- Nizar Chaâri a réuni 1500 jeunes, plusieurs jours durant dans 5 hôtels 5 étoiles à Yasmine Hammamet
- Nizar Yaïch bénéficiera de la base de données de l’autre Nizar, comprenant 15000 jeunes, pour concrétiser son projet de dialogue national
- Le rôle de Youssef Chahed et ses cartes à faire prévaloir…
- Plusieurs ramifications mènent à la piste chiite et iranienne. La grande énigme à élucider…
- Noureddine Tabboubi parle d’une bataille d’ordre confessionnel en Tunisie entre sunnites et chiites
Le début de semaine en cours a été marqué par de nombreux événements politiques de premier ordre avec, bien entendu, les inévitables tiraillements et autres regrettables incidents, plus particulièrement au sein de l’Assemblée des représentants du peuple où Ennahdha impose son diktat aux autres formations politiques.
Mais deux autres faits saillants sont venus marquer le paysage politique. On citera la tenue du méga-séminaire organisé par Tunivisions et son patron patenté, Nizar Chaâri qui a tenu à marquer la scène d’une manière spectaculaire.
En effet, lors de ce séminaire, organisé dans cinq hôtels de haut standing à Yasmine Hammamet, Nizar Chaâri a usé, à plusieurs reprises du terme «instant historique » qui nous rappelle curieusement la même locution, lancée à tout bout de champ par le président de la République, Kaïs Saïed, sans oublier le recours à un discours basé sur les exclamations courtes et la formule des « mots-clés » (data).
Nizar Chaâri use d’un discours avec un recours massif aux expressions trop « tendance » en anglais. Et même les intonations nous rappellent celles utilisées par les stars du show-biz américain qui ont l’art de haranguer la foule.
Le discours de Nizar Chaâri rejoint, en partie- du moins dans le contenu, mais non dans la manière- les tirades de Kaïs Saïed.
Dans un article précédent, en date du 21 octobre 2019 et à deux jours de l’investiture du nouveau chef d’Etat, nous avions intitulé, déjà : «Et si c’était Nizar Chaâri qui est l’architecte du phénomène Kaïs Saïed ?! »
Nous avions, même écrit que « Le directeur de Tunivisions a sillonné toute la république et récolté plus de 12 mille parrainages pour sa candidature à l’élection présidentielle, mais qui étaient destinées, en réalité à Kaïs Saïed puisqu’il s’était, finalement, désisté… probablement, en faveur de K.S ».
Ainsi, après avoir tant travaillé dans l’ombre, Nizar Chaâri monte au créneau dans l’habit d’un véritable leader qu’il veut charismatique, un peu à la manière de Justin Trudeau, le jeune leader canadien, séducteur et beau parleur comme lui.
On se rappelle que Nizar Chaâri, lors d’une interview accordée à Radio Diwan Fm le soir même des résultats du 1er tour de la présidentielle. Il s’y était dévoilé de la manière la plus claire en y étalant la fameuse théorie de la « Jeunesse veut » et de la « jeunesse n’accepte plus de tutelle ». Un peu ce qu’il continue de dire, mais d’une manière plus moderne et plus « in ».
Il faut dire qu’il était encore à l’ombre de l’homme le plus populaire, à l’époque. Lors de cette interview, Nizar Chaâri avait prononcé le nom de Kaïs Saïd des dizaines et des dizaines de fois, tout en criant haut et fort qu’il va voter pour lui au second tour ! Plus d’un an et demi après, Nizar Chaâri passe à un palier supérieur tout en maintenant les mêmes mots-clés ayant fait le succès de l’actuel locataire du Palais de Carthage.
On épiloguera, longtemps, sur l’ampleur de la mobilisation et les objectifs de Tunivisions et de son patron dans le sens où on s’interroge sur le pourquoi de telles grosses dépenses puisque de l’aveu même de Nizar Chaâri le dixième de sa base de données des jeunes, soit 1500 sur 15000 étaient présents audit séminaire et réunis pendant près de 5 jours dans cinq hôtels 5 Etoiles à Yasmine Hammamet. C’est dire que les dépenses devraient s’élever théoriquement à plus d’un million de dinars !
