Face à un isolement international croissant, alors que la pression augmente sur Ankara avec les récentes sanctions américaines, le président turc Recep Tayyip Erdogan a exprimé vendredi son intention de renforcer les relations avec l’Egypte, si elles sont actuelles les contacts diplomatiques entre les deux pays aboutissent à des résultats positifs, a indiqué l’agence ANI.
De son coté, le ministre des Affaires étrangères Mevlut Cavusoglu, a déclaré, dans un entretien avec l’agence Anadolu : « Nous avons des contacts tant au niveau du renseignement qu’au niveau des ministères des Affaires étrangères avec l’Egypte. Des contacts au niveau diplomatique ont commencé ». Il s’est empressé d’ajouter que « le manque de confiance est normal » et a ajouté qu’aucune des deux parties n’avait, pour le moment, présenté de conditions préalables mais les négociations se poursuivent ».
Ces dernières années, les relations entre Le Caire et Ankara sont passées de très amicales à extrêmement tendues. Elles se sont morcelées en 2013, lorsque le président égyptien Mohammed Morsi, des Frères musulmans, chaleureusement soutenu par Erdogan, a été évincé lors d’un coup d’État par l’actuel président Abdel Fattah el-Sissi. Ce dernier avait immédiatement lancé une répression contre les Frères musulmans, provoquant la colère du président islamiste turque. Les deux présidents avaient alors échangé à plusieurs reprises des pics et les deux pays retiré leurs ambassadeurs respectifs.
Mu par une idéologie panislamiste expansionniste, Erdogan a perçu le renversement de Morsi comme un coup dur et a ouvertement exprimé son soutien aux Frères musulmans, incitant un porte-parole du ministère égyptien des Affaires étrangères à dire qu’Ankara tente d' »influencer l’opinion publique » et soutient » les réunions d’organisations qui cherchent à créer l’instabilité en Égypte. »
La Turquie et l’Égypte sont des acteurs politiquement et culturellement influents au Moyen-Orient, mais elles suivent des politiques étrangères opposées.
Comme le souligne Dr Mawa Maziad, du Centre Moshe Dayan pour les études sur le Moyen-Orient: « On assiste à la naissance d’une ligne de fracture régionale de concurrence énergétique en Méditerranée orientale, au Moyen-Orient et en Afrique du Nord. Deux réseaux d’alliances ont accentué cette rivalité: l’alliance panislamiste Turquie-Qatar et une seconde intégrnt l’Égypte, les Émirats arabes unis, l’Arabie saoudite et Bahreïn (également connu sous le nom de Quatuor arabe). Le Quatuor arabe a de plus en plus convergé sur des intérêts communs avec Israël, comme les Accords d’Abraham sont venus le prouver. Le Quatuor arabe et Israël partagent également des intérêts mutuels avec la Grèce, Chypre et la France, par opposition à ceux de la Turquie dans la région de la Méditerranée orientale. »
Comme l’Égypte est généralement reconnue comme un État arabe de premier plan, la Turquie s’est rendu compte que tant qu’Ankara ne renoue pas avec le Caire, ses relations avec la majeure partie du monde arabe risquent de languir et d’être improductives. Cela nuit de plus en plus au prestige d’Erdogan à l’intérieur du pays ainsi qu’à l’étranger.
Le ministre turc des Affaires étrangères, Mevlut Cavusoglu, a affirmé la semaine dernière que les contacts de haut niveau entre Ankara et le Caire avaient repris au niveau du renseignement et du ministère des Affaires étrangères. « Nos contacts au niveau diplomatique avaient commencé », a-t-il déclaré à l’agence de presse Anadolu.
Cependant, selon plusieurs médias égyptiens et arabes, un responsable du ministère égyptien des Affaires étrangères a démenti les allégations du gouvernement turc selon lesquelles il y aurait eu reprise et restauration des liens avec le Caire.
Un autre diplomate égyptien a déclaré au journal Al-Sharq que le Caire n’avait pas l’intention de négocier un accord maritime avec la Turquie à court terme, ajoutant que le Caire maintenait son rejet de l’accord maritime conclu entre Ankara et le gouvernement libyen d’accord national.
Il est évident que le gouvernement turc souhaite désormais restaurer les relations diplomatiques avec le Caire, mais Erdogan qui se présente comme le défenseur des musulmans du monde entier, hésite à dénoncer publiquement les Frères musulmans, un groupe désigné par le gouvernement égyptien comme une organisation terroriste.
De plus, la présence militaire de la Turquie en Libye et la posture anti-Sissi d’Erdogan demeurent des obstacles majeurs à l’amélioration des relations bilatérales.