le Président de la FTAV, « l’inflation a impacté l’hôtellerie. La situation est encore plus compliquée en raison de la hausse importante des produits de consommation et du gasoil. La guerre en Ukraine, et ses conséquences sur le marché de l’énergie, touche l’hôtellerie, gourmande en électricité et en gaz. Les hôtels doivent mettre la climatisation l’été, cuisiner au gaz… Sans parler des services externalisés comme les blanchisseries qui sont aussi consommatrices d’énergie. Ceci sans oublier la hausse de la taxe de séjour dans les établissements d’hébergement touristique. Par exemple, dans les hôtels 4 et 5 étoiles, elle est de 12 dinars par personne et par nuit. Il faudra y ajouter aussi l’augmentation de la taxe CO2 »
La plateforme numérique boostera davantage le tourisme local
A propos du lancement d’une plateforme numérique, Ahmed Bettaïeb, a précisé que cette plateforme propose une gamme de produits touristiques à prix réduits en relation avec d’autres plateformes. Cette initiative, réalisée en collaboration avec le ministère du Tourisme ainsi que l’ensemble des acteurs professionnels du secteur, englobe divers services, tels que l’hébergement, l’hôtellerie, les maisons d’hôtes, les restaurants, ainsi que des activités touristiques, culturelles et sportives variées. Ce projet vise essentiellement le marché intérieur, avec pour objectif de fournir des tarifs avantageux, avec une qualité de service optimale.
Mais malgré la hausse des prix enregistrée cet été, il n’y a pas de quoi tirer l’alarme. La situation se normalise au gré des mois qui passent. Mais la tendance continuera-t-elle à la hausse ? Probablement pas. Lorsque l’enthousiasme pour les voyages se calmera et que les hôtels n’auront plus de problème de trésorerie, les prix reviendront à la normale. Peut-être pas cet été, mais lorsque la saison estivale laissera place à l’automne. Il suffit d’être patient et de réserver tôt !.