
Tunis, UNIVERSNEWS (SEF) – Dans la politique de la lutte contre la corruption, on compte sur les lanceurs d’alerte, surtout que trop de personnes profitent du fléau et que personne ne cherche à contrarier la politique du fait accompli… Toutefois, cette lutte fait, actuellement, des dégâts et des personnes en subissent les conséquences, en particulier les personnes animés du sens du patriotisme et de l’appartenance et qui ne veulent pas de l’argent sale… devenu monnaie courante, défendu bec et ongles par certains lèche-bottes.
Maintenant, avec une justice très lente, ce sont les lanceurs d’alerte qui sont persécutés, d’une manière inquiétante, alors que les corrompus continuent à se la couler douce et de profiter de la belle vie, avec l’argent public !!!
Des lanceurs d’alerte viennent de manifester, cette semaine, devant le Théâtre Municipal de Tunis pour dénoncer le harcèlement dont ils sont l’objet sur leurs lieux de travail après avoir présenté des dossiers qui révèlent l’existence de « corruption » et de « manipulations administratives ou financières ».
Ils appellent à faciliter la mise en place du cadre juridique permettant de les protéger et de rouvrir l’Instance nationale de lutte contre la corruption (INLUCC).
Mohamed Ali Ayari, dénonciateur d’acte de corruption administrative et syndicale au sein de la Société Tunisienne de Sidérurgique (El Fouladh), a indiqué que depuis 2016, année au cours de laquelle il a présenté des documents prouvant l’implication de responsables syndicaux et administratifs dans la corruption au sein de cette société, il n’a pas cessé de faire l’objet de harcèlement et d’intimidation en milieu de travail.
J’ai transmis de nombreux dossiers qui ont été pris en charge par le ministère public en 2023, a-t-il révélé. D’ailleurs, la justice a rendu de nombreux jugements et pris des décisions d’interdiction de voyage à l’encontre d’anciens responsables d’El Fouladh, et que d’autres dossiers sont actuellement en cours d’examen devant les tribunaux, a-t-il mentionné.
Le lanceur d’alerte a appelé le président de la République à envisager la possibilité de remettre à jour l’INLUCC afin d’encadrer et d’orienter les dénonciateurs et de protéger les dossiers susceptibles d’exploitation abusive, a-t-il dit.
Mohamed Ali Ayari a dévoilé que les lanceurs d’alerte détiennent d’autres dossiers de corruption, mais hésitent à les divulguer faute de confiance en leur administration respective.
« Nous sommes victimes d’accusations malveillantes, d’intimidations et de harcèlement allant jusqu’aux menaces de mort (…) cependant nous ne reculerons pas devant la dénonciation de la corruption, et nous continuerons à soutenir les efforts du pouvoir et du président de la République dans la lutte contre la corruption », a-t-il martelé.
Il a appelé à trouver des normes juridiques plus efficientes pour protéger les dénonciateurs et à revoir les lois y afférentes.
En effet, le cadre juridique pour le signalement de la corruption et la protection des dénonciateurs est la loi organique n°10 du 7 mars 2017 relative au signalement des faits de corruption et à la protection des lanceurs d’alerte. Celle-ci vise à fixer les procédures et modalités de signalement de la corruption et les mécanismes de protection des lanceurs d’alerte en vue de contribuer à consacrer les principes de transparence, d’intégrité, de redevabilité et de bonne gouvernance ainsi qu’à prévenir et à combattre la corruption dans les secteurs public et privé.
À noter que ce rassemblement de protestation s’inscrit dans la continuité des actions précédentes menées par les lanceurs d’alerte. Ces derniers avaient manifesté à de nombreuses reprises pour demander la mise en œuvre de la loi n° 10 de l’année 2017, de leur rendre justice et de les réintégrer immédiatement.