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Entre les partis et les compétences, qui l’emportera ?
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Misant sur l’effet de surprise, Jemli aurait mis toute la classe politique et partisane devant le fait accompli !
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Les partis politique peuvent-ils risquer d’être court-circuités par Kaïs Saïed et son éventuel parti en gestation ?
On le disait manquant de personnalité et de charisme…Mais, tout d’un coup et d’un seul revers de main, Habib Jemli, chef du gouvernement chargé, a pris son courage à deux mains et a balayé les péripéties et les tractations de 40 jours, en annonçant la décision de former un gouvernement en son âme et conscience, un gouvernement sans les partis, mais un cabinet constitué uniquement de compétences indépendantes. « Parce que la Tunisie ne peut plus attendre !… », a-t-il indiqué, à juste titre en substance
En effet au lendemain de la décision des trois partis, Attayar, Echaâb et Tahya Tounès de ne pas participer au gouvernement, le chef du gouvernement chargé a fait le dos rond avant de prendre un virage à 180 degrés prenant de court tout le monde.
Et au moment où les chefs des partis faisaient assumer la responsabilité de l’impasse à Habib Jemli, ce dernier réfléchissait et faisait mûrir sa décision avant de l’annoncer publiquement lors d’une conférence de presse, tenue, en fin de cet après-midi du lundi 23 décembre 2019 à Dar Dhiafa à l’issue d’une brève encontre avec le président de la République en compagnie des chefs des quatre partis dont les trois « récalcitrants ».
Et d’après des sources dignes de foi, Habib Jemli aurait pris sa décision sans en informer personne pour garantir l’effet de surprise et mettre toutes les parties prenantes devant le fait accompli.
Après avoir dressé un bref exposé du contenu des diverses tractations depuis le 15 novembre dernier, plus particulièrement celles des trois derniers jours, le chef du gouvernement chargé a annoncé, sur un ton solennel après avoir bien fait jouer un petit moment de suspense, sa décision d’assumer pleinement ses responsabilités en formant, dans les tout prochains jours, un gouvernement de personnalités nationales, indépendantes et compétentes.
C’est donc en fin de compte, un retour à la formule d’un cabinet de technocrates en vue de se mettre à la tâche consistant à sauver le pays et à le remettre sur les rails de la croissance économique et de l’amélioration sensibles des conditions de vie des citoyens, non à la manière dont l’a fait Youssef Chahed qui s’évertue, pourtant, à évoquer un bilan positif qu’il a répété, dans les mêmes termes, à quatre ou cinq reprises en usant, à chaque fois, de la chaîne publique Al Wataniya 1 pour faire passer son interview préenregistrée.
Pour revenir à la décision de M. Jemli, même si de prime abord, elle semble risquée dans le sens où les élus des partis, pris de court, pourraient ne pas lui accorder la confiance requise. Mais là, eux aussi, n’en risquent pas moins gros puisqu’il y aurait alors recours aux élections législatives anticipées qui pourraient sonner le glas pour la plupart des partis qui sont loin de pouvoir remporter autant de sièges qu’en octobre 2019, surtout s’ils doivent affronter, probablement, un nouveau parti, celui de Kaïs Saïd !
Bien entendu, certaines mauvaises langues vont dire que la formule des compétences indépendantes ne serait, finalement, rien d’autre que celle prônée par le parti de Qalb Tounès. Mais une proposition valable et sensée reste comme telle quel qu’en soit son auteur.
En tout état de cause, une course contre la montre semble être engagée entre les partis politiques et Habib Jemli pour former le gouvernement et le voter avant de passer le témoin, le cas échéant, au président de la République qui pourrait sauter sur l’occasion pour couper l’herbe sous les pieds de tous et faire passer son projet, qualifié d’atypique et de porteur les gerbes d’une certaine anarchie. D’où la nécessité pour tous de se résoudre à la réalité : « la Tunisie ne peut plus attendre !… »
Noureddine HLAOUI