TUNIS – UNIVERSNEWS – Intervenant dans le cadre de l’émission matinale de Radio Tunis chaine internationale « Le debriefing de RTCI », présentée par Inès Jlassi, ce jeudi 13 Octobre, Khaled Dabbabi, enseignant-chercheur en droit public et science politique a évoqué le sujet de l’amendement de la loi électorale que compte entreprendre le président de la République Kaïs Saïed. « Un droit sacré », relève celui-ci à seulement deux mois du scrutin.
« Non, selon les standards internationaux en la matière, on ne peut pas toucher à la loi électorale au cours de l’année de l’organisation des élections, souligne Dabbabi. Même les amendements premiers édictés au mois de septembre dernier vont à l’encontre de cette règle-là. L’autorité politique ne peut pas profiter de son pouvoir pour changer les règles du jeu politique et électoral de manière unilatérale et imprévisible. »
Dabbabi estime par ailleurs que la déclaration du président de la République qui appelle à une révision de cette loi représente tout simplement l’aveu d’un clair échec de celle-ci.
« Les experts de la société civile l’avaient déjà prévu, et cette décision risque d’aggraver la situation, prévient-il. Je ne vois pas comment ces amendements vont mettre fin à la manipulation. Au fond, la question qui se pose ne réside pas dans le volet des parrainages ou dans la logistique ou l’aspect procédural, mais plutôt dans le mode de scrutin uninominal qui est exceptionnel et qu’on ne retrouve que dans les systèmes anglo-saxons et dans les législatives en France. Personnellement, je suis contre un tel mode installé sans assurer un bon terrain capable de protéger les électeurs et leurs opinions, et par ricochet la démocratie. Passer brutalement et de manière rapide et précipitée à un tel mode de scrutin uninominal sans qu’il y ait le terrain favorable ressemble à un suicide politique. Bref, cela revient à dire que tout sera permis. Ces amendements visent à mettre fin à la manipulation des parrainages, et à l’altération du choix des électeurs, à en croire le président Saïed. Or, si les partis politiques, qui vont rationaliser le processus et servir d’intermédiaires indispensables de la vie publique sont affaiblis ou marginalisés, on ne peut pas éviter la manipulation. Mais, au bout du compte, on peut soupçonner que pareille marginalisation soit au fond voulue initialement par le chef de l’Etat, parce qu’on connait sa position vis-à-vis des partis politiques ».
Khaled Dabbabi invite enfin à opter pour un régime mixte de scrutin majoritaire et tout à la fois de proportionnelle capable d’assurer l’indispensable équilibre recherché de telle façon que le président de la République soit le miroir de la société, et qu’en même temps, on puisse obtenir ce précieux équilibre absent depuis 2014.
A.B.C.