En ces mêmes moments, un autre fait saillant vient d’émerger, en l’occurrence l’apparition d’un autre « Nizar » en la personne de l’ancien ministre des Finances, Nizar Yaïch qui a présenté à Kaïs Saïed une initiative sous forme d’un dialogue national à lancer, principalement avec les jeunes en mode virtuel, c’est-à-dire via Internet.
Il ne faut pas perdre de vue, ici, la révélation faite par Mohamed Ammar d’Attayar évoquant l’éventualité de la nomination de Nizar Yaïch en tant que futur chef de gouvernement…
Or, selon des sources concordantes et des recoupements effectués, il se révèle que le projet dont parle Nizar Yaïch s’appuie sur les jeunes de la base de données annoncée par…Nizar Chaâri !
Cette manœuvre serait orchestrée, selon nos sources dignes de foi, par Youssef Chahed qui tient à jouer un rôle dans le proche avenir politique de la Tunisie, sachant qu’il disposerait de cartes et autres atouts qui n’ont rien à voir avec ses compétences, mais plutôt en relation avec les rapports qu’il entretenait avec Kaïs Saïed du temps qu’il était encore chef du gouvernement liquidant les affaires courantes.
D’autre part, les tractations dont on vient de révéler les tenants et aboutissants sont logiques et tiennent la route, mais une énigme persiste encore chez Kaïs Saïed et certains membres de son entourage. Il s’agit de la « donne chiîte iranienne » qu’on retrouve lors de certains recoupements.
En effet, de nombreuses voix évoquent les liens de Naoufel Saïed, frère influent du chef de l’Etat, avec les milieux chiites. Et d’un…
Ensuite, jusqu’à présent, personne ne comprend et n’arrive à expliquer, même parmi les membres de la première garde rapprochée du président de la République, pourquoi Kaïs Saïed a fait appel à notre ambassadeur à Téhéran, Tarek Bettaïeb, pour diriger le cabinet présidentiel avant de retourner à son poste en Iran.
Et fait étrange encore, le même Tarek Bettaïeb a été « récompensé », lors du dernier mouvement du corps diplomatique en octobre dernier, par sa nomination au poste d’ambassadeur le plus prisé, celui auprès de la Suisse à Berne ! Et de deux…
On n’oubliera pas le rôle joué par Ridha Mekki Chiheb, dit Lénine, présenté comme l’éminence grise et le chef d’orchestre de la campagne électorale de Saïed, et qui avait occupé un poste, plusieurs années durant, dans les cercles du pouvoir à Bahreïn, un pays du Golfe à majorité chiite. Et de trois…
Et on mentionnera, également, les relations rapprochées avant les élections de 2019, entre Nizar Chaâri (décidément) et un certain Tahar Hamrouni, originaire de Gabès et huissier de justice de son état, jouant le rôle de chef de file des chiites en Tunisie.
D’ailleurs, on parle de son séjour, lors de ladite campagne, dans un appartement luxueux dans le prestigieux quartier du Centre urbain nord, et de ses éventuels séjours dans des hôtels de standing de la capitale. Et de quatre…
Plus récemment encore, Noureddine Tabboubi, secrétaire général de l’UGTT, a déclaré, lors de la conférence des cadres de la santé de Tunis la capitale, tenue le 10 mars 2021, que notre pays est le théâtre d’une guerre larvée entre les services de renseignements étrangers, sans parler de l’existence d’une bataille idéologique et une autre d’ordre confessionnel entre sunnites et chiites. Et de cinq…
Pourquoi tous ces chemins qui mènent ou passent, d’une manière ou d’une autre, par les chiites et par Téhéran ? A creuser…
En attendant des clarifications de la part de Nizar Chaâri qui a promis de répondre à toutes les interrogations des représentants des médias, et que Nizar Yaïch explique davantage son initiative et son projet, l’on ne peut qu’émettre des hypothèses.
Mais des observateurs avertis, et au parfum des intentions du chef de l’Etat, indiquent que Kaïs Saïed est en train de peaufiner « son coup » grâce aux « deux Nizar » et sa stratégie consiste à mettre tous ses adversaires, au moment où ils n’y s’attendraient le moins, devant les faits accomplis. Lesquels ??!!!
Noureddine HLAOUI