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Le président de la République dévoile son caractère coléreux et son tempérament dictatorial n’acceptant pas l’avis contraire
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Personne ne peut voir Saïed sans l’aval de Nadia Akacha. Le général Hamdi, Noureddine Erray et, plus récemment encore, Hichem Mechichi en savent quelque chose !…
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Saïed exige de Mechichi d’ignorer les partis… Saïed quémande aux partis de faire chuter Mechichi. Vous avez compris quelque chose ? Comble de la schizophrénie !
Les députés procèdent aujourd’hui même à la Chambre des représentants du peuple (ARP) au vote de confiance pour le nouveau gouvernement proposé par Hichem Mechichi. Ce sera le jour le plus long pour la Tunisie, pour les Tunisiennes et les Tunisiens ainsi que pour les diverses composantes politiques de la place au vu du suspense qui prévaut à l’issue des derniers événements.
Il faut dire que rien ne laissait entrevoir une atmosphère pareille. Malgré le forcing exercé par Mechichi en optant pour ce qu’on appelle le « passage en force », tout indiquait que le nouveau cabinet allait obtenir son visa parce que les députés ne pouvaient risquer leurs sièges et leur immunité parlementaire.
En effet, obéissant aux desiderata de Kaïs Saïed, M. Mechichi a accepté de provoquer le bras de fer, dès le départ, avec tous les partis politiques et à leur tête Ennahdha. « Ce sera un gouvernement formé de compétences nationales et indépendantes », a tranché Hichem Mechichi, ce qui a causé le courroux d’Ennahdha, d’Echaâb, de Tahya Tounès et, plus particulièrement d’Attayar qui n’arrivait à se faire à l’idée de quitter La Kasbah.
Mais, après avoir laissé passer l’orage, le chef du gouvernement chargé a réussi, tant bien que mal, à faire accepter son idée par les partis, enfin, résignés devant tant de détermination de M. Mechichi.
Puis, durant les dernières vingt quatre heures avec l’expiration du délai constitutionnel avant la présentation de la liste au président de la République, des signes de perturbations sont apparus avec l’enregistrement d’une succession de listes fuitées laissant entendre que des mains « étrangères » et pas du tout innocentes se sont mêlées à l’affaire.
Or, curieusement, ces mains appartenaient, essentiellement, au chef de l’Etat en personne, sa cheffe de cabinet, la toute puissante Nadia Akacha et le frère Naoufel Saïed. Et ces pédalages ont fini par donner lieu à des gaffes et à des situations cocasses dont celle des deux noms pour le seul portefeuille de l’Equipement et la nomination d’un malvoyant, Walid Zidi, au ministère des Affaires culturelles.
Ce dernier a été à l’origine d’un incident entre le président de la République et le chef du gouvernement chargé. En effet, Kaïs Saïed a fini par dévoiler sa vraie nature de ce que certains ont appelé un « petit dictateur ».
Après avoir juré qu’il ne sera jamais ministre, Walid Zidi a été mis à l’écart de l’équipe gouvernementale proposée suite à une annonce publique faite par Hichem Mechichi en personne devant les représentants des médias, ce qui lui a attiré les foudres, d’abord dans les coulisses, de Nadia Akacha et de Kaïs Saïed, ensuite d’une manière trop voyante et humiliante en recevant Walid Zidi, confirmé dans son poste.
Ainsi, le président de la République s’est immiscé dans des affaires qui ne le regardent pas dans le sens où la formation du gouvernement revient uniquement au chargé, à part bien entendu les postes des Affaires étrangères et de la Défense. Sans oublier que le même Saïed a imposé ses poulains dans les autres départements de souveraineté, en, l’occurrence ceux de la Justice et de l’Intérieur.
Et au moment où les mauvaises langues commençaient à jaser, tout le long du week-end passé, quant à un probable « jet de l’éponge » par Mechichi, le chef de l’Etat nous a sorti, lundi vers midi, de sa poche une « convocation » aux patrons des partis d’Ennahdha, d’Attayar, d’Echaâb et de Tahya Tounès.
Et même si le thème de cette réunion était un secret de polichinelle, les observateurs osaient espérer se tromper et que le chef de la magistrature suprême pouvait se raviser au dernier moment. Mais que nenni ! On n’arrive pas y croire. Le président de la République, qui a réclamé à Hichem Mechichi de constituer un cabinet sans les partis politiques, a demandé officiellement à ces mêmes partis de ne pas voter la confiance au même Mechichi !
Franchement, on aimerait bien connaître les spécificités du « cerveau » qui a mijoté un pareil scénario pour faire un revirement à 180 degrés : Demander à ceux qu’il a tout fait pour « virer », de chasser, à leur tour, le candidat qu’il leur avait imposé ! C’est trop compliqué à comprendre tellement c’est surréaliste !…
Les analystes s’interrogent comment et pourquoi Kaïs Saïed se comporte t-il d’une manière aussi incohérente ? D’abord parce que lui-même n’a aucune expérience de la gestion d’un Etat. Ensuite, parce qu’il na pas su s’entourer d’une équipe de conseillers chevronnés, chacun, dans son domaine.
Au contraire, on constate qu’il a une super-conseillère en la personne de Nadia Akacha, certes une juriste respectable, mais loin d’être une stratège pour gérer les affaires de tout un pays. Plus encore, ressemblant à son patron, elle agit d’une manière autoritaire dans le sens où elle a fait le vide autour d’elle et autour du Président.
Ainsi, aucune personne ne peut approcher Kaïs Saïed sans son autorisation préalable et son aval tout en veillant à briefer tous les postulants à une rencontre avec le chef de l’Etat. Le général Hamdi, Noureddine Erray, Abderraouf Betbaïeb et, plus récemment encore, Hichem Mechichi en savent quelque chose !…
Pour revenir à la gestion par le chef de l’Etat de la composition du gouvernement, certains parmi les présents avancent que Kaïs Saïed pourrait ne pas recevoir la nouvelle équipe gouvernementale, en cas d’obtention de la confiance, pour la cérémonie de prestation de serment. Ce qui constituerait une entorse grave à la Constitution. Il pourrait, également, inciter, indirectement, les ministres mis sur son compte à s’absenter lors du vote à l’ARP.
Cela paraît très peu probable, mais les observateurs s’attendent à tout de la part de Kaïs Saïed surtout que la situation veut, en l’absence de la Cour Constitutionnelle, que seule son interprétation des textes soit prise en compte alors qu’il existe d’autres sommités, autrement plus réputées et plus valables dont notamment le maestro des Constitutionnalistes, Sadok Belaïd, qui l’a souvent contredit en émettant des avis contraires à ceux avancés par le président de la République.
Il en est de même sur la toile où les appels sont de plus en plus nombreux pour soumettre Kaïs Saïed à un examen médical pour mieux cerner ses comportements, jugés « bizarres » lors de certaines manifestations. Plus précisément, ce dernier épisode dénotant un comportement coléreux et n’admettant aucune contrariété, aucun avis contraire au sien et aucune prise d’autre initiative que la sienne.
En tout état de cause, les politiciens, les juristes, les constitutionnalistes, les journalistes, les médecins ainsi que l’ensemble de l’opinion publique espèrent avoir une explication et une justification étayées avec des arguments plausibles à cette manie d’exiger, du chef du gouvernement chargé, la mise à l’écart des partis politiques avant de « quémander », auprès de ces mêmes partis, le refus de confiance à celui qu’il a forcé de les écarter !. Le comble de la schizophrénie !
Noureddine HLAOUI