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L’influence du présumé nouveau directeur du cabinet présidentiel est visible, voire encombrante
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Les décisions de limogeage des deux ministres de souveraineté étaient précédées par leur présentation de démission !
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Bourguiba et Ben Ali disaient : « on ne démissionne pas, mais on est limogé… ».
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Le peuple veut… des explications sur les dernières décisions et tractations de Kaïs Saïed…
La décision était en l’air depuis quelques jours. Depuis qu’Abderraouf Betbaïeb est apparu aux côtés du nouveau président de la République et dont on parle comme étant le directeur du cabinet présidentiel sans qu’aucun communiqué officiel ne soit publié pour annoncer la nouvelle nomination.
Cette décision est le limogeage de Khemaïs Jhinaoui de ses fonctions, même si d’après nos sources, le ministre des Affaires étrangères a déjà présenté sa démission, la publication d’une copie de sa démission par la Radio Jawhara Fm en est la preuve. Mais des tractations entre les deux présidences en auraient voulu autrement.
En effet, aux dernières nouvelles, étant en conflit ouvert avec M. Jhinaoui, le nouvel homme fort au Palais de Carthage aurait conseillé au chef de l’Etat d’annoncer plutôt le limogeage au lieu de la démission. Ce qui fut fait après que le chef du gouvernement « aurait monnayé en échange le départ de Zbidi ».
A ce propos, nous croyons savoir de source digne de foi, que M. Zbidi a été reçu ce matin même par le président de la République pour lui signifier que sa démission, présentée depuis le mois d’août 2019, tient toujours, mais qu’il lui a laissé entendre qu’il pouvait poursuivre sa mission. Il aurait même fustigé ceux qui avaient dénigré Abdelkrim Zbidi et sa famille.
Même si les décisions de limogeage sont du ressort des deux présidences, n’empêche que les circonstances les ayant entourées laissent sentir une odeur de tractations de coulisses fondées sur des considérations personnelles.
Surtout que le présumé directeur de cabinet présidentiel est connu dans les milieux proches du département des Affaires étrangères comme étant un revanchard, ses statuts et autres posts sur sa page officielle Facebook en témoignent. Même s’il les a effacés après que le contenu ait été étalé en grand public avec des messages très équivoques et ayant un caractère de diffamation et de dénigrement.
Ainsi et dès les premiers jours de son passage à Carthage, Kaïs Saïed confirme qu’il est sous grande influence de son ami intime, Abderraouf Betbaïeb qui, au vu du manque de connaissances des arcanes de la politique politicienne par son « patron », semble avoir une confiance aveugle de sa part et lui accorde une grande marge de manœuvre, voire la latitude de proposer et de décider de tout.
D’ailleurs, Kaïs Saïed, et même s’il n’est pas obligé de le faire, peut-il sortir au grand public pour donner les raisons du limogeage de M. Jhinaoui surtout que l’actuel gouvernement et ses ministres en ont encore pour quelque deux mois seulement. Donc, s’il a été remercié aussi précipitamment, c’est qu’il y a « le feu à la baraque »…
Ces deux faits nous rappellent ce que disaient Bourguiba et Ben Ali : « on ne démissionne pas, mais on est limogé… ».
Revenons, maintenant à la composition de la garde rapprochée du président de la République. Tout d’abord, aucune nomination n’a été annoncée officiellement. Et d’un !
Des personnes, sans aucune qualité assistent, aux différentes audiences – très nombreuses – accordées par le chef de l’Etat aux personnalités politiques tunisiennes et étrangères. Le tout sans la moindre justification. La goutte qui a fait déborder le vase est la présence de l’ambassadeur de Tunisie en Iran à l’entretien entre Kaïs Saïed et le ministre allemand des Affaires étrangères. Et de deux !
Là aussi, les zones d’ombre sont nombreuses. En quelle qualité cette présence ? Certains parlent de sa prochaine nomination en tant que ministre des Affaires étrangères. Or, une pareille nomination ne peut intervenir avant plusieurs mois. Bien sûr, les bonnes langues ne voient rien d’anormal à cela pour la simple raison que le président de la République peut faire assister qui il veut à ses audiences. Et comme rien n’interdit une telle pratique, cela revient à dire qu’elle est permise.
Mais les « mauvaises » langues évoquent une certaine relation entre Naoufel Saïed, frère de Kaïs Saïed, et les milieux proches du régime des mollahs iranien. D’autres indiquent que Ridha Mekki Lénine avait fait un long séjour au Bahreïn où il occupait des positions officielles dans les hautes sphères de ce Royaume du Golfe, sachant que le Bahreïn, à grande majotité chiîte, constitue le lieu de prédilection des ingérences iraniennes.
En tout état de cause, et en l’absence d’un vis-à-vis officiel chargé de la communication (on a parlé de Nizar Chaâri à ce poste) et d’un porte-parole officiel de la présidence de la République, tout semble flou et baigne dans l’opacité la plus totale.
Ce qui est clair, est que Kaïs Saïed n’est plus en période de rodage. Mais devrions-nous dire qu’il est entré de plain-pied dans l’arènepolitique où a-t-il mis les pieds dans le plat, dans le sens où il a réalisé un véritable marathon de consultations en vue de la formation du prochain gouvernement et pris des décisions de la plus haute importance sans mettre la manière et le protocole, sachant que certains parlent d’un éventuel vaste mouvement au sein de plusieurs corps de l’Armée nationale.
Transparence et clarté obligent, les Tunisiennes et les Tunisiens attendent, dans les plus brefs délais, qu’on leur dise toute la vérité sur ce qui se passe dans les couloirs du Palais de Carthage, car les dernières décisions sont d’une importance et d’une gravité extrême. Et le peuple ne veut plus qu’on le traite de mineur et pour rétablir la confiance, comme il l’avait promis, M. Saïed doit tout dire et, surtout, tout justifier au peuple tunisien qui l’a plébiscité pour gouverner lui-même et non pas par procuration via des personnes dont le peuple ne sait pas grand-chose à part leurs activités sur Facebook !…
Noureddine HLAOUI